Soraya Ghali
Des nouvelles écoles ou un nouveau pacte scolaire ?
On sait qu’à Bruxelles, les besoins en écoles sont immenses. Les autorités bruxelloises ont mis les bouchées doubles. Certes, avec un train de retard : jusqu’en 2011, elles n’avaient rien vu venir, et aucune priorité n’avait été donnée au boom démographique.
Aurait-on oublié la Wallonie ? Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec) joue les sonneurs d’alerte. Selon lui, la situation pourrait devenir préoccupante en Wallonie. Son diagnostic, basé sur les calculs du Bureau du Plan, est clair : d’ici 2020, les prévisions indiquent une hausse de 11,3 % des effectifs scolaires, c’est-à-dire 28 262 élèves en plus dans l’enseignement obligatoire. On ne peut plus attendre : « 2020, c’est déjà demain », déclare Etienne Michel, son directeur général.
Aucun arrondissement wallon n’atteint les chiffres vertigineux bruxellois. Mais des « poches » géographiquement bien identifiées risquent de connaître des rentrées scolaires acrobatiques. Ainsi, la province de Liège et le Brabant wallon vont connaître une hausse significative. Dans le primaire, les arrondissements de Bastogne, Neufchâteau, Liège et Waremme enregistrent les taux de croissance les plus élevés (lire le document).
Pour absorber les futurs élèves, il faut des places, évidemment. Car, toujours selon le Segec, « tout a été fait en termes d’agrandissement de bâtiments existants ». Bref, il faut construire de nouvelles écoles : c’est là que l’appel du Segec n’est pas tout à fait innocent, à quelques encablures des élections régionales. En clair, le message du Segec est le suivant : si les politiques veulent que le libre prenne sa part et contribue à élargir l’offre scolaire, il faudra l’épauler. Financièrement. Sinon ? Le Segec ne pourra pas jouer le jeu.
Sa solution, que le Segec a déjà plusieurs fois répétée : Un : modifier les systèmes de financements. Actuellement, les pouvoirs organisateurs (PO) du libre empruntent les montants auprès des banques, et la Communauté française prend en charge une petite partie des charges d’intérêt. Le remboursement est entièrement à charge des PO. Financièrement, c’est tout simplement impossible, clame le Segec. D’autant que les banques ne prêtent plus aux écoles aux conditions prévues par la convention qui les lie à la Communauté française. Résultat : le libre veut que l’on autorise explicitement à lancer des appels d’offres auprès des institutions financières. Deux : revoir à la hausse la participation financière de la Communauté française au budget du libre, comme elle fait pour les écoles communales et provinciales.
Un message resté sans réponse, jusqu’ici. Car le sujet est sensible. En effet, l’enjeu serait d’accepter d’augmenter l’intervention publique auprès du libre. Les esprits sont-ils prêts à « fissurer » le pacte scolaire pour répondre au choc démographique ?
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