Dix ans déjà: une cellule terroriste en partie démantelée à Verviers
Il y a dix ans, la police belge a démantelé une partie d’une cellule terroriste installée à Verviers qui prévoyait de commettre des attentats sur le sol belge. Plusieurs personnes ont été arrêtées, certaines ont été abattues, et 16 ont été condamnées pour participation aux activités d’un groupe terroriste. Retour sur cet épisode.
C’était il y a 10 ans. Le 15 janvier 2015, une semaine après les attaques perpétrées à la rédaction de Charlie Hebdo et dans un Hyper Casher de Paris, les unités spéciales de la police belge menaient un assaut dans une habitation de la rue de la Colline. L’action visait l’arrestation de personnes appartenant à une cellule terroriste à Verviers qui avaient pour projet de commettre des attentats sur le sol belge. La police avait abattu deux terroristes présumés, Khalid Ben Larbi et Sofiane Amghar, qui revenaient de Syrie, et en avait arrêté un autre, Marouan El Bali, après des échanges de tirs avec ces suspects.
Dans ce dossier, 16 personnes ont été condamnées en première instance, en 2016, pour participation aux activités d’un groupe terroriste en tant que membres ou en tant que dirigeants. Certaines d’entre elles ont également été condamnées pour avoir planifié des attentats en Belgique en janvier 2015. Le tribunal correctionnel de Bruxelles avait prononcé des peines allant jusqu’à 16 ans de prison. Marouan El Bali a, lui, écopé de 12 ans de prison en appel en 2017.
De 2014 à 2016, une vague de violences inouïe
« L’Ocam se souvient de l’opération de Verviers comme d’un moment charnière dans la lutte contre le terrorisme en Belgique », a commenté, mercredi, le porte-parole de ) l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace, Kevin Volon. La période dans laquelle s’est inscrit ce coup de filet fut précédée par une série d’actes de violence extrémiste liés au djihad mondial.
L’attaque contre le Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014, inaugura une vague sanglante qui se poursuivit avec les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, en janvier 2015. Parallèlement, Abu Mohamed Al-Adnani, alors porte-parole du groupe terroriste État islamique (EI), lança un appel répété à ses sympathisants à travers le monde, les incitant à viser sur leur propre sol les pays (dont la Belgique) de la coalition internationale antidjihadiste dirigée par les États-Unis. Cette violence liée à l’EI continua de frapper l’Europe, comme à Paris en novembre 2015, puis à Bruxelles et Zaventem le 22 mars 2016.
« L’opération policière de Verviers a mis en évidence la réalité de la menace projetée par l’EI », souligne Kevin Volon. « L’événement a révélé la présence de cellules dormantes en Belgique et leurs liens avec des réseaux internationaux. » Dans le sillage de l’opération verviétoise, les mesures de sécurité autour des infrastructures sensibles et des forces de l’ordre avaient notamment été renforcées. En ce qui concerne la menace générale en Belgique, elle avait été élevée au niveau 3 (grave) le 16 janvier 2015 pour être ramenée au niveau 2 (moyen) le 9 mars 2015, rappelle le porte-parole de l’Ocam.
Création de la banque de données T.E.R.
Autre conséquence de cet événement et du contexte de menace terroriste accrue en Europe, les échanges d’informations sur les individus présents en zone syrienne et irakienne entre services partenaires ont abouti à la confection, en 2015, de la banque de données commune qui a succédé aux listes de l’Ocam. Celle-ci a connu de nombreuses évolutions pour devenir, en mars 2024, la banque de données commune « Terrorisme, Extrémisme, processus de Radicalisation » (« T.E.R. »), relève Kevin Volon.
Cette banque de données commune est toujours utilisée aujourd’hui et a été enrichie de nouvelles catégories pour en totaliser cinq: les « foreign terrorist fighters« , soit des individus partis – ou qui en ont eu l’intention – pour une zone de conflit dans le but de se rallier à un groupe terroriste, ou qui en reviennent ; les « homegrown terrorist fighters« , soit des personnes qui entendent commettre ou soutenir des actes terroristes en Belgique ; les propagandistes de haine ; les extrémistes potentiellement violents et les personnes condamnées pour terrorisme. L’objectif est d’englober plus de profils susceptibles de poser une menace en termes d’extrémisme ou de terrorisme, développe le porte-parole. Elle recense actuellement 572 individus faisant l’objet d’un suivi prioritaire en Belgique.
« Cet épisode (NDLR: du 15 janvier 2015) rappelle à quel point la vigilance et la coopération restent essentielles pour préserver la sécurité de notre pays », conclut Kevin Volon.