Bacs potagers en plein ciel, à Bruxelles. © SDP

Écologie : quand la ville a la main verte

Bastien Pechon Journaliste

L’agriculture urbaine, ça pousse ! En Belgique aussi, plusieurs sociétés se lancent dans ce nouvel eldorado. C’est notamment le cas de Green Surf, une nouvelle spin-off hébergée à l’ULg.

Le basilic est arrivé à maturité : ses larges feuilles sont prêtes à être cueillies. Plus loin, la menthe poivrée exhale la fraîcheur de son parfum. En fermant les paupières, on pourrait se croire dans une serre. En rouvrant les yeux, l’illusion se dissipe. Des murs blancs ont remplacé les vitres. Les plantes aromatiques sont disposées sur des étagères. Les lampes LED ont pris la place de la lumière naturelle.

 » C’est une étagère hydroponique. Les racines trempent dans l’eau. Il y a des cycles quatre à cinq fois par jour. Cela permet de cultiver toute l’année, chez soi « , explique Haïssam Jijakli, professeur en agriculture urbaine et en phytopathologie à l’ULg, à la tête de ce laboratoire aménagé sur le site universitaire de Gembloux. L’eau qui circule d’un étage à l’autre est gorgée de nutriments. Elle est produite à partir de matières organiques naturelles. L’étagère hydroponique sera industrialisée et commercialisée dans six mois par la spin-off Green Surf. Pour Haïssam Jijakli, c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail.

Son équipe a aussi conçu des bacs potagers pour cultiver des plantes en pleine terre sur les toits des immeubles. Ils sont dotés d’un arrosage automatique et possèdent suffisamment de réserves pour permettre aux plantes de résister à plus de trois semaines de sécheresse. Green Surf va aussi accompagner des promoteurs immobiliers.

A l’extérieur du laboratoire, un conteneur gris renferme plusieurs bacs à poissons. En période hivernale, les bassins sont vides. Lorsque le système fonctionne, l’élevage entre en parfaite symbiose avec la culture de plantes. Grâce aux déjections, l’eau se gorge de nutriments et alimente les légumes alignés dans la serre installée au-dessus du conteneur. Elle repart ensuite vers les bassins.

Ecosystème

D’autres entrepreneurs visent les particuliers. C’est notamment le cas d’Edouard Libion. Son Agrome Alpha ressemble à une petite armoire. A l’intérieur, les plantes grandissent grâce à de petites lampes LED et une solution gorgée de nutriments.  » Nous avons cultivé des tomates, du basilic et de la menthe. Nous sommes maintenant en train de faire pousser des fraises, des piments et des poivrons « , s’enthousiasme Edouard Libion. Mais cette boîte noire n’est pas une avancée en soi. La réelle innovation, c’est sa connectivité. Grâce à Internet, il est possible de régler les paramètres de la serre en fonction de la graine que l’on souhaite faire germer. Il est même possible d’accélérer ou de ralentir la croissance de la plante.

En produisant localement une grande partie de ces fruits et de ces légumes, on court-circuite les systèmes de distribution actuels en abolissant les distances entre lieu de production et lieu de consommation. Ces jardins hydroponiques utiliseront aussi moins de pesticides. Les villes du futur pourraient ainsi devenir de véritables écosystèmes où serres pour particuliers, jardins suspendus, fermes urbaines, circuits courts cohabiteraient avec la grande distribution. Les cités de demain stockeraient le CO2, absorberaient la chaleur des canicules et les fortes pluies des orages, recycleraient les déchets organiques et augmenteraient leur autonomie alimentaire. Un véritable enjeu quand on sait que la Terre devra nourrir 9,6 milliards d’êtres humains en 2050. 75 à 80 % d’entre eux vivront en ville.

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