Carl Devos
Di Rupo II passe par un plan de relance
Le gouvernement Di Rupo se bat avec sa politique de relance. Outre la discussion classique entre l’Open VLD et le PS sur l’ampleur de l’écart salarial qui empêche une modernisation de la loi sur la compétitivité, les partis flamands se sont chamaillés sur la baisse des charges. Elio Di Rupo a dû se contenter d’un mini-accord, pas tant parce qu’il lui manque les moyens de lancer un plan de relance radical, mais parce que l’unanimité politique nécessaire pour dégager les moyens d’un tel plan fait défaut.
Voilà des années que le gouvernement fédéral repousse ce débat. Bien que la réconciliation de visions opposées lui réussisse dans bien des domaines, le manque de concordance idéologique et de courage empêche l’équipe Di Rupo de mener à bien son ultime test révélateur. Les chiffres budgétaires et les diverses réformes ont beau redorer le blason du gouvernement fédéral – qui supporte même haut la main la comparaison avec Peeters II – il reste loin du compte sur le plan socio-économique. Cette grosse lacune offre à la N-VA une occasion toute trouvée de reprocher au gouvernement Di Rupo d’être incapable de préserver ou de renforcer notre prospérité. Même si le dernier sondage (Standaard/VRT, le 11 octobre) n’est pas positif pour la N-VA, elle reste le plus grand parti de Flandre. Elle figure donc automatiquement au premier rang pour former le gouvernement flamand.
La N-VA ne fait plus grand bruit à propos de questions communautaires classiques telles que la réforme de l’Etat. Elle a déjà laissé entendre qu’elle veut participer à l’administration du pays dans le cadre d’un « gouvernement de redressement » sans le PS. Son confédéralisme ne doit pas être réglé au moment de la formation, les partenaires de la coalition doivent s’engager à mettre la réforme de l’Etat sur les rails dans le courant de la prochaine législature, sur la base de l’article 35 de la Constitution.
La N-VA veut donc se mettre au travail dès le lendemain des élections. Elle ne dirige plus ses flèches sur le niveau fédéral car elle réalise qu’elle ne peut pas l’éliminer directement. Elle est surtout opposée à la signification concrète que revêt ce niveau aujourd’hui. Il doit certainement être réduit, mais avant d’en arriver là, il est nécessaire de le rendre moins à gauche et moins laxiste : moins « modèle B. », le modèle belge d’Elio Di Rupo caractérisé par une grande progressivité, des compromis équilibrés et la râpe à fromage. Et davantage « modèle A. », avec le « A » d’Anvers. Dans le budget pluriannuel de sa coalition N-VA/CD&V/Open VLD, Bart De Wever a montré comment son parti voit les choses : des économies substantielles destinées à dégager des fonds pour des investissements mérito- cratiques, en ligne avec le conservatisme compassionnel. Moins d’Etat pour le citoyen, donc.
La N-VA gagnera le plus de voix non en réclamant le confédéralisme mais en plaidant en faveur d’une gestion de centre-droit, y compris au niveau fédéral. C’est pourquoi il est délicat que le gouvernement fédéral échoue une fois de plus, dans sa dernière année au pouvoir, à mener une politique de relance. Si diverses statistiques européennes peuvent convaincre les intellectuels, elles ne lèvent pas la crainte qu’éprouvent nombre de personnes d’y perdre en prospérité.
Les récents sondages donnent à penser que la N-VA peut être battue. Que la « Recette belge » d’Elio Di Rupo convainc de plus en plus de Flamands. Dans ce cas, le gouvernement fédéral ne peut plus se permettre trop de mini-accords. Un gouvernement Di Rupo II est possible. Mais il faut alors que Di Rupo Ier y croie lui-même.
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