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Covid : « La hausse du nombre d’hospitalisations a des conséquences majeures pour la grande majorité de nos compatriotes vaccinés »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Face à la hausse du nombre d’hospitalisations, douze établissements hospitaliers belges sont de nouveau contraints de reporter les soins réguliers non urgents. À l’heure où un peu plus de 10% des lits en soins intensifs sont occupés par des patients covid, comment se fait-il que les hôpitaux soient à nouveau obligés d’en arriver là?

704 personnes sont actuellement hospitalisées en Belgique après avoir contracté le coronavirus. Un total en hausse de 7% par rapport à la semaine précédente. Parmi elles, 219 se trouvent aux soins intensifs (+14%). Entre le 2 et le 8 septembre, une moyenne de 70 patients ont été hospitalisés chaque jour. Il y a aujourd’hui environ autant de patients hospitalisés pour cause de covid qu’à la mi-juin de cette année.

L’augmentation du nombre d’hospitalisations contraint 12 établissements hospitaliers belges à reporter les soins réguliers non urgents. En effet, même si la Belgique dispose de 2.000 lits en soins intensifs, qui accueillent aujourd’hui 219 patients Covid, il y a une concentration de patients dans certaines régions. Dans les 12 hôpitaux concernés, le taux global d’occupation par des patients Covid-19 a dépassé 25%. Selon le quotidien De Standaard, il y a 8 hôpitaux bruxellois parmi les 12 établissements concernés.

Aussi le Comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC) appelle-t-il tous les hôpitaux, s’ils ne l’ont pas déjà fait, à passer à la phase 1A du Plan Surge Capacity d’ici le 15 septembre, afin qu’un quart des lits des soins intensifs soient derechef réservés aux patients Covid.

L’augmentation du nombre d’hospitalisations étant soutenue mais lente, l’organe consultatif recommande par ailleurs une étape intermédiaire entre la phase 1A et la phase 1B, jugeant cette dernière trop lourde. Elle réserve en effet la moitié des lits des soins intensifs aux patients Covid-19. Le HTSC ajoute donc, comme il l’avait fait en mars 2021, une phase intermédiaire, la 1A+. Celle-ci prévoit qu’un tiers des lits des soins intensifs soient réservés aux patients Covid-19. Les hôpitaux dont les USI sont remplies au quart de patients Covid-19 doivent prendre les mesures nécessaires pour passer à cette phase intermédiaire dans les 48 heures, souligne-t-il.

Principe de précaution

« Nous appliquons le principe de précaution », déclare Marcel Van der Auwera, chef du HTSC, au Standaard. « Nous ne nous attendons pas à une augmentation exponentielle dans la semaine à venir, mais nous constatons que le nombre de lits occupés augmente chaque jour. Il s’agit de donner aux hôpitaux suffisamment de temps pour se préparer ». Il souligne qu’il n’est pas encore certain que les hôpitaux devront passer à la phase supérieure. Il espère pouvoir reporter ou annuler la mesure.

La répartition des patients est cruciale à cet égard, selon lui. « Seule une répartition optimale, solidaire, dans tous les hôpitaux, peut garantir les soins réguliers des patients non-Covid », poursuit-il. « Le plan de répartition est un élément essentiel pour garantir la qualité des soins aux patients Covid et non Covid, mais aussi pour répartir la charge de travail et réduire la pression sur le personnel et les institutions. »

Motivation au plus bas

Margot Cloet, la présidente de leur organisation coupole Zorgnet-Icuro, souligne que le passage à une phase supérieure exige à nouveau un effort considérable de la part des hôpitaux qui doivent se réorganiser. « La motivation est au plus bas. Beaucoup n’apprécient pas que les non-vaccinés mettent à mal la santé publique des autres. »

« Ce sont les personnes qui ne sont pas vaccinées qui se retrouvent à l’hôpital, voire en soins intensifs. Il n’y a qu’occasionnellement des patients qui sont déjà partiellement ou totalement vaccinés », explique-t-elle. « Chaque individu doit prendre ses responsabilités pour augmenter l’immunité du groupe. Il est regrettable que certains ne le fassent pas. »

C’est effectivement là que le bât blesse, et particulièrement à Bruxelles. Malgré les efforts considérables de la Cocom (Commission Communautaire Commune) pour sensibiliser un maximum de personnes, le taux de la vaccination dans la capitale reste bas par rapport à l’ensemble de la Belgique. À ce jour, seule 50% de la population bruxelloise est complètement vaccinée, contre 77% en Flandre, et 66% en Wallonie.

Conséquences majeures pour les vaccinés

Gert Van Assche, médecin en chef de l’UZ Leuven, ne cache pas son mécontentement. « L’augmentation du nombre de patients gravement malades atteints de covid dans certaines régions comme Bruxelles était, à notre avis, évitable. Et cela a des conséquences majeures pour la grande majorité de nos compatriotes vaccinés. », déclare-t-il à la VRT.

Pour éviter que les personnes vaccinées paient les pots cassés, il plaide pour une obligation vaccinale. « La Flandre est championne du monde en couverture vaccinale. Nous pouvons au moins nous attendre à ce que cela augmente dans le reste du pays. Si une demande aimable ne suffit pas, il faudra instaurer l’obligation. »

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