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David Murgia, Magritte du meilleur espoir masculin, accuse la police de Bruxelles de violences

La police de la zone Bruxelles-Ixelles est de nouveau accusée de violences. Cette fois, c’est un jeune acteur de 25 ans, David Murgia, qui dénonce les pratiques pour le moins disproportionnées d’un policier.

Son lundi de Pâques, l’acteur David Murgia l’a passé en grande partie dans une cellule de la zone de police de Bruxelles-Ixelles. Le comédien, détenteur d’un Magritte du meilleur espoir masculin en 2013, est sorti de chez lui pour se rendre à la boulangerie. « La circulation était interrompue, car 7 ou 8 policiers étaient occupés d’enlever une Ferrari qui était garée en double file » confie M. Murgia. « Des gens traversaient à côté du passage pour piéton et à travers la route et j’étais une de ces personnes. Un policier m’a demandé de manière assez agressive de traverser sur le passage pour piéton si je ne voulais pas passer mon lundi de Pâques en cellule. J’ai obtempéré en disant qu’il y avait d’autres moyens de le demander. Le ton est monté et le policier m’a dit qu’il me laissait une dernière chance d’aller sur le passage pour piéton. Je suis passé par le passage pour piéton et je suis arrivé de l’autre côté en grommelant dans ma barbe. Le policier m’a interpellé : « qu’est-ce qu’il y a, y a un problème ? ». J’ai alors répondu : ‘En effet, il y a un problème, je n’apprécie pas la manière avec laquelle vous m’adressez la parole’ Et c’est là que ça a commencé. »

Ensuite, M. Murgia évoque une clé de bras alors qu’il n’aurait montré aucun signe de rébellion ou de violence. ‘Je pourrais être ton père, gamin de merde, tu vas fermer ta gueule!’ lui aurait asséné l’officier de police avant de lui passer les menottes et de serrer celles-ci à leur maximum. La suite de la journée sera pénible puisque de 11h30 à 20h15, David Murgia sera gardé en détention administrative par la police d’Ixelles.

Une impunité policière problématique Cette situation n’est pas une première, en juin dernier une habitante d’Ixelles avait déjà accusé la police de cette commune de violences injustifiées tandis que deux jeunes ont porté plainte contre des policiers de la même zone pour violences à caractère homophobe. Ces faits s’étaient déroulés à la sortie du Brussel Summer Festival en août dernier.

La Ligue des droits de l’homme prend régulièrement connaissance de ce genre d’affaires et constate, bien souvent, des abus de la part de policiers. ‘Tout d’abord il faut objectiver la réalité de ces plaintes dans leur nombre, le lieu où elles se déroulent et les zones de polices qui sont concernées’ explique Manuel Lambert, conseiller juridique à la Ligue. ‘C’est vrai que l’on a de nombreux échos concernant la police de Bruxelles/Ixelles qui serait particulièrement problématique, mais on a du mal à se faire une idée réelle de l’ampleur du phénomène.

Les faits qui sont décrits par M. Murgia sont totalement interdits si ceux-ci sont établis. Le fait que celui-ci soit victime de violences et d’actes de contraintes est illégal. Quand bien même il aurait insulté un policier, cela serait totalement injustifié. Les policiers n’ont le droit de faire usage de la contrainte et de la violence que si cela se justifie et pour cela, il y a des conditions. D’une part poursuivre un objectif légitime, que le moyen ne puisse pas être atteint autrement et que l’usage de la force soit proportionnel. Dans les faits qui sont décrits, l’usage de la force et l’arrestation sont totalement illégaux. Cela devait être une arrestation administrative puisqu’elle a duré 7h et dans ce cas-là, la personne arrêtée doit être informée dans une langue qu’elle comprend des raisons de son arrestation et de sa durée maximale. Ensuite, elle a le droit de prévenir une personne de confiance, avoir droit à un médecin et l’usage de sanitaires. Cette situation semble être totalement abusive et donc j’inviterai M. Murgia à déposer plainte s’il peut prouver ces faits.’

Ce dernier point semble pourtant poser problème. Il est très rare que des affaires de violences policières débouchent sur une condamnation de l’agent accusé, constate M. Lambert. ‘Monsieur Murgia doit prouver que ces violences ont eu lieues et qu’elles étaient injustifiées. Pour cela, il doit rassembler des témoignages, des photos, vidéos, etc. Ensuite, il pourra porter plainte pour essayer d’avoir gain de cause. En sachant que dans ce genre de cas, la police va également déposer plainte contre lui pour rébellion ou pour d’autres faits. C’est une tactique utilisée par les services de police pour discréditer la plainte portée contre eux. C’est un parcours judiciaire assez long et qui est rarement couronné de succès puisque le comité P (la police des polices) fait lui même le constat que les policiers jouissent d’une forme de clémence pénale des tribunaux. Cependant, cette impunité, c’est quelque chose qui existe, mais qu’il faut aussi relativiser. Des policiers sont poursuivis et condamnés dans certains cas, mais cela reste relativement rare.’

‘Il voulait me donner une leçon’ Contacté par nos soins, l’officier de presse de la zone de police concernée M. De Coninck nie les accusations portées à l’encontre des agents de police de Bruxelles-Ixelles. ‘Ces affaires qui concernent la police de la zone Bruxelles-Ixelles sont des affaires mensongères. En ce qui concerne certains médias, ils ne prennent pas toujours en considération ce qui se passe réellement avant de les relayer. Si ces gens se sentent lésé, ils doivent déposer plainte et une enquête sera ouverte. Le problème des violences policières est pris très au sérieux par la police puisqu’à chaque fois qu’il y a une plainte, elle est analysée. Les gens qui accusent sont entendus, l’affaire est analysée et les gens sont pris très au sérieux.’

Afin de limiter ces abus de la part des forces de l’ordre, l’idée d’une caméra qui serait portée pendant leur service par les policiers avait été évoquée il y a quelque temps. ‘On avait parlé de ces bodycam » déclare Manuel Lambert. ‘C’était une proposition de loi qui avait été faite au Parlement, mais qui avait été rejetée. Elle pourrait revenir sous la prochaine législature, mais cela fait l’objet de beaucoup d’oppositions de la part du syndicat des policiers qui estime que ce type de contrôle du travail des policiers est problématique.’

Pour sa part, David Murgia ne compte pas en rester là et est déterminé à faire changer certaines pratiques dont il aurait été victime. ‘La manière dont j’ai été enfermé dans les cachots, la manière dont ces policiers se foutent ouvertement de la gueule des gens qui sont là, c’est effrayant’ nous déclare-t-il. ‘Je me sentais en temps de guerre. Ils pétaient et rotaient et quand je frappais à la porte pour demander une couverture parce que j’étais en t-shirt et que j’avais froid, ils répondent ‘entrez, entrez’. Au moment où j’ai décidé de courber la tête et que je répondais par oui ou par non en écoutant les horreurs qu’il me disait sans réagir, c’est à moment là qu’il m’a dit : ‘c’est comme ça que je veux vous voir sur la voie publique’ et ça m’a vraiment effrayé en tant que jeune homme. J’avais vraiment l’impression qu’il voulait me donner une leçon.’

Une leçon qui risque de coûter cher à l’officier concerné si les faits venaient à être avérés. Après plusieurs reportages diffusés ayant pour but d’améliorer l’image de la police à Bruxelles, celle-ci n’avait certainement pas besoin d’une affaire de ce genre.

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