Ludivine Dedonder
Ludivine Dedonder © AFP

SCAF: « Si on ne monte pas dans l’avion maintenant, il n’y aura plus de possibilité »

En commission de la Chambre, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder est revenue sur le choix d’entrer dans le programme du Système de Combat Aerien du Futur (SCAF).

Il existe aujourd’hui un momentum pour aller plus loin dans la concrétisation de l’Europe de Défense et d’une autonomie stratégique », a-t-elle souligné. « On nous fait souvent le reproche, en tant que politiques, de penser à court terme. Ici, on se projette. C’est la première fois que la Belgique s’engage dans un programme de recherche et développement d’une telle ampleur (…) Si on ne monte pas dans l’avion maintenant, il n’y aura plus de possibilité ».

Vendredi passé, le conseil des ministres a approuvé le choix d’entrer, dans un premier temps comme observateur, dans le programme du Système de Combat Aerien du Futur (SCAF) lancé par la France, l’Allemagne et l’Espagne. Pour justifier cette décision, tant la ministre que l’état-major de l’armée ont insisté sur la dimension européenne du projet et les perspectives qu’il offre en termes de recherche et développement pour l’industrie belge. L’investissement est estimé à 360 millions d’euros. En régime de croisière, quelque 800 emplois seraient créés.

Dans les six mois qui viennent, le secteur industriel belge discutera avec ses homologues des trois pays emmenés par Airbus (Allemagne), Dassault (France) et Indra (Espagne). La Belgique devrait ensuite devenir un membre effectif du projet à hauteur de 10%. Elle se positionnera comme sous-traitant et non comme producteur d’un système complet.

Le SCAF a été préféré au Tempest/GACP qui associe la Grande Bretagne, l’Italie et le Japon. Selon l’analyse réalisée par un groupe de travail associant le secteur industriel belge sur la base d’informations « open source », ce programme présentait moins d’intérêt: moins d’ambition technologique (le SCAF est conçu comme un ensemble de systèmes et non simplement un avion), moins de clarté, moins de retour industriel attendu et une dimension européenne moindre, ce d’autant plus que l’Arabie saoudite aurait également marqué son intérêt pour le programme. Cet aspect aurait pu poser divers problèmes, notamment en termes de licence.

« Il y a eu un feu clignotant », a souligné le colonel Steven Lauwereys, membre de l’Institut Supérieur Royal de Défense (IRSD), tout en précisant que la Grande-Bretagne avait démenti une possible participation du pays arabe.

Ethique

Un autre aspect a également compté: l’éthique. Le parlement allemand a émis des demandes en ce sens qui font l’objet d’un suivi particulier. Cette dimension résonne particulièrement aux oreilles de la Vivaldi, car les drones feront partie des systèmes intégrés dans le SCAF. Or, l’armement de ces engins est un des sujets qui divise la coalition. « La position du gouvernement n’a pas changé: on a décidé de ne pas armer les drones« , a précisé Mme Dedonder.

A ce stade-ci, la question d’un éventuel emport d’armes nucléaires n’est pas abordée.

Le groupe de travail n’a pas pris contact avec les promoteurs de l’un et l’autre des projets avant de remettre son rapport. La N-VA en doute: « Qu’il n’y ait pas eu de contacts politiques, techniques et militaires, je ne crois pas que ce soit totalement vrai », a affirmé Peter Buysrogge qui « n’est pas du tout étonné » par le choix posé.

Dans la majorité, le MR et le PS ont salué ce choix par la voix de Denis Ducarme et de l’ancien ministre de la Défense, André Flahaut. « C’est une très bonne chose pour l’Europe de la Défense, c’est comme ça qu’on la construira. Ca ne rencontre pas les intérêts des nationalistes flamands? Ca n’est pas grave, nous devons avancer », a dit le libéral en mettant toutefois en avant les propos enthousiastes du ministre-président flamand Jan Jambon au salon du Bourget à propos des opportunités qu’offrait l’avion du futur.

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