Le F-35 de l’armée belge risque de vous casser les oreilles: pourquoi il cause tant de nuisances sonores
Partout où le F-35 déploie ses ailes, les plaintes de riverains suivent : l’avion fait un « bruit assourdissant ». Des inquiétudes commencent également à apparaître en Belgique. La ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) a lancé sa propre enquête.
Les nuisances sonores provoquées par les avions militaires F-35 font jaser. Dans la province néerlandaise du Noord-Brabant, frontalière à la Belgique, on ne se réjouit pas de l’arrivée de ces avions de fabrication américaine. Depuis l’été, sept F-35 survolent la région. En juillet, août et septembre, la base aérienne de Volkel a reçu deux fois plus de plaintes pour nuisances sonores que l’année précédente.
De l’autre côté des Pays-Bas, près de Leeuwarden (Nord), les plaintes concernant les F-35 pleuvent également. Dans une enquête à laquelle 5.200 riverains ont pris part, 1.700 personnes ont signalé des « nuisances graves », selon l’agence de presse néerlandaise ANP. En substance, plus de la moitié des habitants se disent gênés par les nuisances sonores depuis l’arrivée de quatorze F-35. Et les citoyens des villages proches de la base aérienne ne sont pas les seuls à se plaindre. Par exemple, 41 % des habitants de Harlingen, à 30 kilomètres de la base, déclarent également subir des nuisances très importantes.
Partout où le F-35 déploie ses ailes, c’est un peu la même histoire : l’avion de combat semble causer plus de nuisances que ses prédécesseurs. Ce phénomène a également été mis en évidence aux États-Unis, au Japon et en Norvège. Le documentaire primé Jet Line : Voicemails From the Flight Path est entièrement constitué de messages téléphoniques enregistrés par des résidents de la base aérienne américaine de Burlington, dans le Vermont, qui sont gênés par le bruit des F-35.
F-35: l’intensité sonore d’un concert de métal
Le F-35 n’est pas un avion silencieux. Aucun avion de chasse ne l’est. Mais le F-35, chasseur dernier cri de Lockheed Martin, semble faire exploser le sonomètre. Selon les mesures américaines, il atteint jusqu’à 120 décibels. Cela correspond à l’intensité sonore d’un concert de métal. Plutôt intense, donc.
Les anciennes versions du F-16 -l’avion de combat actuel de l’armée belge- atteignent généralement un pic autour de 100 décibels. Cela semble être une petite différence, mais l’échelle des décibels est logarithmique. En d’autres termes, une augmentation de 10 décibels signifie une multiplication par dix du niveau de bruit.
La Belgique a commandé trente-quatre F-35. Avec un contrat qui s’élève à 3,8 milliards d’euros. Les premiers appareils sont attendus d’ici 2025. Ils voleront pendant 30 ans à partir de deux bases : Kleine-Brogel (Limbourg) et Florennes (Namur). Leur arrivée suscite déjà des interrogations politiques.
La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, a indiqué, en réponse à une question parlementaire écrite, que l’état-major de la Défense a élaboré un plan pour évaluer l’impact sonore de manière cohérente pendant toute la transition du F-16 au F-35A. Ce plan a débuté en 2022 avec le développement et la validation de la méthode de mesure et avec les premières mesures sur F-16 selon cette méthode validée. Cette étude en cours, menée par l’École royale militaire, fournira une base cohérente pour le suivi de l’impact du bruit à l’avenir.
Limiter les heures de vol
« Les prochaines étapes de ce plan sont une étude théorique de la signature sonore des F-35A (en 2023), une première série limitée de mesures pratiques (en 2024) et enfin des campagnes de mesure bisannuelles dans les deux unités (à partir de 2025) », a précisé Ludivine Dedonder. Dans tous les cas, l’intention est de faire moins d’heures de vol avec le F-35 qu’avec le F-16. Les pilotes seront en partie formés sur des simulateurs. Bien qu’il s’agisse principalement d’une mesure économique, cela permettra également de réduire la pollution sonore. Aux Pays-Bas, par exemple, les pilotes décollent autant que possible sans la postcombustion – les flammes de l’échappement qui provoquent une forte détonation.
Pendant ce temps, à Ørland, une municipalité qui sert de base aux F-35 de l’armée norvégienne, les maisons les plus proches de l’aéroport ont été achetées pour être démolies. Les résidents vivant plus loin se verront proposer une isolation complète de leur maison.
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