Des électeurs méfiants et un président clivant: les forces et les faiblesses du PTB
Le sondage Kantar-le Vif donne des informations très précises sur l’électorat du PTB et sur les électeurs potentiels qu’il peut encore convaincre d’ici le 9 juin. Voici les forces et faiblesses du PTB.
Selon le sondage réalisé par Kantar pour Le Vif, le PTB récolterait, si le scrutin fédéral avait lieu aujourd’hui, 18,4% des suffrages en Wallonie et 20,8% à Bruxelles. Le résultat bruxellois est à prendre avec encore plus de pincettes que les autres, car le pouls de cette grande métropole qu’est la capitale est traditionnellement difficile à estimer. Que le PTB obtienne le même résultat aux élections du 9 juin, et il améliorerait fortement sa déjà bonne performance de mai 2019 dans les circonscriptions fédérales wallonnes (de 13,8% à 18,4%) et Bruxelloise (de 12,3% à 20,8%). Quelles sont les forces et faiblesses électorales du PTB ?
Son aile flamande étant elle aussi en forte croissance (10,9% selon notre sondage, 5,% aux élections de 2019 en Flandre), le PTB passerait ainsi de 12 à 21 sièges à la Chambre des représentants, ce qui en ferait le deuxième plus grand groupe parlementaire du pays, après le Vlaams Belang. Le PTB, toutefois, est le parti le plus détesté des francophones, puisqu’ils sont la formation la plus souvent cochée en réponse à la question « Pour quel(s) parti(s) ne pourriez-vous absolument pas voter ? », avec 29,8%. Les Flamands sont 32,2% à cocher le PVDA, soit moins que Groen et que le Vlaams Belang.
Forces et faiblesses du PTB: qui sont ses électeurs ?
Les sondés qui manifestent leur préférence pour le PTB sont relativement jeunes. En effet, 14% seulement de ceux qui annoncent vouloir voter pour ce parti au fédéral ont plus de 65 ans, alors que cette classe d’âge compte pour près d’un quart de la population.
Son électorat compte, aux autres étages de la pyramide des âges, 24,2% de 25-34 ans, 20,9% de 35-44 ans, et 20,2% de 45-54 ans, soit plus que dans l’ensemble de la population. 33% de ses électeurs sont porteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur, ce qui en fait la base sociale la moins diplômées, après le PS (qui compte, lui, 30% de diplômés de l’enseignement supérieur).
Avec respectivement 17,9% et 11% qui choisissent les valeurs 9 et 10, soit les deux plus hautes, comme réponse à la question « dans quelle mesure êtes-vous certain de voter pour ce parti en juin ? », les électeurs du PTB sont à peu près aussi certains de leur choix prochain que ceux des autres partis francophones. Mais si on ajoute le huitième échelon, coché par 24% des sondés qui se disent électeurs du PTB, le parti de Raoul Hedebouw, affiche un degré de certitude plus élevé que tous les autres partis francophones.
Le thème qui préoccupe le plus les électeurs du PTB est, comme ceux des autres partis francophones, mais à une fréquence plus haute que la moyenne (19,5%), est le pouvoir d’achat, thématique avancée par 24% d’entre eux. Derrière, et très haut placée par rapport à l’électorat des concurrents, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, est citée par 18,7% des sondés électeurs du PTB. La sécurité sociale capte, elle, 8,4% des répondants.
Le PTB était dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Logiquement, ses électeurs sont beaucoup moins satisfaits de l’action du gouvernement De Croo que ceux des autres formations : 13,4% à peine des électeurs du PTB s’en disent « très satisfaits » ou « plutôt satisfaits », et seuls ceux du Vlaams Belang, en Flandre, sont moins nombreux (8%).
C’est beaucoup moins que parmi les électeurs des deux autres formations francophones d’opposition, Les Engagés et DeFI, chez qui la satisfaction tourne autour des 30%. Logiquement, et contrairement à tous les autres partis, ils sont plus de 52% à se montrer insatisfaits du travail de la Vivaldi, et c’est beaucoup plus que partout ailleurs.
