Mons et ses dix-huit villages, un territoire de 520 000 habitants qui se veut inclusif, solidaire et riche de toutes ses ressources. © HATIM KAGHAT

Économie, écologie, énergie et participation citoyenne: Mons, une ville en transition(s)

Caroline Dunski Journaliste

Avec ses forces vives, économiques, politiques, citoyennes et scientifiques, la Cité du Doudou entame un parcours axé non sur la, mais sur les transitions. Elles sont diverses, intimement liées et visent à faire émerger un nouveau modèle de société. L’intelligence collective au service du changement. Pour le meilleur.

Dix ans après le lancement du projet de territoire Coeur du Hainaut 2025, Idea veut lui donner un second souffle. L’intercommunale hennuyère profite de la programmation des fonds structurels européens 2021-2027 pour élaborer une nouvelle dynamique prospective et stratégique. En mars dernier, quelques jours avant que le confinement soit décrété, elle entamait un processus d’intelligence collective rassemblant plus de quatre-vingts acteurs de divers horizons. L’ambition était, notamment, de donner une nouvelle impulsion au territoire, en répondant aux transitions économique, énergétique, numérique et environnementale.

Au cours des deux journées de travail, les participants au séminaire ont jeté un regard rétrospectif sur l’évolution du territoire pendant les trente dernières années. Ils ont constaté un manque de cohérence, d’image et d’attractivité territoriales, une gestation éparse de projets pourtant innovants, malgré la présence de savoir-faire, de talents, de forces vives et d’un réel capital de créativité. Et un déficit majeur du niveau de formation des jeunes, avec une inadéquation entre les demandes d’emploi et les qualifications.

A partir de ces constats, plusieurs grands enjeux ont été définis pour dessiner l’horizon 2050 du Coeur du Hainaut. Un territoire de près de 520.000 habitants qui dépasse largement Mons et ses dix-huit « villages » périphériques mais qui, comme cette ville de presque 96.000 habitants, entend bien entamer la transition. Ou plutôt les transitions, toutes inextricablement liées puisque si elles concernent l’énergie, l’économie, l’environnement et le numérique, elles impliquent également le citoyen.

Des puits forés a jailli une eau chaude qui, depuis, alimente un réseau de chauffage urbain.

« Jusqu’ici, note ainsi Caroline Decamps, directrice de l’intercommunale, les projets étaient développés en silos, sans véritables convergences pour bénéficier d’un effet de levier des différentes actions. La démarche prospective lancée au printemps vise l’émergence d’un territoire inclusif, solidaire et riche de toutes ses ressources. »

Pour le bourgmestre socialiste montois, Nicolas Martin, « se lancer dans un processus de transition, c’est rencontrer de nouveaux défis dans une société qui évolue dans sa manière de consommer, de se déplacer et dans sa façon de vivre en matière d’habitat, d’urbanisation et de consommation d’énergie. C’est aussi, sur le plan de la gouvernance, une façon de s’impliquer dans sa ville en tant que citoyen et en gérant de temps en temps des choses qui étaient auparavant assumées uniquement par les pouvoirs publics. C’est une révolution à bien des égards, qui passe également par une modification du tissu urbanistique. Ce qui est paradoxal, c’est que les gens évoluent dans leur façon de consommer mais ne mesurent pas les conséquences de cette évolution. Comme la disparition de commerces de proximité, par exemple. »

1. Transition économique : booster le commerce de proximité

Face à la rupture des habitudes des consommateurs et au développement, notamment, des achats en ligne, accentué par la crise sanitaire, la Ville oriente son action vers le soutien des petits commerces indépendants des centres de Mons et de Jemappes, ainsi que des commerces de proximité dans les communes du Grand Mons. Elle a créé différents outils pour l’aider à concrétiser son action. Le fonds d’impulsion, mis en place dès 2017 et ayant atteint son rythme de croisière, apporte une aide dégressive au loyer, pour laisser le temps au commerce de se faire connaître et de se constituer une clientèle.

Nicolas Martin, bourgmestre, se réjouit de quelques success stories. « Alors que nous n’avions plus de poissonnerie à Mons, voilà qu’il s’en est installé une dans le piétonnier en janvier, juste avant la crise de la Covid. Elle a connu un tel succès qu’après avoir ouvert des enseignes à Saint-Ghislain et à Ath, le gérant a créé une unité de conservation et de distribution dans le zoning de Ghlin. » Depuis début septembre, vingt-cinq à trente poissonneries et restaurants sont ainsi fournis en poissons frais du jour. Le bourgmestre souligne un renouveau assez significatif du tissu commercial montois avec l’ouverture d’une trentaine de magasins en deux ans.

