Covid: les mesures sont toujours soutenues, mais plus la politique sanitaire
Les mesures sont toujours soutenues, mais plus la politique sanitaire, écrivent mercredi neuf chercheurs universitaires, se basant sur une enquête à grande échelle menée auprès de 18.659 Belges. Ces derniers ont été interrogés après les récentes décisions du Comité de concertation mi-novembre, fin novembre et début décembre.
Le baromètre, dressé par des chercheurs de l’Ugent, la KUL, l’UCLouvain et l’ULB, montre qu’il existe toujours un soutien pour les mesures sanitaires, mais plus pour la gestion de la pandémie. « La succession à brève échéance des Comités de concertation, qui ont à chaque fois décidé ‘trop peu, trop tard’, montre la nécessité d’élaborer un calendrier décisionnel qui aide le gouvernement à prendre des décisions plus rapidement et de manière plus cohérente », souligne l’étude.
Les chercheurs constatent que, malgré la persistance de la pandémie, « les gens sont cependant toujours prêts à faire des sacrifices pour protéger la santé des autres ». Ainsi, 69% des répondants vaccinés se déclarent « plutôt » ou « fortement » motivés à suivre les mesures. Bien qu’il se soit progressivement réduit, les chercheurs soulignent l’existence d’un « écart comportemental » entre les vaccinés et les non vaccinés. En ce qui concerne la limitation des contacts rapprochés, soit l’une des recommandations du gouvernement, les vaccinés et non vaccinés semblent partager la même perception des risques.
Les chercheurs se sont également penchés sur la conscience des risques d’infection. Les participants vaccinés estiment que les risques d’infection sont plus élevés pour les personnes non vaccinées que pour elles-mêmes. En ce qui concerne les non vaccinés, c’est exactement l’inverse. « La perception des risques chez les personnes non-vaccinées semble détachée de la réalité« , expliquent les chercheurs. « C’est comme s’ils s’imaginaient invulnérables à une infection (grave)« .
Les chercheurs ont par ailleurs comparé la situation actuelle à celle de la deuxième vague. « Il apparaît que tous les indicateurs de conscience du risque se stabilisent, voire diminuent légèrement, après la dernière consultation. L’annonce que nous atteignons le pic de la quatrième vague y est sans doute pour quelque chose », notent les chercheurs.
Les résultats montrent aussi que les répondants respectent les recommandations scientifiques et la politique sanitaire par crainte de tomber gravement malades. Toutefois, ce n’est pas pour autant que la confiance envers le gouvernement et le GEMS est à la hausse. « La baisse de confiance dans la politique mise en oeuvre se traduit par une diminution de la confiance dans l’expertise et les bonnes intentions du gouvernement », précisent les chercheurs. « Le fait que la motivation ait légèrement augmenté depuis la mi-novembre n’est donc pas imputable à la politique, mais est dû à l’augmentation des chiffres d’hospitalisation et à la sensibilisation aux risques qui en découle ».
Dans leurs conclusions, les auteurs de l’étude plaident pour l’introduction d’un « baromètre Covid ». Ces derniers ont déjà émis plusieurs appels en faveur d’un tel baromètre, déjà recommandé par le GEES en juin 2020. Selon eux, cela permettrait, entre autres, de lier le risque épidémiologique à certaines mesures prises.