Willy Demeyer et Jean-Claude Marcourt. © Belga

Demeyer et Marcourt, Roi et Reine de Liège

Philippe Berkenbaum Journaliste

Pour certains, le vrai patron à Liège est Willy Demeyer. Pour d’autres, c’est Jean-Claude Marcourt. Aucun des deux n’est le chef suprême. Mais ils contribuent à asseoir l’hégémonie du PS. Autour d’eux gravitent de nombreuses personnalités, politiques et économiques. Derrière eux, le MR réclame sa place.

L’un est le roi, l’autre la reine. Libre à chacun de tenter de mettre un nom sur chaque pièce. Pas seulement pour éviter de blesser leur virilité, mais surtout parce que sur le grand échiquier politique liégeois, bien malin celui qui peut déterminer lequel des deux ténors est plus puissant que l’autre. Jean-Claude Marcourt et Willy Demeyer se partagent la couronne du pouvoir. Partie nulle par mat impossible.

Marcourt-Demeyer, Demeyer-Marcourt. Deux pièces maîtresses. Complémentaires. Liège est un jeu d’échecs grandeur nature, pas un Stratego. Point de maréchal tout puissant pour diriger les troupes. Par le passé, d’autres ont pu donner l’impression d’endosser ce rôle. André Cools en son temps, Michel Daerden plus récemment. Quoique. « Il y a toujours eu plusieurs personnalités de premier plan. Contrairement à Charleroi, par exemple, où il y a eu Van Cauwenberghe puis Magnette, estime Jean-Pascal Labille, redevenu patron de la mutualité Solidaris après son passage au gouvernement fédéral. Même à l’époque d’André Cools, il y avait Jean Gol et Jean-Pierre Grafé. Et à l’intérieur du PS, il y avait d’autres noms importants. Dehousse, Daerden, Mathot… »

La donne actuelle semble toutefois plus ouverte. « Quelque chose s’est libéré », dit-on, depuis les ambitions bruxelloises de Didier Reynders et le décès de « Papa » Daerden. Le scénario des chiens de faïence ne tient plus. Les règles ont changé.

« Comme il n’y a plus d’énormes stars populaires, on a le sentiment qu’il y a plus de collaborations entre acteurs politiques et économiques », considère un mandataire. La Cité ardente, ce réseau : un village où tout le monde se fréquente et coopère. Voire s’apprécie, sans doute plus aujourd’hui qu’hier. La candidature de la Ville à l’exposition universelle de 2017 semble avoir aidé à resserrer les rangs.

« Désormais, on parvient à laisser ses revolvers au vestiaire quand il s’agit de discuter d’avenir. Même si le vestiaire est bien rempli ! » sourit Francis Gomez, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme. « Certains ne sont pas encore capables de faire fi des inimitiés, nuance Jean-Pascal Labille. Qu’il y ait des avis divergents, ce n’est pas un souci. Cela devient problématique quand ça entraîne une forme de paralysie. »

Un dossier coordonné par Philippe Berkenbaum, avec Mélanie Geelkens

Le dossier dans Le Vif/L’Express « Spécial Liège » de cette semaine. Avec :

– la garde rapprochée des deux monarques

– le Club des Cinq existe-t-il vraiment ?

– les pions PS à tous les postes clés

– comment le MR se positionne

– l’influence grandissante du PTB sur les militants PS

– le CDH et Ecolo aux abonnés absents

– où sont les jeunes ?

– Jean-Christophe Peterkenne, le spin doctor

– Kots : les promoteurs immobiliers à l’oeuvre

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