Derrière un vin, il y a une femme. La preuve avec Jeanette Van der Steen
Derrière une bouteille de vin, il y a une histoire et de plus en plus souvent une femme. Vigneronnes, tombées dans la cuve petite ou en amour plus tard, elles ont une multitude de profils passionnants. Qu’est-ce qui les motive ? Au fil de l’été, nous partons à la découverte de sept d’entre elles.
La loi de Murphy, vous connaissez ? Les choses qui se mettent de travers, les unes après les autres, sans que vous puissiez y faire quoi que ce soit… C’est avec un soupçon de contrariété que Jeanette Van der Steen raconte ses ennuis mécaniques : le tracteur tombé en panne, la pièce disponible seulement en Allemagne, nous sommes veille de week-end, évidemment, elle ne pourra être livrée à temps. Jeanette fera donc un aller-retour éclair en Allemagne, pour faire fonctionner sa machine. Car oui, vigneronne jusqu’au bout des ongles, la réparation et la conduite du tracteur, c’est elle ! Elle aussi qui gère tout, de la vinification à l’embouteillage : » Quand je ne suis pas là, ils se tournent les pouces au domaine. Ils ne savent pas utiliser la machine. »
Jeanette est un sacré personnage : on la croirait baronne régnant sur son petit fief, dans ses tenues BCBG, et la voilà les mains dans le cambouis, démolissant allégrement tous les clichés sur les femmes et les vigneronnes. Pourtant, pas grand-chose ne la destinait au monde du vin : une carrière bien remplie aux Pays-Bas, de nombreux voyages, et l’envie de se poser et de profiter un peu la conduit en Belgique, à acquérir le château Bon Baron, en 2000. Parce qu’elle aime manger – de son propre aveu, cette gourmande invétérée craque pour tous types de cuisines, de nos bons plats traditionnels belges comme le jambonneau à la moutarde qu’elle associe avec un pinot noir, à la cuisine indienne, en passant par les plats végans -, parce que poussée par ça, elle a suivi des cours d’accords mets et vin, elle se dit qu’elle pourrait faire un peu de vin : » Comme un hobby, pensais-je. Mais c’est devenu un vrai métier. J’avais déjà la main verte, aux Pays-Bas, je cultivais mes fruits, mes légumes. Le vin, c’était un plus. »
Le domaine a grandi, presque seul, au gré des envies et des idées de Jeanette : » Je songe à l’agrandir encore, mais j’ai 59 ans, mes fils sont dans la petite trentaine, ils n’ont pas l’air décidé à reprendre… alors je continue. »
Depuis la création, de l’eau a coulé sous les ponts, et du vin dans les gosiers : de l’Acolon, un rouge délicieux et velouté qui surprendrait tous ceux qui pensent qu’on ne peut pas produire des vins en Belgique. Ce rouge sensuel est la démonstration parfaite que si. On peut, et Jeanette le fait avec conviction et brio. On la sent ancrée ici, néerlandophone tombée en amour de la Wallonie. » Nous allons entrer dans ma période favorite à la vigne. Tout est vert, tout est beau, tout vibre. On sent que ce calme ne va pas durer, c’est celui qui précède la tempête des vendanges. Mais vous savez, chaque vignoble est différent, chaque parcelle. Suivant le temps, les impressions divergent. C’est un peu comme ces orchestres qui changent de salle : selon le lieu, plus petit, plus grand, le son change. A la vigne aussi, les lumières, les odeurs, la pluie qui arrive… on redécouvre tous les jours ce qu’on connaît par coeur. »
Acolon, côtes-de-sambre-et-meuse.
Château Bon Baron, à Dinant.
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