La Ville veut booster le Ropi, sa monnaie locale.
La Ville veut booster le Ropi, sa monnaie locale.© HATIM KAGHAT

Maternité commerciale

Un autre outil que les autorités communales mettent en place est la « maternité commerciale », processus inverse du premier. Ainsi, la Ville a acquis une quinzaine de bâtiments délabrés en centre-ville avec l’objectif de les rénover pour y créer du logement à l’étage et proposer, au rez-de-chaussée, des baux commerciaux à des loyers inférieurs à ceux du marché. « Avec ces outils, on accompagne une transformation des habitudes de consommation en soutenant l’installation de commerces de proximité qui tendent à disparaître ou qui sont dans un créneau spécifique, comme le vrac, le bio ou encore les jeux de société. »

Autre mesure suscitée par la crise sanitaire pour soutenir le commerce local : la Ville veut booster le Ropi, sa monnaie locale, en en développant une version électronique que les citoyens pourront tester prochainement. Par ailleurs, pour redynamiser le quartier de la gare par la culture et la création, avec comptoir régional des créateurs, le bourgmestre souhaite permettre au tissu créatif et culturel local, en manque d’espaces de création, d’occuper des cellules vides.

2. Transition écologique : renforcer le maillage vert

Le budget communal consacre plusieurs centaines de milliers d’euros au renforcement du maillage vert via une verdurisation de la ville et de ses axes d’entrée. Il s’agit de planter des arbres et de réaménager des parcs pour répondre à des objectifs environnementaux et paysagers, mais également à des objectifs sociaux-récréatifs comme l’amélioration des parcours pour la mobilité douce.

Catherine Marneffe, échevine Ecolo de la Transition écologique, de la Biodiversité, de l’Energie-climat et des Marchés publics, évoque avec passion le « Green deal achats publics responsables », auquel la Ville a adhéré. « C’est un vrai outil de transition qui, pour chaque marché public des différents services communaux, intègre des clauses sociales et environnementales. Il cible cinq thématiques : les émissions de CO2, le zéro déchet, la biodiversité, les produits équitables et tout ce qui concerne la formation. C’est un énorme levier de transition vers une société plus équitable, écologique et éthique. Un agent administratif de la Ville a créé un outil informatique que chaque service peut utiliser au moment d’élaborer l’appel d’offres, en y insérant ces clauses. C’est hypertechnique, mais l’outil est formidable. Il ne suffit pas que les entreprises développent des innovations, il faut aussi que les pouvoirs publics les intègrent dans leurs cahiers de charges. »

3. Transition énergétique : doper les énergies renouvelables

La transition énergétique repose sur trois piliers : la production d’énergies renouvelables, l’efficience énergétique des bâtiments et le stockage des énergies.

La géothermie, fer de lance des énergies renouvelables

L’exploitation de la géothermie par Idea n’est pas récente. Dès le début des années 1980, l’intercommunale hennuyère a reçu les clés des trois puits creusés par l’Etat fédéral dans le cadre d’une prospection géologique réalisée avec le secret espoir de trouver une nappe pétrolière. Des puits forés jusqu’à 2.500 mètres a jailli une eau chaude qui, depuis, alimente un réseau de chauffage urbain 100 % géothermique, donc sans rejet de CO2. Ce réseau permet aujourd’hui de chauffer le hall sportif, la piscine et la gare de Saint-Ghislain, trois écoles, 350 logements sociaux et les hôpitaux du réseau Epicura, à Baudour et Hornu.

