Willy Borsus ©  BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Distribution des subsides: quand Willy Borsus finance la Nuit de la vache Holstein

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Voici comment Willy Borsus (MR), le ministre wallon de l’Economie et de l’Argriculture (entre autres)  distribue ses subsides facultatifs depuis 2019.

Ministre wallon de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétence, Willy Borsus habite à Marche-en-Famenne, dans l’arrondissement d’Arlon-Marche-Bastogne-Neufchâteau-Virton, qui recoupe les frontières de la province de Luxembourg.

Depuis le début de la législature, Willy Borsus a octroyé 465 subsides facultatifs (1) pour un montant de 75,98 millions d’euros.

Pour cette analyse, afin de pouvoir décrypter la répartition géographique des subsides, ceux-ci ont été divisés en deux catégories :

  • Ceux accordés à un bénéficiaire dont l’action n’a pas de barrière géographique (par exemple, des subsides, très importants, pour les pôles de compétitivité du plan Marshall). Ces derniers représentent 67% des subsides octroyés pour un montant de 51 millions d’euros.
  • Ceux qui bénéficient à un récipiendaire dont l’action se situe sur une commune particulière (un stage de pêche à Chièvres, une exposition de petit élevage à Soignies, le soutien à des associations de développement des centre-villes ou pour l’organisation des Fêtes de Wallonie à Namur…). Ces derniers représentent 33% de la somme totale, soit 24,6 millions d’euros. Les explications ci-dessous ne portent que sur cette catégorie.

Où vont les subsides accordés par Willy Borsus ? D’abord dans le Luxembourg

Du point de vue géographique, le ministre a accordé 18% de ses subsides à la très rurale circonscription de Luxembourg dont il est le représentant depuis 2019. Cela représente un montant de 5,7 millions d’euros, soit 22% du montant total.

La circonscription de Willy Borsus profite d’autant de subsides alloués par le ministre wallon de l’Economie que celle de la capitale wallonne de l’Economie, à savoir Liège… 

Willy Borsus a, en particulier attribué dix subventions facultatives à des bénéficiaires situés sur le territoire de la commune de Marche-en-Famenne, où il est domicilié : 3000 euros pour le Rotary club local (et c’est l’unique Rotary wallon ayant pu recevoir un subside de Willy Borsus), mais aussi des montants plus volumineux, de plusieurs centaines de milliers d’euros, pour le très performant centre de recherches en sciences du vivant CER-Groupe. La circonscription de Willy Borsus profite d’autant de subsides alloués par le ministre wallon de l’Economie que celle de la capitale wallonne de l’Economie, à savoir Liège… 

Par ailleurs, la proportion de subsides par habitant est la plus élevée, pour ce qui concerne Willy Borsus, dans les communes de Momignies, bastion libéral de la Botte du Hainaut (182 euros par habitant), Meix-devant-Virton, avec 151 euros par habitant, Vielsalm, avec 82 euros par habitants, Gembloux, siège des facultés agronomiques, avec 74 euros par habitant, et Libramont-Chevigny avec 73 euros par habitant. Sa commune de Marche-en-Famenne a reçu dix subsides facultatifs, pour près d’un million d’euros, soit 54 euros par habitant au total, ce qui est supérieur à la moyenne par Wallon (6,7 euros)

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Quelles couleurs politiques bénéficient des subsides de Willy Borsus ?

D’un point de vue politique, le ministre Borsus a accordé 2,3 millions d'euros de ses subsides facultatifs à des récipiendaires basés dans des communes dont le/la bourgmestre est membre de son parti, le MR (qui constituent 38,6% des entités en Wallonie). Cela représente moins de 10% du montant total octroyé, soit à 51 communes, alors que 69 communes dont le bourgmestre est Engagé.e et 93 dont le mayeur est socialiste ont reçu un subside de sa part. C’est en particulier pour des bénéficiaires situés, pour ce qui concerne les communes à mayeur libéral d’autres provinces que le Luxembourg, Momignies, à Burdinne (26 euros par habitant) ou Mont-saint-Guibert (30 euros par habitant) que le vice-président du gouvernement a été le plus dispendieux. Willy Borsus n’a attribué aucune subvention à des associations liées à son parti, ni à d’autres formations politiques.

Confessionnel: un peu de laïcité

D’un point de vue confessionnel, le ministre a attribué deux subsides à la Maison de la Laïcité de La Louvière dans le cadre de ses « opérations sciences » 2020 et 2021, pour un total de 65 000 euros. Hormis un subside pour une école catholique dinantaise, aucun des autres bénéficiaires n’affichait une dénomination la reliant une appartenance à un monde philosophique particulier.

Les chouchous du ministre : des agriculteurs aux ornithologues

Les compétences de l’agriculture et de la ruralité semblent particulièrement mobiliser Willy Borsus. Outre son soutien aux associations de grands et petits éleveurs, aux syndicats agricoles, grands et petits (le Front Uni des Jeunes agriculteurs), aux ornithologues de tous les coins, aux pêcheurs de tous les sous-bassins et aux pépiniéristes de tout poil, par exemple de l’Union ardennaise des pépiniéristes, ou à l’apprentissage de la conduite du cheval de trait par les meneurs du Pays de Herve, le Marchois aide toutes sortes d’événements liés à la nature -du salon Valériane à Namur à la Nuit de la vache Holstein à Libramont.

Ca tombe bien, on sent une préoccupation particulière pour la province la plus rurale de Wallonie, celle qui est aussi la sienne, le Luxembourg belge. Là, on peut espérer un petit montant régional estampillé Borsus si on est membre d’un Rotary (celui de Marche-en-Famenne uniquement) ou d’un cyclo-club (celui de Libramont, bien sûr), ou si on organise le gala des Godefroid (à Bouillon bien entendu), et tout ceci parait beaucoup moins accessible à l’associatif des autres provinces wallonnes.  

Le subside étonnant

Mais ne dites pas que Willy Borsus snobe les centres urbains : il a tout de même fait verser 15 000 euros pour l’organisation de l’exposition Andy Warhol au Musée liégeois de la Boverie à la société bruxelloise qui l’animait. 

(1)  Par opposition aux nominatives et aux obligatoires, une subvention facultative est, juridiquement, une dépense qui n’est pas réglée par une loi (ou, ici, un décret) mais par un arrêté. Mais ces subventions ne sont pas distribuées par des ministres sans foi ni loi : elles sont encadrées par de nombreuses dispositions légales, qui limitent fortement la liberté du signataire. Il s’agit cependant incontestablement de la catégorie de subventions qui laisse le plus de marge à un mandataire politique pour orienter rapidement, et selon ses préférences, une partie des flux d’argent public sur lesquels il peut exercer un certain contrôle.

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