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Cyberattaques, espionnage, ingérence… la Belgique face à un large éventail de menaces

Plusieurs risques à impact élevé ont une probabilité relativement de survenir en Belgique. En tant que siège d’institutions internationales, la Belgique est particulièrement vulnérable à des opérations d’ingérence et de désinformation.

Cyberattaques, désinformation, ingérence et autres actions malveillantes d’origine humaine constituent les risques les plus probables qui pourraient avoir le plus d’impact sur la Belgique, ressort-il d’une vaste analyse nationale des risques publiée lundi par le Centre de crise National (NCCN) pour la période 2023-2026.

Tous les trois ans, le Centre de crise National coordonne la Belgian National Risk Assessment (BNRA). Cette évaluation nationale des risques détermine de manière scientifique et structurée les risques auxquels la Belgique pourrait être confrontée au cours des trois prochaines années. Au total, 118 risques ont été évalués par 160 experts issus de 140 organisations différentes. Ces risques ont été répartis en sept catégories: risques naturels, risques man-made (d’origine humaine, NDLR), risques technologiques et économiques, risques sanitaires, risques sociaux, cyber-risques et risques émergents.

Selon ce rapport, les risques dits « man-made » ont un impact élevé et une probabilité relativement forte de survenir. Il s’agit, par exemple, des acteurs hybrides (un groupe terroriste ou une organisation criminelle, par exemple), des opérations d’information telles que la désinformation, de l’ingérence étrangère, de l’espionnage et des conflits armés internationaux. Ces risques ne sont par ailleurs « pas directement liés à des attaques, mais plutôt à des tensions géopolitiques et à des stratégies d’influence », estiment les experts. 

En matière d’opération d’information par exemple, les campagnes de désinformation, qui seraient parrainées depuis l’extérieur via les médias sociaux, ont une probabilité « très élevée » de cibler la Belgique, selon l’analyse. Ces opérations, qui pourraient s’étendre sur plusieurs mois, sont susceptibles « d’avoir des conséquences immédiates et créer la panique ». Elles peuvent aussi conduire à ce qu’une plus grande partie de la population s’abstienne de tout esprit critique, met en garde le NCCN. Les opérations d’ingérence et d’espionnage peuvent elles aussi entraîner des conséquences néfastes: érosion de la confiance dans la démocratie, polarisation de la société et perte d’influence au sein de l’UE et de l’OTAN.

La position stratégique de la Belgique comme siège d’institutions internationales la rend particulièrement vulnérable, les effets d’une ingérence pouvant « dépasser les intérêts belges et affecter la communauté internationale ».

Sur le plan numérique, le rapport pointe l’éventail grandissant des menaces. « Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, les cyber-risques sont devenus omniprésents et de plus en plus sophistiqués. Qu’il s’agisse de violations de données, d’attaques par ransomware ou d’espionnage parrainé par un État, les dangers du cyberespace sont multiples et d’une grande portée », expliquent les auteurs.

Par ailleurs, parmi les risques technologiques et économiques, un accident dans une centrale nucléaire, avec relâchement de substances radioactives, aurait le plus fort impact en Belgique, bien que la probabilité d’un tel événement soit « très faible », vu les multiples niveaux de protection et de sécurité pris à titre préventif. Néanmoins, en cas de libération d’agents radioactifs, les personnes qui reçoivent des doses de rayonnement élevées peuvent être confrontées à de graves risques pour leur santé, tels que des blessures et des maladies mortelles. Les personnes concernées devraient alors être évacuées ou hébergées dans une zone sûre. La zone affectée pourrait même devenir inhabitable pendant des siècles.

Le rapport souligne en outre que les maladies infectieuses, typiquement celles qui se transmettent par voie aérienne, demeurent la première menace sanitaire en termes de probabilité. Les nombre élevé de malades et de décès qui en découlerait pourrait alors entraîner « des pénuries de main-d’œuvre et, à long terme, une diminution des performances économiques de la Belgique ».

Face au dérèglement climatique, les experts anticipent une augmentation des épisodes de canicule et de sécheresse en Belgique alors que les inondations, qu’elles soient pluviales, fluviales ou côtières, constituent la menace naturelle aux conséquences les plus dévastatrices pour l’économie. Les inondations côtières sont « encore plus dévastatrices en raison de la concentration des infrastructures le long du littoral et de l’importance du transport maritime », analyse le NCCN.

Enfin, les experts se sont penchés sur les risques émergents. Ces derniers « ne représentent pas encore un danger réel pour la société », mais peuvent avoir un effet positif ou négatif sur les autres risques de la BRNA. Parmi ceux-ci figurent notamment le bio-hacking, l’intelligence artificielle, la technologie blockchain, les cryptomonnaies, l’informatique quantique ou encore la transition énergétique.

Le changement climatique constitue lui aussi un risque émergent et non des moindres. D’après les experts, d’ici 2050, ce phénomène augmentera davantage la présence d’espèces invasives déjà établies et favorisera également l’arrivée de nouvelles espèces. La probabilité de défaillances de digues, et donc d’inondations côtières, grimpera également. L’érosion côtière et les problèmes d’approvisionnement en eau potable seront aussi appelés à s’aggraver. Le changement climatique pourrait en outre rendre certaines régions inhabitables, provoquant des conflits armés internationaux et des mouvements massifs de populations nécessitant une protection internationale.

Face à la « polycrise » et au paysage complexe des risques actuels, les auteurs du rapport appellent à une Belgique plus résiliente. « Comme nous l’avons vu à la lumière d’événements extrêmes tels que les inondations de 2021, la méconnaissance des bons réflexes face au risque peut rendre la gestion des situations d’urgence encore plus difficile. La résilience de la population et des infrastructures face aux différents risques est devenue le mot d’ordre dans notre société, mais il faut continuer à l’intégrer et la développer », concluent les experts.

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