Pour Caroline Decamps, l’intercommunale, avant-gardiste, était alors déjà dans la transition énergétique avec, dans la région, une énergie fer de lance de toutes les énergies renouvelables classiques que sont l’éolien, le solaire et la biomasse : « Il y a une dizaine d’années, quand la transition énergétique a commencé à être au coeur des préoccupations, nous avons proposé le projet Géotherwal dans le cadre du Feder. C’était un plan ambitieux de dix puits géothermiques dans notre région. Un puits a été retenu. C’est un doublet géothermique par lequel l’eau chaude est prélevée à 73° dans la nappe à un endroit et réintroduite, après usage dans le réseau, à un autre endroit et à 30°, pour préserver la ressource, parce que nous considérons que c’est le premier puits d’une longue série et qu’il faudra éviter d’exploiter la nappe plus vite qu’elle ne se recharge. C’est un projet expérimental mené avec le service d’hydrogéologie de la faculté polytechnique de l’UMons. Le forage et l’exploitation de la ressource sont des éléments maîtrisés, mais comment va se comporter la nappe et quelle va être la puissance du débit à cet endroit-là, sont des éléments qui ne seront connus qu’au moment où on forera. C’est un projet Feder de la programmation actuelle. Tout doit donc être fini et dépensé en 2023. Et le forage du puits, qui alimentera l’hôpital Ambroise Paré et d’autres bâtiments à proximité en fonction de la puissance et du débit obtenus, doit être finalisé au printemps 2021. L’objectif est aussi de profiter du forage pour sensibiliser toute une génération, du maternel jusqu’au doctorant, dans les facultés scientifiques ou autres, mais aussi le commun des mortels. »

Le travail sur l’efficience énergétique des bâtiments est un vivier de relance économique.

En 2017, l’intercommunale inaugurait Geothermia, la première zone d’activités économiques belge exclusivement alimentée à l’énergie géothermique. Le bourgmestre Nicolas Martin souligne la difficulté de réussir à commercialiser le zoning, sur lequel aujourd’hui seule l’entreprise Façozinc est installée, sans gaspiller le terrain. « Il faut quand même que la ressource principale, qui est l’eau chaude en sous-sol, ait une réelle pertinence dans l’implantation économique qui sera faite à cet endroit-là. Il ne faut pas galvauder le terrain. »

Des communautés d’énergie renouvelable

La transition énergétique via la géothermie s’accompagne, pour le territoire du Coeur du Hainaut, de l’utilisation très ambitieuse d’autres énergies renouvelables. En 2018, le Gouvernement wallon lançait le projet Zelda (zonings à énergie locale durable) pour analyser la faisabilité de l’installation de communautés d’énergie renouvelable (CER), afin de permettre, dans certaines conditions, d’utiliser le réseau public pour une opération d’autoconsommation collective. Le principe d’une CER repose, à l’échelle d’un parc d’activités économiques, sur un partage d’énergie renouvelable entre des producteurs d’énergie verte produite localement, d’une part, et des entreprises consommatrices, d’autre part. Le dispositif de gestion intelligente des communautés énergétiques a été testé dans le parc d’activités économiques de Tournai Ouest par le département électricité de la Faculté polytechnique de l’UMons, avec la collaboration des gestionnaires de réseau (Ores et Resa). Plus tard, de telles CER, bénéfiques en termes de compétitivité des entreprises participantes, pourraient même se former à cheval sur des zonings d’activités économiques et des quartiers d’habitations.

Économie, écologie, énergie et participation citoyenne: Mons, une ville en transition(s)
© HATIM KAGHAT

Mais, comme le rappelle la directrice d’Idea, « il n’y a pas de meilleure énergie que celle qui n’est pas consommée ». Pour ce qui concerne l’efficience des bâtiments, l’intercommunale travaille avec les communes pour réduire la consommation des édifices communaux les plus énergivores, mais souhaite aussi étendre son action à l’ensemble des bâtiments publics et privés du territoire Coeur de Hainaut.

Avec les deux universités présentes à Mons et les centres de recherche que sont le Certech, situé à Seneffe et issu de l’UCLouvain, et Materia Nova, émanant de l’Umons, Idea travaille sur le stockage de l’énergie, notamment à travers l’hydrogène, et sur l’efficience énergétique des bâtiments. Des matériaux nouveaux, parfois issus de déchets, sont testés pour mieux isoler les bâtiments. C’est comme cela que se lient la transition économique et la transition énergétique, mais aussi sociale, comme le souligne la directrice d’Idea. « Le travail sur l’efficience énergétique des bâtiments est un vivier de relance économique, avec l’aspect d’inclusion essentiel. Tous ces métiers de rénovation et d’isolation de bâtiments doivent pouvoir faire appel à de la main-d’oeuvre, idéalement locale et formée à ces métiers. Puisqu’on est un territoire marqué par un taux de chômage important, surtout chez les jeunes, il sera intéressant de travailler avec les institutions de formation et les CPAS pour apprendre à toutes ces personnes laissées au bord du chemin des métiers qui vont porter la transition économique du territoire en parallèle de sa transition énergétique. »

Début septembre, en partenariat avec les Compagnons du tour de France et le cluster écoconstruction de Wallonie, l’Ifapme de Mons lançait une formation transfrontalière en écoconstruction. Au terme de celle-ci, cinq jeunes Français et cinq Belges seront des ouvriers polyvalents qui pourront travailler dans des entreprises intéressées par les nouvelles techniques de construction.

