Dépistage Covid : « Bruxelles et la Wallonie doivent passer à la vitesse supérieure »
Bien que la Belgique se classe parmi les leaders européens en matière de tests, il y a de grandes différences à l’intérieur du pays. Pour le biostatisticien Geert Molenberghs, (Université d’Hasselt), Bruxelles et la Wallonie doivent passer à la vitesse supérieure. Entre-temps, l’INAMI étudie pourquoi ces régions ne testent pas suffisamment
Notre pays est à un moment charnière. Le taux de contamination augmente dans toutes les tranches d’âge. Dans plusieurs provinces flamandes, le nombre d’hospitalisations augmente à nouveau. Le taux de reproduction flirte avec le 1, ce qui indique que l’épidémie ne perd pas de terrain. « Les jours à venir sont cruciaux pour inverser la tendance » ont déclaré les porte-parole interfédéraux Yves Van Laethem et Steven Van Gucht mercredi.
La stratégie de test est cruciale dans la lutte contre le covid-19. Les chiffres de contamination n’indiquent pas seulement l’état de l’épidémie, mais font aussi en sorte que le tracing des contacts et les dispositions de quarantaine fonctionnent convenablement.
À cet égard, la Belgique est en tête du peloton européen. Notre pays teste beaucoup. Pourtant, il y a de grosses différences entre les régions. Le nombre de tests par 100 000 habitants est nettement plus élevé en Flandre. La Flandre-Occidentale fait figure de meilleur élève, avec 2.745 tests pour 100.000 habitants, et le Brabant flamand le dernier de classe avec 2.012 tests.
À Bruxelles, en revanche, ce chiffre n’est que de 1.547. En Wallonie, la province du Luxembourg, celle avec le meilleur score, atteint à peine 1.859 tests pour 100.000 habitants tandis que celle de Liège, avec 1.268 tests, est bonne dernière. Pour le biostatisticien Geert Molenberghs (UHasselt), c’est clair: « Bruxelles et la Wallonie doivent passer à la vitesse supérieure », dit-il. « Des tests suffisants sont l’un des éléments permettant de briser la transmission du virus. »
Hausse rapide dans les communes frontalières
Le bio-informaticien Bart Mesuere (Université de Gand) juge également que Bruxelles et la Wallonie doivent passer à la vitesse supérieure. Pour lui, c’est une question politique. « Les tests ne tombent pas du ciel. Vous pouvez appeler encore plus les personnes qui présentent des symptômes à se faire tester, ou demander au tracing d’identifier plus de contacts à risque. » Une autre piste : dépister davantage dans les maisons de repos.
Ce nombre faible de tests est d’autant plus préoccupant que le taux de positivité est élevé en Wallonie. Ce chiffre nous indique la proportion de tests positifs par rapport au nombre total de tests effectués. Plus il est élevé, plus l’état de l’épidémie est inquiétant.
Pour tout le pays, ce chiffre s’élève à 8%. Hormis la Flandre-Occidentale, toutes les provinces flamandes restent en dessous de ce pourcentage. Toutes les provinces wallonnes sont au-dessus, dans le Hainaut, ce taux dépasse même les 12%. Le professeur Molenberghs indique cependant qu’au niveau communal, le taux de positivité augmente rapidement dans les communes frontalières du Limbourg et d’Anvers.
Perte de salaire suite à la quarantaine
Au Comité interfédéral « Testing & Tracing », dirigé par Karine Moykens, on répond que le nombre de tests à Bruxelles a augmenté de manière significative la semaine dernière. Toute personne qui propose de passer un test est testée », dit-on. Néanmoins, la commission rapporte que l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) examine s’il existe des facteurs externes qui conduisent à des chiffres plus bas.
Geert Molenberghs estime que la vulnérabilité sociale joue un rôle, et certainement dans un contexte urbain. « Les personnes moins solides financièrement hésitent parfois à se faire tester à cause des conséquences d’un résultat positif. Une quarantaine équivaut parfois à une perte de salaire. »
En outre, la Wallonie a été très durement touchée par la deuxième vague, déclare Molenberghs. Un choc qui se fait encore sentir. « Liège a eu, relativement parlant, six fois plus d’infections que le Limbourg à un moment donné. La politique de test et la recherche des contacts ont craqué de toutes parts ».
Quoi qu’il en soit, il y a suffisamment de capacité de dépistage. D’après l’INAMI, la capacité maximale du nombre de tests réalisés s’élève à 32.213. Nous réalisons donc un peu moins de tiers de tous les tests possibles. Avant-hier, les laboratoires ont cependant vu passer plus de 52 000 tests en une journée.
La différence entre les régions ne signifie pas que la gravité de l’épidémie est surestimée en Flandre. On entend parfois que les mauvais chiffres en Flandre sont liés au nombre supérieur de tests réalisés. « C’est peut-être une partie de l’explication, mais ce n’est certainement pas le cas partout », déclare Bart Mesuere.
Molenberghs indique qu’il n’y a pas que le nombre de tests à prendre en compte. « Le nombre de nouvelles hospitalisations se stabilise. Si nous avions plus de cas uniquement à cause du nombre élevé de tests, nous ne verrions pas ce phénomène. »
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