De fils de mineur liégeois à possible ministre-président bruxellois : (re)lisez le portrait d’Ahmed Laaouej
Ahmed Laaouej, chef de groupe PS à la Chambre et bourgmestre de Koekelberg, devrait être tête de liste pour son parti aux élections régionales à Bruxelles, le 9 juin prochain. L’occasion de (re)lire ce portrait que Le Vif dressait de lui en 2019.
Ahmed Laaouej, ex-homme de l’ombre, as de la finance, a explosé ces dernières années sur la scène politique. Chef du groupe PS au Parlement et bourgmestre de Koekelberg, il pourrait briguer le poste de ministre-président de la Région bruxelloise en 2024. Qu’il est loin, le Rif de ses parents…
Ce portrait a été initialement publié dans Le Vif en avril 2019.
Episode 1 – Où Ahmed Laaouej découvre que le travail peut tuer
On dirait une photo de Doisneau, ruisselante de gosses rieurs, en culottes courtes, aux genoux écorchés. Dans la rue Lucie Dejardin, à Beyne-Heusay, agglomération de Liège, il y a des Turcs, des Italiens, des Marocains, des Belges. Nous sommes au milieu des années 1970 et tous se fichent de savoir que cette Lucie est la première femme députée élue au suffrage universel. Ici, on parle toutes les langues. Et on s’entraide. Les mamans marocaines apprennent les mystères du couscous aux Belges, et les Italiennes enseignent à toutes l’art de la pizza.
C’est dans cette rue, dont les fenêtres ne se couvrent que d’affiches rouges en période d’élections, que vit la famille Laaouej. Il y a Ahmed, le père, une force de la nature, déraciné volontaire des montagnes du Rif marocain, devenu mineur dans le sous-sol liégeois, au début des années 1960. Il travaille la nuit et les enfants, en journée, sont priés de le laisser dormir. Pour la communauté locale, il est une référence. » Il avait la réputation d’être stakhanoviste, se souvient l’ancien sénateur PS Hassan Bousetta, ami de la famille : on disait de lui qu’il travaillait comme si la mine lui appartenait. » Milouda, la maman, veille sur ses trois fils et trois filles. L’éducation, dispensée en un mélange d’arabe et de rifain, est rigoureuse, mais pas dure. Parmi ce sextuor de marmots, Ahmed junior, le cinquième, est le premier à ne pas naître au Maroc, en décembre 1969.
Tous les gamins du lieu, au mieux fils d’ouvriers, grandissent dans ce quartier où sonner aux portes avant de s’enfuir relève du défi quotidien. A la mosquée, à la fois nid et racine, les immigrés de la première génération se retrouvent. La foi ne protège toutefois pas des coups du sort. Lorsque Ahmed est encore un enfant, son père est victime d’un grave accident du travail, un morceau de jambe arraché. A l’hôpital, un délégué syndical vient lui rendre visite. » Ça détermine une vie en général et certainement une vie politique, souffle celui qui est, depuis lors, devenu chef du groupe socialiste à la Chambre. Je ne veux pas faire du Zola, mais … » Il ne finit pas sa phrase. Et ce n’est pas nécessaire.
La maison des Laaouej n’est pas grande et les frères partagent la même chambre. L’argent de poche y est une vue de l’esprit : l’argent, rare, ne doit servir qu’à se procurer ce qui est nécessaire. D’ailleurs, les parents, brutalement passés d’un rude milieu rural à une certaine modernité, n’en ont jamais eu. Les demandes de leurs enfants les désarment. Et ceux-ci apprennent vite que l’on ne peut tout avoir, quelle que soit la force du désir. A 12 ans, Ahmed reçoit sa première carte d’identité de résident étranger permanent, jaune et renouvelable. Six ans plus tard, il en obtient une autre, définitive. » Jusque-là, je n’étais jamais sûr de faire partie du modèle dominant. » Dans la maison, les voisins et les amis défilent. Les parents Laaouej ne parlent ni ne lisent le français. Ce sont donc les enfants, assidus à l’école communale, qui prennent le relais pour aider l’un ou l’autre à compléter un document ou téléphoner à l’administration. Le goût d’Ahmed Laaouej pour les réglementations s’abreuve à cette source-là.