4. Transition citoyenne : lancer des appels à projets

Le Conseil communal réuni en juillet dernier a approuvé le lancement de la campagne Proximity, qui vise à soutenir la réalisation de projets portés par des citoyens ou des associations en faveur de la transition écologique et solidaire, afin de créer un écosystème au sein duquel chacun (citoyen, association, entreprise, commerçant, etc.) pourra s’engager selon ses moyens, sa disponibilité et ses envies. Après un « screening » opéré par la fondation Be Planet, la Ville et les entreprises pour identifier les secteurs de la transition dont le territoire montois a besoin, la commune lancera un appel à projets citoyens sur des thématiques adaptées à la réalité montoise : alimentation et agriculture durable, biodiversité, mobilité douce, énergie, sensibilisation/éducation à l’environnement, etc.

Il existe déjà un vrai terreau de transition montois citoyen, associatif ou communal.

Répondre à des besoins

Catherine Marneffe souligne qu’il « existe déjà un vrai terreau de transition montois citoyen, associatif ou communal : Jardin suspendu, Gourmandes de la procession (lire l’encadré), Régie agricole, Ecocentre Oasis (NDLR : écocentre de formation, d’apprentissage et de recherche en écologie appliquée), Co-Guest house, Ferme de la cour des dames, cimetières nature, Repair café, SEL… Il y a aussi le projet Interreg Bioss sur la biodiversité comme offre de service social, pour sensibiliser l’être humain à tous les bienfaits qu’apporte la biodiversité en matière de santé, de bien-être, de pollinisation. »

L’échevine en charge de la Transition poursuit : « En décembre 2019, nous avons lancé le Plan communal de développement de la nature (PCDN), qui constitue une démarche participative, avec trois projets : un à Spienne, un autre dans un petit square à Mons et le dernier à Havré. Les fiches ont été rédigées avec les citoyens. Ce sont des plantations de vergers ou de micropotagers en permaculture ou encore des hôtels à insectes pour que les espaces verts deviennent des espaces utiles. Ce ne sont pas des projets grandioses, mais ils répondent vraiment à des besoins. C’est très stimulant et intéressant. »

De son côté, dans les quartiers de logements publics qui abritent 10.000 habitants pour l’ensemble du Grand Mons, en collaboration avec la société immobilière sociale Toit et Moi, le bourgmestre voudrait créer une dynamique participative dans laquelle les habitants s’impliqueraient dans la définition de leur cadre de vie autour de leurs besoins prioritaires et l’entretien de leur quartier. Sur le modèle de Demain Mons, consultation citoyenne lancée en ligne en 2018 pour construire un projet de ville (Mons 2025), Nicolas Martin souhaite aussi que, village par village, les habitants puissent effectuer un diagnostic citoyen et s’exprimer sur leurs souhaits pour l’avenir de leur village.

Les Gourmandes de la Procession

Au chemin de la Procession, depuis le printemps 2019, une quinzaine de citoyens réunis sous le nom des Gourmandes de la Procession cultivent fleurs, fruits et légumes dans les serres et sur le terrain d’un pépiniériste ayant cessé ses activités quinze ans plus tôt. Les surplus de production sont vendus au profit des oeuvres du Kiwanis Mons-Hainaut. Michel Richez, président sortant du service club et à l’origine du projet, souligne que cela représente plusieurs milliers d’euros. « Toutes les personnes qui sont là se connaissaient et ont un lien d’amitié entre elles, confie Isabelle Cavenaille. Nous n’avons pas fait appel à l’extérieur, même si nous avons beaucoup de demandes de parcelles. Certains d’entre nous possèdent déjà un jardin à la maison, mais ce qui est attirant ici, c’est avant tout ces serres avec des bacs surélevés, les connaissances partagées de Michel Richez et de chacun, le plaisir d’être sur ce petit coin à l’écart de tout. »

