Défense: un haut responsable de l’OTAN sermonne la Belgique pour ses efforts insuffisants
Le président du comité militaire de l’OTAN, l’amiral Rob Bauer, a mis la Belgique devant ses responsabilités pour ses efforts insuffisants en matière de Défense, au regard des objectifs qu’elle a elle-même acceptés.
Le problème est double, a-t-il averti: le pays n’atteint pas les objectifs établis en 2021 et, en 2025, de nouveaux objectifs plus élevés encore seront fixés.
« Ne pas se préparer à la guerre signifie que l’on augmente la probabilité d’une guerre », a affirmé le militaire néerlandais devant la commission de la Défense de la Chambre, au cours d’une audition. Cette visite au parlement fédéral suivait un entretien avec le Premier ministre, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, ainsi que le Chef de la Défense. Ce haut responsable de l’Alliance atlantique a surtout évoqué la guerre en Ukraine.
« En Belgique comme dans d’autres pays, les gens pensent que cette menace russe est très loin de nous. Je voudrais rappeler que, si la Russie veut attaquer un membre de l’OTAN, nous serons tous en guerre, la Belgique y compris. Ce n’est pas une pensée théorique que la Russie puisse attaquer. Les Russes ont souvent menti: ils ont dit qu’ils n’allaient pas attaquer l’Ukraine, ils l’ont fait. Ils ont dit qu’ils n’attaqueraient pas la Géorgie en 2008, ils l’ont fait. Ils ont dit qu’ils n’annexeraient pas la Crimée, ils l’ont fait. Ils nous ont dit aussi dans un projet de traité en 2001 qu’ils voulaient revenir aux frontières de 1997 (avant l’élargissement de l’Alliance) », a expliqué M. Bauer.
Les attaques redoutées ne seraient pas seulement de nature électronique, comme elles se produisent déjà aujourd’hui, mais elles pourraient aussi prendre une nature armée et viser des cibles en Belgique: le port d’Anvers, le siège et le quartier général de l’OTAN, les institutions européennes ou encore des entreprises comme Swift qui gère les transactions bancaires pour le monde entier.
Le militaire a salué le plan STAR mis en place sous cette législature pour augmenter la capacité de la Défense belge. Il a reconnu les efforts faits dans le domaine naval, aérien via l’acquisition de drones et de F-35 pour remplacer les F-16. Mais ces mesures sont insuffisantes, à l’entendre. « Vous avez commandé 34 F-35. Ce n’est pas assez: l’OTAN en demande 45 », a-t-il averti.
« La création d’une deuxième brigade (motorisée) est reportée à 2040 ». Et d’ajouter: « ces capacités, c’est une bonne nouvelle en soi, mais ça dure longtemps et c’est à ce point réduit qu’il sera impossible de tenir longtemps s’il y a une crise ».
La part du PIB consacrée par la Belgique à la Défense fait débat depuis longtemps. Le royaume se classe dans les derniers de l’OTAN. Cette part devrait atteindre 1,57% en 2030 et les 2%, soit l’objectif fixé en 2014, seulement à l’horizon 2035. La pression est forte chez les partis de droite pour accélérer le pas alors que le contexte budgétaire est sombre. Le point sera l’un des enjeux des prochaines discussions gouvernementales.