Comme tous les parents du monde, Ahmed senior et Milouda rêvent pour leurs enfants d’une vie moins difficile que la leur. La famille n’est pas militante mais les frères Laaouej, fans du talk-show polémique français de Michel Polac, Droit de réponse, débattent beaucoup. Et le plus jeune, sans tout comprendre, s’imprègne. Chacun sa grille de départ : dans la maison de Beyne- Heusay, intégrer la classe ouvrière est déjà perçu comme une promotion. L’école est une alliée. » Ahmed restera toujours reconnaissant aux instituteurs de l’école publique qui l’ont poussé à grandir à travers le savoir « , explique son ami Mohamed Bensif. Mais l’école ne protège pas non plus de tout. Peu après la fermeture de son charbonnage, Ahmed Laaouej senior développe une silicose, qui aura raison de lui. Ainsi son cinquième enfant découvre-t-il que le travail peut tuer un homme.
Episode 2 – Où les fraises mènent Ahmed Laaouej au droit, à Serrault et à Aznavour
Adolescent, Ahmed Laaouej fréquente l’athénée de Jupille. Il est plutôt réservé. » Ce n’était pas un meneur, se souvient Fabien Beltran, qui partage les bancs avec lui. Il étudiait et n’aimait pas faire les 400 coups avec nous. Peu à peu, il a appris à s’ouvrir. » Ce n’est pas l’ascension sociale qui motive Ahmed, mais l’émancipation intellectuelle. Son frère Jilali, médecin, a montré la voie. Pour obtenir un peu d’argent, Ahmed cueille des fraises dans une exploitation de Fléron. Les 40 francs la caisse qu’il reçoit lui paraissent insuffisants. Il monte un syndicat de jeunes cueilleurs… aussitôt virés.
A 18 ans, il choisit d’étudier le droit. Voilà l’alors freluquet plongé au coeur des auditoires de l’ULg, un lieu où se côtoient surtout des » lodens verts » et les rejetons de la bourgeoisie liégeoise. Quelques jeunes adultes, différents, ont tôt fait de s’y reconnaître. Ahmed est de ceux-là, aux côtés de Pierre, Mohamed, Vincent, Hassan… » Au départ, il avait l’air ennuyeux et terne mais dès qu’il a fait son trou dans sa bande de cinq ou six copains, il s’est révélé cultivé, intelligent et plein d’un humour pince- sans-rire, dépeint son ami syndicaliste Vincent Grignard. Il est devenu un pilier de ce groupe. C’était un fantaisiste à la Michel Serrault, capable, dans un bar, d’inviter tous les inconnus des tables voisines à venir discuter avec nous. » En filigrane, son éducation conservatrice s’étiole.
A l’université, Ahmed étudie beaucoup. Il n’a pas le droit à l’erreur : il est boursier. Le folklore estudiantin le laisse de marbre et le milieu universitaire, très marqué socialement, plus encore. Il réussit évidemment. Qu’il le veuille ou non, il devient un pur produit de la faculté de droit de Liège, marquante école de rigueur. La distance qu’il affiche le fait-il passer pour pontifiant, voire un peu agaçant, aux yeux de certains ? Il n’en a cure et ne fait rien pour plaire. Il a sa bande, elle lui suffit. » On était tous de gauche, sourit son ami Pierre Mengal, et on passait des heures à discuter politique, dans nos chambres liégeoises. Nous étions de mauvaise foi, comme on l’est à cet âge. » Et là, on dirait un texte d’Aznavour.
Voit-on poindre l’homme politique ? Ahmed Laaouej s’engage à l’Aieul (association internationale des étudiants étrangers universitaires de Liège), puis, dans le cercle des étudiants antifascistes. Ses idées politiques, tôt forgées, ne bougeront pas, vrillées à la gauche classique. Après le droit, il étudie le droit économique et fiscal : la lutte contre l’injustice sociale, toujours. » Il aurait pu être syndicaliste « , considère Mohamed Bensif.