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Mutualiser les eaux usées

A Tertre, sur le site de la cokerie Carcoke fermée en 1997, se tient aujourd’hui le seul écozoning de Wallonie. Il constitue un exemple de transversalité des transitions économique, environnementale et énergétique. Idea et les entreprises présentes y ont étudié vingt-cinq scénarios de valorisation de matières et de sous-produits. Elles ont aussi fait usage de Planisfer, opérateur ferroviaire de proximité qui, géré en complémentarité avec le transport fluvial, a permis de favoriser le développement des plateformes multimodales. Créé en 2016, il vise à mutualiser les flux entrants et sortants des entreprises tractés par une seule et même locomotive et a permis de remettre sur les rails l’équivalent de 250.000 camions. Vincent Burton, manager environnemental de l’entreprise Yara, qui fabrique des engrais et des produits azotés, confie que « l’initiative a renforcé la confiance des industries dans le réseau ferroviaire. »

L’économie circulaire repose sur deux piliers : l’économie de substitution, dans laquelle les déchets d’une entreprise peuvent devenir les ressources d’une autre entreprise, et l’économie de mutualisation. Ainsi, le carbone extrait du CO2 issu de l’activité de certaines industries est racheté par d’autres usines qui l’utilisent comme ressource. Les premières y gagnent parce qu’elles paient moins de pénalités en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre, tandis que les secondes obtiennent le carbone à un prix plus bas. L’entreprise Yara produit de la vapeur, de l’air comprimé et de l’électricité qui sont fournis à d’autres entreprises du site. « En vingt ans, Yara a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % », souligne Vincent Burton.

De janvier 2018 à janvier 2020, Idea et sept entreprises de l’écozoning ont testé une station d’épuration. Il s’agit de mutualiser le rejet de leurs effluents industriels en mélangeant les eaux basiques rejetées par les uns aux eaux acides des autres, ce qui permet de réaliser un gain économique et de réduire les besoins de mobilité. « C’est le cercle vertueux de l’économie circulaire », s’enthousiasme Caroline Decamps. « Pendant deux ans, nous avons effectué une simulation du traitement des eaux et fait vivre la station pilote en variant le débit et la concentration, explique Vincent Burton. La phase test a abouti, à dimensionner la future station d’épuration. On sait combien cela va coûter en investissements et en opérations. L’initiative d’Idea s’arrête là et c’est désormais aux industriels de concrétiser le projet. »

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Quand la transition passe par la culture… ou y conduit

En 2017, le festival Demain Mons Borinage est né à la Maison folie de la rencontre de Mars (Mons arts de la scène) et de six centres culturels du Borinage autour du film culte Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion. Pourtant, bien avant la sortie (en 2015) de ce documentaire qui a frappé les imaginaires, il existait à Mons une envie d’interroger la société et ses mutations à travers l’artistique.

« C’était déjà au coeur des projets de la Maison Folie à ses débuts, raconte Anne André, sa directrice. A l’origine du festival, il y eu un hors-série du Monde paru en octobre 2007, qui s’interrogeait sur notre avenir en 2020. En 2008, nous programmions la première édition d’un temps fort intitulé « Penser le futur. Scénarios pour demain » au cours duquel des artistes et des experts élaboraient une réflexion sur différentes thématiques. Des citoyens et des associations de la région s’y sont joints. On a parlé de la problématique des déchets, de scénarios pour l’après-pétrole, des transports de demain, avec notamment une exposition de Luc Schuiten, d’autres possibles entre « je » et « l’autre », avec Gwen Berrou, de l’étrangeté et du rapport à la normalité, avec Giuseppe Lonobile, du travail, avec une conférence de Bernard Stiegler et une création de Frédérique Lecomte, etc. Le cycle est resté en sommeil le temps de Mons 2015 et de son bilan. On aurait pu en rester là, puis il y a eu le film Demain. »

Toutes les énergies réunies à cette occasion sur un terrain déjà bien défriché ont poursuivi leur développement. En avril dernier, la quatrième édition de l’écofestival a pris une forme différente pour cause de crise sanitaire. « A la suite des différentes annulations, nous avons proposé aux artistes de partager avec nous leur ressenti par rapport au confinement. Nous avons ensuite diffusé leurs témoignages sur les réseaux, explique Marc Szczepanski, chargé de Communication digitale & Presse de Mars. Aux partenaires associatifs, nous avons également proposé d’animer des conférences en ligne sur les thématiques de leur choix. L’impact a été très positif, car la portée des vidéos a dépassé le cercle de nos spectateurs pour toucher des non-habitués des salles de spectacles. »

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