Pierre Havaux
De Wever, « slimste mens » d’Anvers ?
De Wever cherche partenaires anversois, désespérément… Le leader de la N-VA peine à imposer sa griffe sur la Métropole qu’il a conquise haut la main au scrutin communal du 14 octobre. Le SP.A et le CD&V se refusent toujours à lui ? Pour se sortir du bourbier anversois, il met la pression sur le SP.A et le CD&V au… gouvernement flamand.
Bart De Wever est dans l’impasse. « Dans une situation impossible », reconnaît-il lui-même. Retour sur terre pour le président de la N-VA : sa marche triomphale sur l’Hôtel de ville d’Anvers, au soir des élections, s’arrête pour l’heure à la porte du bureau maïoral. Les derniers mètres seront les plus difficiles à parcourir.
De Wever, à la manoeuvre, ne devait pas s’attendre à ce que ses adversaires lui fassent de cadeaux. Ils tiennent parole. Ils ne vont pas se gêner : ils ont les moyens de soumettre le formateur autoproclamé à un vrai parcours d’obstacles. 23 sièges sur 55 : la N-VA a besoin au minimum de 5 sièges pour décrocher une majorité. Des amateurs dans la salle ?
Un premier tri s’est opéré : Vlaams Belang et PVDA (le PTB version flamande) sont hors jeu.
Face au leader de la N-VA, « De Stadslijst », la liste conduite aux élections par le bourgmestre sortant Patrick Janssens (SP.A), s’impose comme interlocuteur de premier choix. Mais cette alliance entre le SP.A et le CD&V lui mène la vie dure. Elle a à sa disposition un levier imparable, qu’elle ne se prive pas d’actionner pour contrarier les ambitions de De Wever : Groen, les Ecolos flamands que la « Stadslijst » veut embarquer dans une future coalition.
Groen, ce n’était déjà pas la tasse de thé de De Wever, allergique au combat écologique. Mais à Anvers, Groen aggrave son cas aux yeux du leader de la N-VA. Sa cheffe de file, Meyrem Almaci, se révèle une négociatrice acharnée, qui ne se s’en laisse pas compter. De Wever en est arrivé à caler définitivement : le dossier hypersensible de la mobilité anversoise achève de brouiller pour de bon les verts et les nationalistes flamands.
Exit Groen, le casse-tête n’en reprend que plus de vigueur. Pression maximale sur la « Stadslijst », pour qu’elle revoie ses exigences à la baisse. Et là, c’est De Wever qui sort la grosse artillerie. Qui actionne à son tour le levier dont il dispose, à un autre niveau de pouvoir. Tout aussi lourd de conséquences politiques.
Le leader de la N-VA rafraîchit les mémoires : le CD&V et le SP.A gouvernent la Flandre aux côtés de la N-VA dans l’équipe de Kris Peeters. Il serait bon que les trois partis s’entendent sur Anvers pour préserver la paix du ménage au sein du gouvernement régional flamand. Gâcher toute cette belle harmonie pour le seul plaisir d’embarquer Groen à Anvers? Les interlocuteurs de De Wever sont invités à méditer ce message.
Comme si la piqûre de rappel produisait déjà ses premiers effets, le duo CD&V-SP.A vient précisément de perdre le plus farouche partisan de l’implication de Groen : Patrick Janssens, rival malheureux de De Wever, s’efface des négociations. Montré du doigt comme l’empêcheur de trouver un accord, voilà un verrou qui saute sur la voie de De Wever. De quoi peut-être dégeler le CD&V, moins à cheval sur une présence des écologistes flamands dans la majorité anversoise.
La veille, le président de la N-VA avait lâché : « J’avais déjà prévu un plan B. » En menaçant à mots à peine couverts de faire du bourbier anversois une affaire de gouvernement flamand, De Wever commence à desserrer l’étau. L’homme fort d’Anvers attend les suggestions : de la Stadslijst désormais orpheline de son homme fort Patrick Janssens, mais aussi de l’Open VLD.
La majorité qui a les faveurs de De Wever se profile: N-VA, CD&V, Open VLD. Après Groen, exit donc le S.PA ? Gros morceau à arracher. Mais ce coup de barre à droite serait le sacre du « slimste mens » d’Anvers.
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