Maison de transition pour détenus en fin de peine, une première en Wallonie
La première maison de transition de Wallonie a ouvert ses portes à Enghien. La structure accueille des détenus en fin de peine qui, accompagnés par des coachs, préparent leur retour dans la société.
Enghien est la première commune francophone à compter sur son territoire une maison de transition pour détenus en fin de peine. Trois autres établissements de petite échelle ont déjà ouvert leurs portes depuis le lancement du projet en 2022, à Malines, Gentbrugge et Louvain. En réalité, l’implantation enghiennoise avait ouvert une première fois en 2022, mais un changement de partenariat avec le groupe privé chargé de la gestion du site avait obligé le SPF Justice à suspendre le projet pilote, le temps de trouver un nouveau partenaire pour assurer l’exploitation.
La maison de transition peut accueillir quinze détenus. Six, transférés de la prison de Leuze-en-Hainaut, y sont déjà installés depuis la mi-septembre. Tous ont été condamnés à de lourdes peines mais ont témoigné d’une volonté de se réinsérer dans la société. Ils effectueront donc leurs derniers mois de détention hors de leur cellule, dans un espace commun, mais toujours sous surveillance.
Le choix des participants aux projets de maison de transition se fait en concertation avec le service psychosocial des prisons concernées et moyennant un entretien préliminaire. Autre exigence: ils ne doivent pas être à plus de 18 mois d’une éventuelle libération conditionnelle.
Comme c’est le cas pour tous les autres détenus, ces résidents peuvent bénéficier de sorties autorisées et de visites de leurs proches au sein de la structure. En dehors de ces occasions, ils ne sont pas autorisés à quitter le bâtiment, d’ailleurs placé sous surveillance.
Temps d’adaptation
Damien (1) rentrait dans les conditions pour intégrer la maison de transition d’Enghien. «Ici, j’apprends à reprendre une maison en main, à cuisiner, à chercher du travail, à utiliser des applis avec un téléphone. Cela me permet aussi de renouer des liens avec ma famille. C’est plus agréable pour mes enfants de me voir ici qu’au milieu d’autres détenus.» Avec l’aide des coachs, Damien a commencé à envoyer ses premiers CV. Dans la vente, la restauration ou le bâtiment. En détention, il a obtenu un diplôme de gestion. Il espère décrocher un emploi rapidement pour «avoir de quoi payer un logement».
Pour leur permettre de se réinsérer dans la société et, idéalement, dans le monde du travail, les résidents sont accompagnés durant leur séjour par une équipe de six coachs de vie et trois coach de force. Le rôle du coach de vie, précise le SPF Justice, consiste à superviser le fonctionnement quotidien de la maison, à veiller à inculquer aux résidents des principes de responsabilité, de collaboration et d’autonomie. Celui du coach de force, à accompagner individuellement chaque détenu dans sa réintégration, dans les démarches administratives et dans la quête d’un emploi ou d’une formation.
Belebna est l’un de ces coachs. Éducateur de formation, il aide les résidents à se familiariser à la vie en communauté et, lorsqu’ils en ressentent le besoin, à renouer avec leurs proches. «A leur arrivée, les résidents ont tendance à rester dans leur chambre. On sent qu’ils n’ont pas l’habitude que la porte reste ouverte.»
Plus de 100 détenus sont déjà passés par l’une des maisons de transition. A ce jour, aucun n’a récidivé depuis sa sortie et aucun problème significatif n’a été signalé dans les implantations existantes. Les résidents qui participent au projet sont conscients que s’ils posent problème ou ne respectent pas les conditions, ils risquent de retourner en prison.
«A leur arrivée, les résidents ont tendance à rester dans leur chambre.»
«Nous sommes convaincus qu’il s’agit de la voie à suivre, estime le ministre de la Justice en affaires courantes Paul Van Tigchelt (Open VLD). En investissant dans les maisons de détention et de transition, nous remplissons une obligation humaine et sociétale. Nous rendons notre société plus sûre et nous y gagnons aussi sur le plan économique. Cette vision a, pendant longtemps, fait défaut. Actuellement, la justice est en train de changer de cap et nous espérons que le prochain gouvernement suivra également cette voie.»
L’ouverture d’une cinquième maison est prévue au printemps 2025, à Hamme, en Flandre-Orientale.
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