Dans le fret, « la distanciation sociale est parfois difficile à respecter »
Un secteur invisible pour le plus grand nombre et pourtant essentiel, le transport de fret continue de tourner. Un travailleur de piste de l’aéroport de Bierset pour TNT/Fedex témoigne.
Alex est travailleur de piste chez TNT/Fedex depuis plus 20 ans. Charger et décharger les avions en provenance de nombreux endroits du globe, est son quotidien.
Avez-vous constaté des changements majeurs dans votre travail depuis le début de l’épidémie de coronavirus ?
Oui, il y a plusieurs changements. Beaucoup de pays ont décidé de fermer leur frontière, c’est la plus grosse conséquence sur notre travail, car nous faisons face à 40% de fret en moins. Cela s’équilibre avec le nombre de personnes malades au sein de l’entreprise. Nos conditions de travail ont également changé. Nous devons mettre en place les mesures qui ont été prises par le Conseil national de Sécurité, c’est parfois difficile de les respecter, surtout celle de distanciation sociale. Par exemple, quand vous avez un colis de trente à cinquante kilos à porter, il est parfois difficile de le porter seul et donc la distanciation sociale de 1,5 mètre est plus difficile à respecter. Cependant, nous avons des marquages au sol pour avoir une distanciation raisonnable entre collègues. Au niveau des déplacements, nous utilisons désormais une camionnette de neuf personnes pour trois personnes. Nous avons également reçu des masques et des gels hydroalcooliques pour la quasi-totalité du personnel.
Y a-t-il une surcharge de travail depuis le début de l’épidémie ?
Notre charge de travail n’a pas tellement diminué. Même si nous constatons 40% de fret en moins (surtout venant de la Chine), énormément de personnes commandent des colis. Cela s’équilibre avec la diminution de fret et la diminution de personnel. TNT/Fedex n’a pas encore basculé dans le chômage économie.
Y a-t-il du changement dans le traitement des colis ?
Il n’y aucune mesure qui a été prise concernant les colis. Le fret est différent du transport de passagers au niveau des températures. D’après notre direction, en contact avec les autorités sanitaires ou d’autres experts, le virus ne pourrait survivre lors des vols d’avion de containers.
TNT/Fedex engage-t-il plus d’intérimaires durant cette période ?
En ce qui concerne les intérimaires, nous fonctionnons plutôt par période. De janvier à juin et de septembre à octobre, nous sommes dans une période « normale » d’activité où nous engageons septante à cent-vingt intérimaires. Durant les vacances d’été, de mi-juin à mi-septembre, TNT/Fedex fait appel de deux cents à deux-cent-cinquante intérimaires pour remplacer les personnes en congé. Durant la période de fin d’année généralement les quinze derniers jours de décembre, deux-cents intérimaires sont engagés. Sur notre base de données de plus ou moins six-cents intérimaires, moins de dix personnes nous ont répondu positivement pour renforcer l’équipe. Beaucoup de personnes ne veulent pas venir à cause du coronavirus. Elles ont peur de prendre des risques et de contaminer leurs proches.
Votre métier fait partie du secteur essentiel, comment vous ou vos collègues réagissez-vous face à cette nouvelle ?
Au début, les gens n’étaient pas contents. Une fois que le gouvernement a pris des mesures (masques, gels …), nous avons dû nous faire à l’idée de poursuivre le travail. Maintenant, la plupart d’entre nous sont assez fiers de participer à l’effort. Certains aimeraient demander plus comme une prime, par exemple. La majorité des gens vont avec appréhension au travail. Personne n’est enthousiaste. Il y a un sentiment de malaise. Ce qui est étrange, c’est qu’on n’a pas si peur de l’attraper, mais on ne veut pas amener le virus à la maison, surtout que la plupart des travailleurs ont des parents d’un certain âge et des enfants en bas âge.
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