Christophe Madgalijns, député bruxellois DeFI. © Belga

Des états d’âme au sein de DeFI sur l’accord neutralité

Olivier Mouton Journaliste

Christophe Madgalijns, député bruxellois, ne défend pas l’accord et réfléchit à son avenir politique. « Si nous avions voulu agir par calcul, nous aurions claqué la porte », dit François De Smet, président du parti.

« Je n’ai plus envie. Cet épisode m’a affecté. Je ne me vois pas retourner sur les bancs du Parlement comme si de rien n’était. Quand on prend une gifle en pleine figure, la moindre des choses est de ne pas nier que cela s’est passé! » Christophe Magdalijns est député bruxellois DeFI, il fut bourgmestre faisant fonction d’Auderghem quand Didier Gosuin était ministre, désormais président du conseil communal.

L’élu n’avale pas le compromis obtenu au sein du gouvernement régional bruxellois au sujet de la neutralité dans les services publics, singulièrement la décision de ne pas aller en appel contre l’ordonnance du tribunal du travail de Bruxelles. Dans un entretien à La Libre, il dit vouloir prendre quelques jours pour songer à son avenir au sein de DeFI, voire à sa carrière politique. D’ores et déjà, des libéraux l’invitent à rejoindre le MR.

« Je suis profondément déçu de voir comment les choses se sont déroulées, explique Christophe Magdalijns. De Smet (président du parti – Ndlr), Maingain (ancien président), Clerfayt (ministre régional DeFI) et Gosuin ont présenté l’accord sur la neutralité comme une grande victoire pour le parti. C’est hallucinant. Un peu de décence! La vérité, c’est que Défi s’est fait rouler par ses partenaires, socialistes et écologistes, du gouvernement et qu’il n’a pas été capable d’aller jusqu’au bout de sa logique en ce qui concerne la défense de la laïcité. Il aurait été plus honnête de dire aux membres et militants du parti que Défi a obtenu une série de compensations face à une concession colossale. »

Le 18 juin déjà, Christophe Magdalijns exprimait sa déception dans un long message publié sur son blog: « Malgré la pugnacité de Bernard Clerfayt et de François De Smet qui ont obtenu le maximum de concessions possibles de nos partenaires de gouvernement, j’ai décidé de ne pas soutenir l’accord sur la neutralité validé par le Gouvernement bruxellois de ce jeudi 17 juin 2021. Ne pas quereller l’ordonnance du Tribunal du Travail du 3 mai 2021 est une faute qui ouvre la voie à un irrésistible entrisme religieux dans la fonction publique et consacre un recul funeste pour la sécularisation de l’Etat. L’essentiel était d’aller en recours contre une ordonnance de justice orientée, partisane et fantasque. Sous des apparences solides, les contreparties obtenues par mon parti sont en fait faibles au plan juridique, fragiles et ne reposant que sur des promesses dont on peut raisonnablement craindre qu’elles ne soient pas toutes tenues. Ma confiance en ce gouvernement est ébranlée et mon soutien ne saurait plus lui être indéfectible. »

« Un coup de poignard d’Ecolo »

Olivier Maingain, ancien président de DeFI, avait évoqué lui aussi un « coup de poignard d’Ecolo », sur les ondes de Bel RTL ce lundi. « Ecolo et certains socialistes ont posé un acte totalement déloyal, un coup de poignard par rapport à notre accord initial, soulignait-il. Nous avions abordé cette question et nous avions confirmé que nous ne touchions pas à la question de la neutralité exclusive ».

Pour autant, il défend l’accord pour sa « réaffirmation du principe de la neutralité exclusive dans la Fonction publique ». « Cela veut dire quoi?, expliquait-il. Cela veut dire qu’à la STIB vous ne verrez pas un seul conducteur de tram, de bus, de métro, un seul agent de contrôle, un seul agent même des services centraux de la STIB porter un signe convictionnel de manière ostentatoire. L’immense majorité des agents de la STIB vont devoir respecter la règle de la neutralité dans l’apparence. »

François De Smet, président de DeFI, reconnaît lui aussi qu’un compromis a dû être trouvé. Il répliquait à Georges-Louis Bouchez, président du MR, en ces termes: « On a autant « acquiescé » à ce non-appel que le MR a « acquiescé » à la nomination de Mme Haouach comme commissaire au gouvernement. Dans les deux cas, c’est un rapport de forces que nous avons chacun perdu parce qu’il requerrait le consensus pour être inversé. C’est tout. »

Et François De Smet d’ajouter encore: « Si nous avions voulu agir par calcul, nous aurions claqué la porte et abandonné la STIB et la Région bruxelloise aux tenants de la neutralité inclusive. Nous venons précisément de faire passer notre vision de la neutralité exclusive et de la laïcité avant nos intérêts directs. »

La présidence de François De Smet n’est décidément pas un long fleuve tranquille: des tensions internes étaient déjà apparues au sujet d’un rapprochement éventuel avec le CDH.

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