Episode 3 – Où le fonctionnaire Ahmed Laaouej se transforme en soldat
Ahmed Laaouej entre au ministère des Finances où il découvre de l’intérieur le fonctionnement des entreprises. Et l’un ou l’autre dossier sur lequel on lui demande de fermer les yeux, ce qui le contrarie. Il n’est pas du genre à accepter les invitations au restaurant de ceux dont il vérifie les comptes. Ce fidèle ne perd pas non plus de vue ses amis de l’ULg. Premier du groupe à travailler, c’est lui qui paie les tournées générales. La même bande augmentée se retrouve, composée d’une dizaine de Belgo-Marocains, pour écouter du raï ou discuter jusqu’au matin. » On s’est beaucoup disputés sur la question israélo-palestinienne, confie l’un d’eux. Ahmed ne reconnaît pas facilement ses torts. Il est capable d’autodérision, pas d’autocritique. »
Petit dormeur, Ahmed Laaouej lit les philosophes avec gourmandise : Comte-Sponville, Schopenhauer, Finkielkraut, mais aussi Le Loup des steppes, de Hermann Hesse, récit d’un jeune qui s’émancipe. Il passe par une période Cioran, couleur noir foncé, puis s’en extirpe, et explore Camus. Il n’est pas exclu qu’à cette époque, la tentation de la prétention le frôle… La philo ne protégeant pas de tout, il se fait parfois jeter aux entrées de boîtes de nuit.
Délégué syndical à la CGSP depuis 1995, il est approché lorsque l’Institut Emile Vandervelde, le service d’études du PS, recrute un expert de la fiscalité. Il prend la carte du parti. » Le président Elio Di Rupo a ferré un fiscaliste de talent. Il y a très peu de gens avec ce profil « , fait remarquer l’ex-ministre Claude Eerdekens. A l’IEV, à partir de 2000, le discret Laaouej trouve vite l’équilibre entre le militantisme et l’expertise technique. Besogneux, il y prend de la valeur et de l’assurance. » Il avait des principes idéologiques très forts « , se souvient un de ses collègues. Poli, voire policé, il n’y a que dans les moments de fête qu’il rompt la distance. Rapidement, il s’impose dans les négociations gouvernementales à partir de 2003 puis, de retour à l’IEV après une parenthèse de trois ans comme chef de cabinet chez Claude Eerdekens, à partir de 2007. » L’IEV formate, constate un ténor politique. Ahmed parle parfois comme un soldat du PS. Il gagnerait à perdre ce réflexe. » Mais Ahmed Laaouej est un enfant du parti, de la génération des Witmeur, Delcor, Close, Jusniaux. Et on ne renie pas sa famille.
Episode 4 – Où Bruxelles devient piste d’atterrissage, de décollage et plan de vol
En 2000, Ahmed Laaouej et son épouse quittent Liège pour s’installer à Koekelberg (Bruxelles). A l’époque, le ministre Michel Daerden se moque de lui et lui propose de s’affilier à Rocourt. » Il faut soutenir les petites sections « , rétorque le néo-Bruxellois. Elu conseiller communal en 2006, il est, depuis octobre dernier, bourgmestre de Koekelberg, après avoir renversé le libéral Philippe Pivin, en poste depuis dix-huit ans.
