Nicolas Baygert
Derrière le duel PS-MR, des partis entre « re-branding » et coquille vide
Entre le flegme communicationnel d’une majorité MR – N-VA misant sur le long terme et la Reconquista rêvée d’un PS ayant pris le maquis au fédéral, l’espace s’est fortement réduit pour les « PME politiques » coincées entre deux pôles.
Des partis rongés par l’exercice du pouvoir, par une présidence prolongée ou par quantité de « re-brandings » ratés. Des formations à l’étroit, qui tentent depuis peu de mettre à jour leur logiciel partisan : Re-génération écologiste, TomorrowLab au CDH, élection interne aux FDF.
Comment exister dans un paysage politique de plus en plus bipolarisé, dans une particratie sortie d’une logique de compromis jadis symbolisée par un « centre mou » social-libéral-chrétien, tranquillisant à bien des égards ?
Chez Ecolo, en cette fin de campagne coprésidentielle, l’introspection est plus que jamais à l’ordre du jour. « Ne pas craindre de devenir… populaires », peut-on lire du côté de la candidature Christos Doulkeridis/Chloé Deltour. De même, le binôme Zakia Khattabi/Patrick Dupriez désire « porter une ligne politique claire ». L’avenir dira si une écologie politique revigorée et charismatiquement incarnée – comme l’est Groen par l’énergique Kristof Calvo – permettra au parti de s’affirmer comme alternative durable face aux meilleurs ennemis du moment.
Derrière le duel PS-MR, des partis entre u0022re-brandingu0022 et coquille vide
« Il y a une aspiration à avoir une autre politique du pouvoir que l’affrontement perpétuel entre le MR et le PS », estime Olivier Maingain, réélu à la présidence des FDF avec 61 % des suffrages. Le succès de ce dernier repose sur une formule inédite. D’une part, un leadership de type « populisme du centre » – une posture antisystème ponctuée de petites phrases assassines, veillant néanmoins à rester dans les clous du « politiquement correct ». De l’autre, une médiatisation grossissante boostant la légitimité d’une « Liste Maingain », malgré le poids relativement modeste des troupes amarante.
On notera donc qu’à côté d’un « libéralisme social » sans consistance et d’un ancrage local peu exportable, c’est la fonction tribunicienne de whistleblower (lanceur d’alerte) – avant tout contre « la menace flamingante » – qui fait recette et donne sens à l’offre politique. Une personnalisation d’autant plus vitale quand le projet de société demeure flou.
Enfin, que dire de l’initiative des jeunes CDH dans une vidéo-manifeste où l’on voit un fantôme PSC coller un protagoniste comme son ombre. Devant l’angoisse du jeune militant tourmenté par les spectres socio-chrétiens, on songe au jeune Cole (Haley Joel Osment) dans le Sixième Sens qui, une décennie plus tard, se verrait toujours hanté par un esprit errant, trépassé sans qu’il ne le sache lui-même. « I see dead parties. »
Le mantra (incantation magique censée éloigner les esprits) venant clôturer le clip drolatique est également lourd de sens – credo d’un parti ayant fait tabula rasa de sa raison d’être : « Nous ne sommes plus seulement le PSC, nous sommes devenus le CDH, parce que nous avons ouvert nos portes à tous les choix philosophiques, à toutes les idées, pourvu qu’elles soient démocratiques et mettent l’humain au centre. » Les antidémocrates soucieux de rejeter l’humain en périphérie apprécieront.
Les partis pratiquant la refonte identitaire devront ainsi s’interroger : l’offre politique s’adresse-t-elle à une cible déterminée ? Dispose-t-elle d’une valeur ajoutée ? La présidence fixe-t-elle un cap clair ? Si la réponse à toutes ces questions est non, la formation désidéologisée devra effectivement conclure à sa mort encéphalique.
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