Dégâts, décès: les chiffres des inondations en vallée de la Vesdre
Décès et ampleur des dégâts, plusieurs mois après les inondations de juillet, Le Vif fait le point.
Le nombre de décès dus aux crues de juillet dernier en Wallonie est de 38, sans doute 39, quand le dernier corps tombé dans l’Ourthe sera identifié par le DVI de la police fédérale. Sur la base des chiffres confirmés auprès de la majorité des bourgmestres concernés et complétés auprès de sources fiables, les 24 morts de la vallée de la Vesdre représentent plus de la moitié des décès, à Eupen (1), Verviers (8), Pepinster (7), Olne (1), Trooz (3, dont deux dames âgées qui ont fait un malaise cardiaque) et Chaudfontaine (4). Il n’a pas été simple d’obtenir ces chiffres, le centre de crise wallon, le centre de crise national, la police fédérale et le cabinet de la ministre de l’Intérieur se renvoyant la balle, car la responsabilité de la macabre communication a changé de main au fil du temps. De plus, le bilan humain est couvert par le secret de l’instruction. Lancée avant la commission d’enquête du Parlement de Wallonie, celle-ci se poursuit à Liège du chef d’homicides involontaires par défaut de prévoyance et de précaution.
Une autre raison de ne pas donner trop de publicité à la « distribution spatiale » des pertes humaines tient à un facteur politique bien compréhensible : la crainte que le public décrète un peu vite que telle ou telle commune a bien ou a mieux géré la crise que ses voisines, surajoutant du traumatisme au traumatisme déjà profond de la population.
Or, s’il est bien une chose que les travaux de la commission démontrent, notamment lors des auditions de bourgmestres, c’est qu’aucune commune ne se trouvait dans une situation comparable. Soit par la morphologie de sa vallée, encaissée, précédée d’un évasement ou arrosée par des affluents violents de la Vesdre comme la Helle (Eupen) et la Hoegne (Pepinster). Soit par les ordres d’évacuation reçus très tôt et appliqués en bon ordre (Eupen, Baelen, Dolhain-Limbourg), soit par l’absence de consigne, voire celle, carrément, de ne pas évacuer, Verviers suivant en cela trop docilement les conseils du centre de crise wallon et du centre de crise provincial. Soit les communes se distinguent encore l’une de l’autre par l’existence d’une administration étoffée (ce n’était pas le cas de la petite commune de Trooz) ou la capacité du bourgmestre d’actionner des leviers (armée…) à un niveau plus élevé que les autres (manifestement le cas de Chaudfontaine). Les morts ne doivent pas servir de levier pour des mises en cause politiciennes.
Des batiments particulièrement abimés
L’acuité de la question du barrage d’Eupen (a-t-il été bien géré dans les jours précédant et pendant la catastrophe des 14 et 15 juillet ?) est liée indiscutablement à l’ampleur des dégâts et au nombre élevé de décès dans la vallée de la Vesdre.
Le SPW Wallonie a collationné le déclaratif des communes concernées en ce qui concerne les bâtiments abîmés ou démolis. Au total, 20 739 bâtiments ont été touchés, depuis ceux qui ont été démolis ou qui nécessitent une démolition (70), jusqu’aux moins atteints (4 157), l’écrasante majorité ayant été très endommagés, avec plus de 30 centimètres d’eau au rez-de-chaussée (16 376). Le chiffre total de 20 739 bâtiments affectés par les inondations est cohérent avec le nombre de dossiers d’assurance ouverts pour les sinistrés, soit 20 961, selon Assuralia.
Il faut encore y ajouter 10 % pour prendre en compte les non-assurés (21 170). A Verviers, la ville la plus importante de la vallée, 5 000 maisons sur 25 000 ont été inondées, soit un cinquième, a déclaré la bourgmestre Muriel Targnion, en commission Inondations, le 19 novembre dernier.
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