Ahmed Laaouej construit ses coups sur la durée. A cet indice, notamment, on voit que c’est un animal politique. » Il est bonhomme et sympathique dans ses relations, mentionne l’échevin PS Khalil Aouasti, mais en politique, il ne laisse rien passer. On ne peut avancer aucun chiffre qu’il ne puisse vérifier. » En d’autres termes, il veut le plan de vol, pas seulement l’atterrissage. » Ahmed est très organisé, confirme l’ex-ministre PS Laurette Onkelinx. S’il va dans une section, il prend des contacts puis envoie des courriels de suivi. » Ainsi, celui qui était destiné à être un homme de l’ombre passe lentement à la lumière. Cela lui demande un effort extraordinaire. Mais » le temps ne l’effraie pas, assure Laurent Devin, député PS et bourgmestre de Binche. C’est un rural : il laboure sillon après sillon. »
Le temps s’accélère, néanmoins. En 2009, Ahmed Laaouej glisse à la directrice de l’IEV d’alors, Anne Poutrain, qu’il souhaite s’investir dans la politique active. C’est elle, et Ermeline Gosselin, à l’époque porte-parole du PS, qui soufflent son nom à Elio Di Rupo. En 2010, il devient sénateur coopté. » Sa loyauté a été récompensée, déclare son compagnon de route Olivier Jusniaux. Nous avons été éduqués pour servir l’appareil. Or, Ahmed n’a jamais été pris en défaut : il a réussi à slalomer pour rester dans le jeu malgré les inimitiés, dans un contexte post-affaires difficile. »
Episode 5 – Où le respect à Elio croise le bûcher des vanités, le PTB et les gilles de Binche
Vice-président de la commission Finances et Economie, Ahmed Laaouej décroche ses premiers galons. Affable, charmeur, souriant, ce technicien de la fiscalité a le verbe facile et ne s’emporte pas, même s’il peut être tranchant. Surtout, il sent très vite où il met les pieds. » Il a une intelligence de métier et de situation « , résume le bourgmestre PS de Saint-Josse Emir Kir. Vrai stratège – » limite intrigant « , susurre une socialiste -, il sait où il va et y va à son aise. » Les choses se font rarement par hasard avec lui « , observe le député liégeois PS Frédéric Daerden. Ainsi l’homme gravit-il lentement les échelons. A l’égard d’Elio Di Rupo, il est d’une loyauté sans faille. Il le vouvoie, le président le tutoie. En bureau de parti, Ahmed Laaouej ne s’adresse qu’à lui : » Président, je rappelle la ligne du parti… »
Elio, qui sait combien Ahmed le défend, est venu le soutenir dans sa campagne communale. » Eprouver la confiance à un tel niveau pendant vingt ans en politique, cela sort de l’ordinaire « , insiste Laurent Devin. Tous deux ont, il est vrai, des points communs : bousculés tôt par la vie, prudents, polis, exigeants, grands bosseurs. Rien ne prédestinait non plus ces deux-là à une telle carrière. Mais l’un a enduré les blagues sur les Marocains, l’autre, l’homophobie. » Ahmed reconnaît quand Elio se trompe « , certifie un socialiste. Le parcours du président n’en force pas moins le respect de ses troupes, dont Ahmed Laaouej. » Il est impressionnant « , ajoute-t-il.
Cette loyauté au parti et à son président doit sans doute le placer dans des situations compliquées. » On ne l’a pas entendu sur des sujets que le PS a acceptés, comme les intérêts notionnels ou la chasse aux chômeurs, désapprouve le député PTB Raoul Hedebouw. Il n’a pas incarné une voix dissonante au sein du PS. » » Ce n’est pas qu’il en perd son libre arbitre, embraie l’artiste et ami Sam Touzani, mais il analyse tout par le prisme de l’idéologie socialiste. « Sa loyauté, toujours.
En 2014, Ahmed Laaouej, 4e sur la liste fédérale, est élu à la Chambre. » Sans plan de carrière, jure-t-il. Je pratique l’épicurisme au sens philosophique du terme : je me préserve du désir et du bûcher des vanités. Je ne peux pas faire dépendre mon bonheur de mon succès en politique. Mais être humble n’empêche pas d’être combatif « . Au Parlement, il est assis sur les bancs arrière, près des députés du PTB. » Il y a moyen de bien se poiler la gueule avec lui, témoigne Raoul Hedebouw. C’est d’ailleurs l’un des seuls socialistes qui nous parlent. » Avec les députés Laurent Devin, Eric Thiébaut, Julie Fernandez-Fernandez, Emir Kir, Ahmed Laaouej forme une nouvelle bande. Ses relations avec Laurette Onkelinx, en revanche, ne brillent pas par leur indéfectible tendresse. Depuis février 2013, il est pourtant vice-président de la Fédération bruxelloise du PS, à ses côtés.
