Deux ans d’attente: le succès (clivant) des box à vélos à Bruxelles
Moyennant un abonnement, la box permet de ranger son vélo en toute sécurité. Les demandes continuent d’exploser à Bruxelles.
C’est l’un des principaux freins à l’utilisation du deux-roues : comment le garer et le garder en sécurité et au sec ? Non seulement il existe une pénurie de places à disposition mais, en plus, le vol reste la hantise du cycliste. Chaque année, Bruxelles en comptabilise 15 000, sans compter les dégradations ou le vol d’accessoires. « Un cycliste sur sept ne rachète pas de vélo après se l’être fait voler », précise Elke Van Den Brande (Groen), ministre bruxelloise de la Mobilité.
Le poteau sur le trottoir n’est donc pas la bonne option. Faute de cave, de garage, des cycles envahissent les halls d’immeuble, créant souvent des tensions au sein de copropriétés et des matins acrobatiques… Ce manque de solutions a fait pousser, sur l’espace public bruxellois, des box sécurisés, des boîtes métalliques fermées à clé, destinés aux riverains qui ne peuvent les parquer chez eux. Mais les places sont chères, partout dans Bruxelles. Comme pour les jardins partagés, les listes s’allongent avec le succès des vélos à assistance électrique, plus coûteux. Près de dix mille demandes sont en attente et le délai d’attente s’élève, en moyenne, à deux ans, selon Parking Brussels, l’agence régionale bruxelloise du stationnement, dont l’objectif est d’augmenter l’offre de 30 % par an. Aujourd’hui, on dénombre ainsi presque de 800 box, pouvant contenir cinq vélos classiques, dont deux vélos-cargo accessibles sur abonnement (15 euros annuels pour un vélo classique, le double pour un vélo-cargo). Le box, lui, coûte environ 6 000 euros.
Parking Brussels, via sa plateforme en ligne Cyclo Parking, centralise les besoins en fonction des requêtes introduites par des habitants. Par souci d’équité, la date d’inscription détermine l’ordre d’arrivée. Cyclo Parking cartographie les adresses des personnes en liste d’attente et, si un quartier connaît un fort taux de demandes, relaye l’information à la commune.
L’agence régionale de stationnement finance en partie ces box. « Nous installons, en moyenne, deux box de cinq places par commune et par an sur notre budget », détaille Pierre Vassart, porte-parole chez Parking Brussels. La Région intervient également sous certaines conditions, dont l’obligation de poser ces « boîtes » sur des emplacements jusque-là dévolus au stationnement automobile. La commune, enfin, peut puiser sur ses fonds propres.
Les sources de financement sont donc multiples. En revanche, le choix de l’emplacement des cages à vélos relève du pouvoir communal, ici, sur le trottoir, là, sur la voirie. Il est un sujet de tensions récurrent. Des riverains pestent et dénoncent l’endroit parfois inadapté ainsi que l’absence de consultation citoyenne. L’objectif de la Région et de la plupart des communes est évidemment de diminuer la place la voiture mais aussi d’éviter le danger suivant : que ces équipements prennent encore des espaces aux piétons, déjà réduits en ville.
En tout cas, il n’y a jamais eu autant de vélos à Bruxelles. En 2022, le nombre de cyclistes comptés à l’heure de pointe du matin a progressé de près de 44 %, par rapport à 2021, selon l’Observatoire du vélo. Un engouement qui repose sur une perception plus positive du cycliste. Il y a encore 30 ans, le vélo était considéré comme le véhicule du pauvre. Par ailleurs, le deux-roues a quitté le totem écologique et est devenu une revendication courante, comme la tranquillité ou la salubrité de l’espace public.
Les box à vélos vont continuer à grignoter les places de stationnement automobile. Mais ils ne suffiront pas à faire face à la demande de parkings sécurisés. En plus des arceaux et des box, des grands parkings, par exemple, offrent 1 132 places. « C’est la preuve qu’il faut des solutions de plus grande ampleur », déclare Pierre Vassart. Pour raccourcir les listes d’attente, Parking Brussels se concentre sur un service hors voirie. « C’est surtout en mettant davantage l’accent sur la création de parkings au sein des locaux publics et privés que l’agence espère accélérer le développement du stationnement sécurisé de vélos. »
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