Ludivine Dedonder
Ludivine Dedonder © Belga

Défense: l’Otan relance le débat sur la hausse des dépenses, Dedonder pour le « réalisme »

Les pays membres de l’Otan ont relancé mercredi à Bruxelles les discussions sur l’accroissement de leurs dépenses de défense, l’Allemagne se disant favorable à ce que le chiffre de 2% du Produit intérieur brut (PIB) consacré à ces dernières soit désormais un plancher, une perspective plus difficile à admettre pour la Belgique.

L’invasion russe en Ukraine a remis cette question sensible au coeur des débats et elle sera l’un des sujets centraux d’un sommet des dirigeants alliés prévu en juillet à Vilnius. Depuis plusieurs mois, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, soutient que des investissements importants sont nécessaires pour moderniser les capacités militaires de l’Alliance atlantique et considère que l’engagement souscrit en 2014 par les alliés, lors d’un sommet au Pays de Galles, de tendre vers les 2% de leur PIB consacrés à leurs dépenses de défense doit être revu à la hausse.

   « Je partage cette évaluation », a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, à son arrivée pour une réunion au siège bruxellois de l’Alliance. « Je pense que le simple fait de vouloir se rapprocher de l’objectif de 2% ne suffira pas. Il doit être la base de tout le reste », a-t-il ajouté. « Nous sommes en train de coordonner cela au sein du gouvernement fédéral et nous le conclurons certainement bientôt », a-t-il précisé.

   Pour son homologue français, Sebastien Lecornu, l’examen du contenu de ces dépenses est essentiel. « Au-delà de la question des 2% du PIB, ce qui compte c’est 2% de dépenses utiles et efficaces« , a-t-il affirmé, rappelant l’engagement de la France de procéder à « des investissements massifs dans sa défense avec le montant inédit de 413 milliards d’euros ».

   Mais le sujet divise les membres de l’Alliance. Certains pays, comme la Belgique, mettent en garde contre des objectifs chiffrés trop ambitieux ou trop rigides. Cet objectif de 2%, « on ne sait pas le tenir », a admis la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, qui a plaidé pour le « réalisme », tout en affirmant avoir entrepris la « reconstruction » de son département depuis octobre 2020. La Belgique consacrait alors 1,02% de son PIB aux dépenses de défense. L’objectif de son plan STAR (pour « Sécurité, Technologie, Ambition, Résilience ») approuvé l’an dernier par le gouvernement et le parlement est d’atteindre 1,57% en 2030. Le Premier ministre Alexander De Croo avait pour sa part confirmé en juillet dernier, lors d’un sommet de l’Otan à Madrid, l’engagement de la Belgique à atteindre les 2% en 2035.

   « Le 2%, c’est bien mais nous devons aussi nous assurer d’avoir une certaine souplesse car les pays sont différents », a pour sa part souligné mercredi le ministre luxembourgeois de la Défense, François Bausch.

   Selon un haut responsable américain, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, il y a deux groupes d’alliés différents. D’un côté, ceux qui comme les pays baltes et la Pologne – proches géographiquement de la Russie – poussent pour des objectifs de défense plus ambitieux avec un objectif de 2,5% du PIB consacrés aux dépenses militaires. Varsovie a annoncé son intention de consacrer 4% de son budget à la défense en 2023. De l’autre, ceux qui comme le Canada, l’Espagne, le Luxembourg et dans une certaine mesure l’Italie estiment que ces objectifs ne sont pas adaptés à leur situation. « Au total, je pense que la conclusion évidente est que 2% n’est pas suffisant », a résumé ce responsable américain. « Et je dirais que la majorité des alliés partagent cette analyse. »

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