Son agenda ne connaît plus guère de plages blanches. D’autant qu’il n’hésite pas à aller parler du tax shift devant vingt personnes, à la section PS d’Estaimpuis. A s’investir dans Espace Magh, le centre consacré aux cultures du Maghreb. A faire le ramassage des gilles de Binche avec Laurent Devin et Eric Thiébaut, à l’aube. Ou à soutenir les copains en campagne électorale, comme Frédéric Daerden à Herstal et Philippe Close à Bruxelles. » Il m’a consacré une demi-journée pour faire du porte-à-porte, en chantant mes louanges dans tout Herstal, signale le Liégeois. Il a un côté fraternel et enthousiaste. »
Episode 6 – Où il faut jouer des coudes et où on doit les lever
» La politique, ça frotte, lâche l’intéressé. Il faut de l’apaisement. » On ne saurait mieux dire. Le 21 septembre 2017, Ahmed Laaouej succède à Laurette Onkelinx comme chef du groupe PS à la Chambre. Avant de le désigner, Elio Di Rupo consulte chacun des 21 autres députés socialistes. Le nom de Laaouej circule, ainsi que ceux de Frédéric Daerden et André Frédéric. » Ahmed était le premier choix d’Elio mais il a voulu le faire valider « , indique une socialiste. Ce ne fut pas une mince affaire. » Il n’a pas été soutenu par tout le monde, affirme Emir Kir. Certains lui ont jeté beaucoup de peaux de banane et ne voulaient pas de lui parce qu’il capte la lumière. » Il se murmure que Laurette Onkelinx ne l’a pas aidé. Cela n’a rien empêché. Et le chemin parcouru – de fils d’une famille venue du Rif à chef de groupe politique dans un Parlement démocratique – n’est pas anodin.
Depuis, Ahmed a changé de place et siège à côté d’Elio Di Rupo. Finies, les blagues de potache ! » Il est dans un rôle dont il comprend l’importance mais quand le président arrive, il est un membre du parti plus qu’un chef de groupe « , commente Laurent Devin. Depuis, donc, il a pris de la carrure. Sa notoriété et son exposition médiatique ont grandi. » Même ses adversaires politiques le respectent « , souligne Caroline Désir. Même l’ex-ministre des Finances N-VA, Johan Van Overtveldt.
Au sein du groupe, comme à la Fédération bruxelloise, le nouveau chef de bande s’évertue à remettre du lien et à fédérer. Il n’hésite pas à faire monter des députés à la tribune, plus ferrés que lui sur certains dossiers. » Il joue assez collectif, observe le député Ecolo Gilles Vanden Burre. Il n’assiste pas non plus ses députés dans les commissions. « Mais il est exigeant. Il met ses troupes au travail. Il consulte, écoute, mains croisées sur le ventre, et ne parle pas de lui. Puis, il tranche. Il peut même changer d’avis, si la raison du parti n’en souffre pas. Certes, il n’aime pas la contradiction mais il ne vous reprochera jamais de l’avoir contredit. Politiquement, il a de l’intuition. On l’a vu lorsqu’il a joué gros, isolant temporairement le PS dans la séquence du pacte de Marrakech, en décembre dernier. » Depuis qu’il est là, le groupe est redevenu audible « , déclare un de ses collaborateurs.
D’autant plus qu’Ahmed Laaouej, sous sa nouvelle casquette, se montre plus virulent et opte davantage pour les envolées lyriques que l’approche technique. Moins gentil qu’auparavant, il monte aussi plus vite dans les tours. » Il n’a pas le gros cou, mais pas loin « , épingle un député libéral. Sa connaissance de l’ensemble des dossiers n’atteint pourtant pas toujours la maîtrise qu’il a des sujets financiers. Mais ils sont nombreux à le trouver très réglo. » Il respecte les accords conclus et me dit quand un compromis n’est pas possible « , illustre David Clarinval, chef de groupe MR. Même son de cloche au PTB. » Il nous tient au courant des décisions prises entre chefs de groupe, puisque nous n’en avons pas. Il n’est pas crispé dans ses relations au PTB, sans doute par stratégie. » » Il est de la nouvelle génération et nous partageons une même culture politique, loin des vieux schémas, enchaîne Zakia Khattabi, coprésidente des verts. Il a du respect pour moi et pour Ecolo : ce n’est pas un anti-Ecolo primaire. Et la qualité de la relation fait qu’on peut parler de nos désaccords. »
L’éternel sourire de Ahmed Laaouej – le même, sur toutes les photos – se croise aussi à la buvette du Parlement où cet épicurien salue les uns et les autres, autour d’un verre. Cela fait partie du métier. De ce Bruxello-Wallon rieur, qui prend le métro puisqu’il n’a pas de permis de conduire, s’échappe parfois une brindille d’accent liégeois. On n’est pas pour rien supporter du Standard.
