Le lieutenant-général Frederik Vansina, nouveau chef de la Défense, aux côtés de la ministre de la Défense sortante, Ludivine Dedonder (PS). © BELGA

Qui est l’énigmatique Frederik Vansina, nouveau chef de la Défense? «Une main de fer dans un gant de velours»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le nouveau chef de la Défense, Frederik Vansina, débute sa mission avec discrétion. L’homme est pourtant «un excellent communicateur» et parvient toujours à «instaurer un consensus autour de lui». Sa vision stratégique devrait amener plusieurs changements au sein de l’armée belge. Pas de grande révolution en vue, mais plutôt une accélération des processus déjà engagés.

L’armée a un nouveau patron. Et il s’appelle Frederik Vansina. A 60 ans, celui qui était déjà le bras droit de l’Amiral Michel Hofman (Chief of Defense -CHOD- de 2020 à 2024) prend désormais les commandes. Un geste familier pour celui qui fut pilote de F-16 pendant plusieurs années.

Membre de l’état-major de la Défense, ancien chef de l’armée de l’air, «Fred» Vansina est né à Berne (Suisse) et a passé son enfance entre l’Afrique, les Etats-Unis et l’Europe. De ses missions marquantes pour l’armée belge, il retient les survols de l’ex-Yougoslavie, de l’Afghanistan ou encore de la Libye. Le lieutenant-général atteint aujourd’hui l’altitude la plus haute, celle de Chief of Defence.

Malgré ce CV bien rempli, l’homme qui dirigera la Défense pour les quatre prochaines années se veut discret. Certains disent qu’il passe presque inaperçu.

Frederik Vansina: un chef moderne

«C’est une personne très gentille et courtoise. Mais qui peut avoir des idées très précises et les imposer comme un chef, explique une source militaire qui le connaît personnellement depuis de nombreuses années. C’est une main de fer dans un gant de velours.»

Ainsi, Frederik Vansina parviendrait presque toujours à créer un consensus autour de lui, grâce à la façon dont il explique ce qu’il veut. «Il va donner un ordre sans dire explicitement que c’est un ordre, mais en détaillant le comment et le pourquoi. C’est l’incarnation du chef moderne».

Frederik Vansina est une main de fer dans un gant de velours.

Un proche

Une autre source a connu Vansina lorsqu’il était commandant de la composante Air. Ils ont notamment collaboré lorsque le désormais chef de la Défense était en charge de la stratégie. «C’est quelqu’un qui détient une réelle vision stratégique, notamment sur l’évolution de l’environnement militaire européen. Il est également pilote de chasse avec une expérience opérationnelle, en plus d’être un excellent communicateur, avec une force de conviction.»

Frederik Vansina entame discrètement mais sûrement son début de mandat à la tête de la Défense. © BELGA

Des drones armés et une augmentation du personnel

Lors de sa présentation officielle en compagnie de la ministre de la Défense sortante Ludivine Dedonder (PS) et de son prédécesseur Michel Hofman, Frederik Vansina n’a pas laissé filtrer grand-chose sur la teneur de ses objectifs futurs. «La direction de la Défense a été très soudée récemment. Cette équipe partage la même vision, donc je ne pense pas qu’il va proposer une réorientation radicale, prédit cette source. Par contre, il ira plus en profondeur et accélérera probablement certains processus.»

«Il pourrait tenter d’imposer l’introduction des drones dans les forces armées», ajoute un autre interlocuteur. Le conflit en Ukraine démontre que le drone est désormais l’arme moderne qui peut faire une différence sur le champ de bataille. Les Reaper américains achetés par la Défense belge n’ont jamais pu être armés jusqu’à présent, en raison d’un veto des écologistes. «Il pourrait essayer de les faire armer pour assurer la défense aérienne de la Belgique d’une façon plus suivie.»

Mais l’aspect majeur de sa stratégie réside surtout dans la constitution d’un personnel plus nombreux et qualitatif, avec une attention particulière accordée aux métiers modernes. L’objectif initial du plan STAR (29.100 soldats pour 2030) ne semble donc pas suffisant pour Vansina. «Son but pourrait être de viser 5.000 soldats supplémentaires, et, à moyen terme, atteindre les 40.000», dit-on.

Frederik Vansina pourrait tenter d’imposer l’introduction des drones armés dans la Défense.

Une source militaire

En tant que vice-chef de la Défense, Frederik Vansina s’est toujours fait (trop?) discret. «Dans le dossier des F-35, par exemple, il a voulu travailler dans l’ombre et n’a jamais fait beaucoup de bruit. Parce qu’il ne souhaitait pas prêter le flanc à des critiques trop acerbes (NDLR: le coût des F-35 a toujours été fortement chahuté). De par ses nouvelles fonctions, il sera obligé d’être sous les feux de la rampe, mais il le fera toujours avec sourire.»

Parmi nos différentes sources, toutes disent que Frederik Vansina est un excellent choix. «Le chef de la Défense ne doit pas seulement donner des ordres aux forces armées, il doit être un très bon communicateur, voire un diplomate (NDLR: le père de Vansina était diplomate), qui sait dealer habilement avec le ou la ministre de la Défense et l’opinion publique. »

Frederik Vansina, excellent communicateur, sait aussi sourire. © BELGA

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