Jacxsens Dirk
Covid: « Des millions d’enfants brisés par la pauvreté (carte blanche)
A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant célébrée ce 20 novembre, le Directeur général de l’UNICEF Belgique, souligne l’impact de la crise du COVID-19 sur les enfants et les familles les plus vulnérables en Belgique et dans le monde.
117 millions d’enfants supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à la suite de la pandémie de COVID-19. Le chiffre est colossal. Il porterait à 700 millions le nombre d’enfants de 0 à 18 ans pauvres sur la planète. Le désastre sanitaire est réel et justifie, bien sûr, une action et des contre-mesures. Mais les effets de la crise économique et sociale qui s’annoncent doivent d’abord être mieux connus et nous pousser à agir ensemble au plus vite.
Derrière ces chiffres un peu abstraits -700 millions – on trouve autant d’histoires très concrètes de droits bafoués, d’innocences brisées et aussi de ventres creux. Mais la pauvreté n’est pas qu’une question de revenu : 15% d’enfants supplémentaires ont été plongés dans la pauvreté multidimensionnelle cette année, portant leur nombre à 1,2 milliard d’enfants. Ce sont des enfants privés d’accès à des droits essentiels, comme l’eau potable, la nourriture, un logement ou l’accès aux soins et à l’éducation. Ces chiffres nous obligent à affronter cette réalité, à l’aborder de manière frontale.
La contraction de l’économie et les mesures de confinement ont eu un impact dévastateur sur le bien-être de millions d’enfants, un peu partout sur le globe. De 1990 à 2015, un milliard de personnes avaient pu s’extraire de l’extrême pauvreté. En un clin d’oeil, ces progrès risquent d’être balayés, dans le sillage de la pandémie de COVID-19.
La crise économique va faire enfler les rangs des plus précaires et frappe en premier lieu les enfants et les familles les plus vulnérables. Les pertes d’emploi des parents conjuguées aux fermetures d’écoles et aux mesures de confinement ont poussé certains enfants vers le travail, les tâches ménagères ou le mariage. Le lien avec l’école est parfois brisé à jamais, alors que l’éducation est souvent le seul moyen d’échapper aux cercles vicieux de la pauvreté.
Cette tempête de la Covid-19 s’abat sur un terrain parfois déjà fragilisé. 1 enfant sur 5 dans notre pays et 1 enfant sur 3 dans le monde grandit dans la pauvreté. Cette situation exceptionnelle nécessite des mesures exceptionnelles.
La pauvreté est un phénomène multidimensionnel et nécessite des réponses multisectorielles. Elle affecte le droit des enfants à l’éducation, on l’a vu, mais aussi le droit à la survie, à la santé, le droit au jeu, l’accès à l’eau, au logement. Mais la santé mentale des enfants risque de ne pas être épargnée non plus par cet accroissement soudain de la pauvreté, dans la mesure où/puisqu’elle porte atteinte à leur développement leur développement.
UNICEF Belgique lance donc un appel à se mobiliser.
Les mesures envisagées par les pays riches pour contrecarrer cette extension de la pauvreté doivent prendre en compte les leçons du passé. Après la crise de 2008, les dépenses consacrées aux enfants ont subi de plein fouet les mesures d’austérité budgétaire qui ont marqué la vie de nombreux pays. Les réponses à la crise actuelle doivent remettre les enfants au centre.
La lutte contre la pauvreté infantile passe par le renforcement des allocations et des programmes de protection sociale pour tous les enfants et leurs familles, le renforcement des services de santé et d’éducation de qualité pour tous les enfants, le soutien direct aux familles, la participation des populations touchées par la pauvreté aux politiques qui les concernent et la protection des budgets alloués à la protection sociale en Belgique et dans l’aide publique au développement.
Avant l’apparition du coronavirus, deux enfants sur trois dans le monde étaient exclus de toute protection sociale. Dans les pays les plus pauvres, fragilisés par la dette, l’aide internationale au développement est primordiale. L’objectif bien connu d’allouer 0,7% du revenu nationale brut à l’aide publique au développement ne peut être négligé.
Les dépenses exceptionnelles liées à la pandémie seront peut-être suivies de coupes budgétaires dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la protection sociale ou encore de la solidarité internationale. Il s’agirait d’un risque majeur pour les enfants et les familles car la pandémie a prouvé qu’il est primordial de développer des solidarités fortes face à des menaces communes. UNICEF Belgique a lancé un agenda en 5 points pour protéger les enfants et les familles de la pauvreté et donner une chance à chaque enfant.
A l’heure où la pandémie de COVID-19 menace de détruire des années de progrès dans la réduction de la pauvreté, les gouvernements ont plus que jamais intérêt à renforcer le système de protection sociale. C’est maintenant ou jamais. Nous demandons à toutes et à tous de mettre tout en oeuvre pour éliminer la pauvreté infantile en Belgique et dans le monde et de protéger ainsi les enfants et les familles les plus vulnérables. En unissant nos forces, nous pouvons inverser la tendance et offrir un avenir meilleur à nos enfants.
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