Episode 7 – 8 Où la croisière embarque Barry White, Charles Michel, David Coppi et les Tuniques bleues
Bien sûr, Ahmed Laaouej est ministrable, si le PS accède à la majorité fédérale. » Au PS, on ne décide pas grand-chose, on se dit disponible « , nuance Olivier Jusniaux. Ce n’est pas que le bourgmestre de Koekelberg a une revanche à prendre sur la vie. Et même s’il » est proche de sa communauté « , ce Berbère d’origine est Belge, laïque et n’a aucunement l’intention de devenir un étendard. » C’est un des plus fidèles à la doctrine socialiste, note Zakia Khattabi. Ça prime plus que le communautarisme chez lui. »
Sans doute, comme tout élu, aimerait-il être reconnu pour ce qu’il est et ce qu’il fait. Des compromis, entre autres, avec cet art subtil qui consiste à faire consensus sans être incolore ; à être prudent sans être fade ; à agir fermement sans provoquer le conflit. D’aucuns trouvent pourtant qu’il est devenu lisse à force de ne pas vouloir déplaire. » Au contraire ! réplique son ami Pierre Mengal. Ahmed est tout, sauf consensuel. Mais il faut faire partie de son premier cercle pour le connaître et pour l’entendre parler absolument de tout, sans tabou. »
Sinon, il se surveille. Quand ce n’est pas le cas, ce ministrable parle donc de son épouse et de sa fille, pépites qu’il préserve. Il joue les DJ et terrasse ses adversaires aux blind tests. Il chante du Barry White, dont il raffole, et danse la reggada, cette danse guerrière venue d’Orient. Il raconte ses bandes dessinées et oeuvres de science-fiction préférées. Et, cerise sur le gâteau, il imite le Premier ministre Charles Michel, cette autre Tunique bleue, ou David Coppi, journaliste politique au Soir.
Le nom de ce drôle est parfois cité comme possible président du PS. Si les militants sont prêts à accepter qu’un homme prénommé Ahmed prenne la tête du parti. De toute manière, il n’est pas pressé. Il sait que cela ne sert à rien. Mais il ne lâchera pas son combat. Jamais.
Et là, on dirait la chanson des Laaouej.
- Ahmed Laaouej
- PS
- Parlement
- Le Vif
- Hassan Bousetta
- Ahmed junior
- Chambre
- Ahmed senior
- Michel Polac
- Mohamed Bensif
- Fabien Beltran
- Vincent Grignard
- Michel Serrault
- Pierre Mengal
- Aieul
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- Finances
- Hermann Hesse
- CGSP
- Institut Emile Vandervelde
- Elio Di Rupo
- Claude Eerdekens
- Michel Daerden
- Philippe Pivin
- Khalil Aouasti
- Laurette Onkelinx
- Laurent Devin
- Anne Poutrain
- Ermeline Gosselin
- Olivier Jusniaux
- PTB
- Emir Kir
- Frédéric Daerden
- Raoul Hedebouw
- Sam Touzani
- Eric Thiébaut
- Julie Fernandez-Fernandez
- Fédération bruxelloise du PS
- Philippe Close
- André Frédéric
- Parlement démocratique
- Caroline Désir
- N-VA
- Johan Van Overtveldt
- Fédération bruxelloise
- Ecolo
- Gilles Vanden Burre
- David Clarinval
- MR
- Zakia Khattabi
- Standard
- Barry White
- Charles Michel
- David Coppi
- Soir
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