« Des effectifs additionnels sont cruciaux pour la sécurité du port d’Anvers », « il y aura d’autres tragédies »
Pour lutter à armes égales contre le trafic de drogue dans la zone portuaire d’Anvers, il est « crucial d’attirer des effectifs supplémentaires », a déclaré mercredi l’échevine anversoise en charge du Port, Annick De Ridder, à l’occasion de la présentation des résultats annuels de l’infrastructure portuaire.
Étant donné que la gestion du port relève d’une compétence fédérale », poursuit-elle, « notre champ d’action est limité. Mais il est crucial que des effectifs supplémentaires soient fournis. Le ‘Stroomplan’ (plan d’action contre la criminalité liée à la drogue à Anvers, NDLR), à cet égard, est un premier pas dans la bonne direction ».
Selon l’échevine, les douanes et le parquet manquent encore toujours de ressources. « Ils rament avec les rames qu’ils ont, mais cela ne suffit pas. La situation est similaire aux problèmes de sécurité de 2016″, a déclaré le chef du port.
Entre-temps, le plaidoyer de De Ridder et de son président de parti Bart De Wever, également bourgmestre de la Métropole, semble tomber aux oubliettes dans le giron fédéral. L’organisation d’un Conseil national de sécurité, de même qu’une éventuelle intervention de l’armée ne figurent pas encore à l’ordre du jour, selon la ministre Ludivine Dedonder (PS).
Le maïeur anversois se rendra à New York la semaine prochaine, où il parlera notamment de la sécurité du port. Le 17 février, le port organisera également une journée complète relative à la problématique de la sécurité avec toutes les parties prenantes.
Il y aura d’autres tragédies, avertit Van Quickenborne
Une réunion de concertation a eu lieu entre les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Annelies Verlinden et Vincent Van Quickenborne, et le bourgmestre d’Anvers après la mort par balle d’une fillette lundi à Anvers, conséquence vraisemblable de la guerre entre les trafiquants de drogue dans la métropole. L’entretien a été « constructif », selon Mme Verlinden interrogée mercredi à la Chambre, et une nouvelle réunion aura lieu le 17 février. Celle-ci associera aussi plusieurs responsables néerlandais, dont le bourgmestre de Rotterdam Ahmed Aboutaleb, les ministres néerlandais en charge des douanes et de l’infrastructure, Aukje De Vries et Mark Harbers, les dirigeants du port d’Anvers et des armateurs.
La coopération avec les Pays-Bas paraît particulièrement importante, aussi sur le plan judiciaire à entendre M. Van Quickenborne. La plupart des auteurs de violences liées à ce trafic viennent d’Amsterdam ou de Rotterdam et ils sont aujourd’hui une quarantaine à occuper une aile de la prison d’Anvers.
Le ministre n’a pas caché que la lutte serait encore longue et difficile. « Il y aura d’autres tragédies. Et ce qui se passe aux Pays-Bas et chez nous se passera aussi dans d’autres pays », a-t-il dit.
Tant Mme Verlinden que M. Van Quickenborne ont insisté sur les efforts déjà accomplis par le gouvernement dans la lutte contre la drogue. Un « stroomplan » a vu le jour, visant Anvers, et un plan national de lutte contre la drogue est en cours d’élaboration. Les budgets alloués à la justice et à la police judiciaire ont augmenté. La PJF d’Anvers devrait ainsi arriver à un cadre rempli à 95%. Une chambre supplémentaire consacrée au trafic de drogue verra également le jour au tribunal correctionnel d’Anvers. Un poste de procureur du port a également été créé. Il bénéficiera de l’assistance de 5 substituts dont les offres seront publiées vendredi.
Un screening du personnel travaillant au port sera également mené, au moment du recrutement et annuellement. Des interdictions de port, conformément à la nouvelle loi portuaire, pourront être prononcées.
Plusieurs députés, notamment Nabil Boukili (PTB) et Khalil Aaousti (PS), se sont inquiétés du screening des containers qui arrivent tous les jours en très grand nombre au port d’Anvers et qui serait à peine d’1 ou 2% du total. Ben Segers (Vooruit) a proposé qu’une forme de « couloir » soit créé pour contraindre les chauffeurs de poids lourds dont la cargaison a été sélectionnée pour être contrôlée à passer effectivement dans les scanners, avec des amendes significatives à la clé et non les amendes « risibles » actuelles.
L’an dernier, quelque 110 tonnes de cocaïne ont été saisies au port d’Anvers et 50 tonnes à Rotterdam. Selon des chiffres d’Europol cités par le ministre, quelque 10% du total sont aujourd’hui interceptés. Si cette part passe à 20%, le passage par Anvers deviendra « inintéressant » pour les trafiquants, a indiqué M. Van Quickenborne.