Dans cette veine, ils sont moins nombreux à avoir confiance en leur gouvernement régional (14% de « assez confiance » ou de « très confiance »), que chez DeFI ou Les Engagés (à 18 et 19%). Ils sont plus cléments envers leur administration communale (36% de satisfaits), mais le sont beaucoup moins que les électorats de tous les autres partis, où le taux de satisfaction par rapport à la commune est toujours supérieur à 50%.
Avec chez eux 14% d’appréciation seulement, la Commission européenne est plus mal-aimée par les électeurs du PTB que partout ailleurs, le deuxième parti le plus méfiant, les Engagés, affichant un taux de confiance de 25% : les électeurs du MR le sont à 29%, ceux du PS à 32,5% et ceux d’Ecolo à 36,5%. A l’inverse, les taux de méfiance, c’est-à-dire la proportion d’électeurs qui disent n’avoir pas confiance envers telle ou telle institution, sont systématiquement plus élevés au PTB. Ils sont toujours supérieurs à 50%, et même quand ils ne le sont pas (42% n’ont pas confiance envers les tribunaux, 27,4% n’en ont pas envers leur administration communale), c’est toujours davantage que dans les autres partis.
A qui le PTB peut-il aller chercher des voix ?
L’électorat potentiel brut du PTB, c’est-à-dire la masse des sondés qui pourraient un jour envisager de voter pour ce parti est de 33,2% en Wallonie et de 46% à Bruxelles. L’électorat net du PTB, c’est la différence entre, en Wallonie, ces 33,2% et les 18,4% qui disent qu’ils voteraient PTB si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Cet électorat potentiel net sera la cible principale de toutes les actions posées par des candidats PTB jusqu’au 9 juin prochain. Il est très révélateur à cet égard d’observer que parmi les sondés qui pourraient envisager de voter pour le PTB, 28,7% pourraient voter pour le PS, et 23% pour Ecolo, mais 15,7% pour le MR, et 15,6% pour Les Engagés, soit des proportions plus faibles, évidemment, mais pas nulles. Et, dans l’autres sens, 35, % des électeurs potentiels du PS et 22,% de ceux d’Ecolo pourraient envisager de voter pour le PTB, contre 13,% pour le MR et 9,8% pour Les Engagés.
Dans cet électorat potentiel net du PTB, les sondés sont bien moins nombreux que la moyenne (et que l’électorat potentiel net des autres partis francophones) à estimer que les gouvernements n’ont pas bien géré la crise du coronavirus : 46% contre 53,6% en moyenne.
Ils sont également moins nombreux que la moyenne (et que l’électorat potentiel net des autres partis francophones) à estimer que les gouvernements ont bien géré la crise des prix de l’énergie : 35% contre 46% chez leurs concurrents du PS et d’Ecolo par exemple.
L’électorat potentiel net du PTB est pratiquement aussi enthousiaste que celui du PS et d’Ecolo envers l’introduction d’un impôt sur la fortune (77,7% pour le PTB contre 77,8% pour le PS et 73% pour Ecolo), et pratiquement aussi peu enclin que celui d’Ecolo à construire de nouvelles centrales nucléaires (41,7% au PTB contre 40,5% chez Ecolo se disent d’accord ou plutôt d’accord avec cette proposition, soit beaucoup moins que dans les autres partis).
Enfin, l’électorat potentiel net du PTB est le plus républicain de Belgique francophone, puisque 37% des électeurs que le PTB pourrait aller convaincre considèrent que le Roi Philippe devrait être le dernier monarque du pays.
Raoul Hedebouw, bien aimé-mal aimé
Le président du PTB Raoul Hedebouw est la deuxième peronnalité politique qui « représente le mieux » les Wallons (derrière Paul Magnette) et les Bruxellois (derrière Alexander De Croo), ainsi que la cinquième citée par les Flamands.
Mais il est également le deuxième politique le plus cité en réponse à la question « Quelle est la personnalité qui vous représente le plus mal », aussi bien en Wallonie (derrière Georges-Louis Bouchez) qu’à Bruxelles (derrière Bart De Wever). Ce caractère personnellement clivant du président est, évidemment, à rapporter au radicalisme dont se prévaut son parti.
Notons que Raoul Hedebouw est également la deuxième personnalité politique la plus fréquemment citée par les Wallons et par les Bruxellois, après Alexander De Croo chaque fois, en réponse à la question ouverte « Quelle personnalité est honnête ? ».
Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.
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