Covid: comment la Wallonie tente de dépasser l’hésitation vaccinale (infographies)
En Wallonie, 30,1% des adultes ont reçu une première dose de vaccin Covid. Comme à Bruxelles, certaines communes ont une couverture vaccinale plus importante que d’autres. Analyse.
Jusqu’à présent, en Belgique, 2.748.282 personnes ont reçu une première dose de vaccin et 754.153 ont reçu les deux doses nécessaires. C’est surtout le rythme d’administration de la première dose qui s’accélère : 85,7% des 85+ sont ainsi partiellement vaccinés, de même que 89,2% des 75-84 ans. Ils sont 41,1% de plus de 85 ans à avoir également reçu la deuxième dose.
Si la campagne de vaccination en Belgique progresse, on est encore loin de l’objectif de 70% de couverture vaccinale chez les plus de 18 ans: 29,9% de la population adulte a reçu une première dose, tandis que 8,2% ont reçu les deux doses requises pour les vaccins actuellement administrés en Belgique (Pfizer, Moderna et AstraZeneca).
Bruxelles et la Wallonie à la traîne ?
Que ce soit pour la première ou la deuxième dose, on note toujours des différences entre les régions. Pour rappel, les données sont enregistrées sur base du lieu de résidence et non du lieu de vaccination. Ainsi, la couverture vaccinale de la première dose chez les plus de 18 ans est de 30,7% en Flandre, 30,1% en Wallonie et 23,4% à Bruxelles. Une différence pointée par le ministre-président flamand, Jan Jambon (N-VA), pour qui cette différence risque de poser problème lorsqu’il s’agira de décider de nouveaux assouplissements. Des propos qui ont fait vivement réagir.
Il faut dire que certaines communes flamandes présentent une couverture vaccinale des personnes à risque impressionnante, dépassant les 90%. Un score difficilement atteignable dans les autres régions. « Je ne suis pas sûre qu’on atteindra un tel niveau, même si on l’espère » nous confie Stéphanie Wilmet, porte-parole du cabinet de la ministre de la Santé Christie Morreale. « Dans les différentes enquêtes d’opinion, la Wallonie et Bruxelles ont toujours eu des intentions de vaccination moins élevées. La Wallonie est aussi limitrophe à la France, on a une culture d’imprégnation française et ils ont un solide terreau d’anti-vaccins. Ce facteur joue aussi. Il y a plus d’effort à déployer pour convaincre les gens en Wallonie qu’en Flandre ».
Cependant, la Wallonie n’est pas autant à la traîne qu’il n’y parait. L’objectif était d’atteindre l’immunité collective à 70%. « Dans les groupes qu’on vaccine actuellement, on y est. » Les chiffres du jour actualisés par Sciensano montrent en effet que 74,4% des 85+ sont vaccinés en Wallonie (92,6% en Flandre et 70,9% à Bruxelles). Pour les 75-84, le taux est même de 80% en Wallonie (95,4% en Flandre et 70,9% à Bruxelles).
Les grandes villes font moins bien
La Région bruxelloise donnait ce lundi un début d’explication à ces différences régionales : certaines communes ont un taux de vaccination bien plus élevé que d’autres. C’est également le cas en Wallonie, comme le montre cette carte des communes wallonnes indiquant la couverture vaccinale chez les plus de 18 ans au 26 avril. Ces taux sont un instantané et sont bien sûr amenés à évoluer, mais la différence entre les communes est assez éclairante.
C’est dans les communes de Vresse-sur-Semois (48,4 %), de Daverdisse (45,2 %) et de Gedinne (43,1 %) que la couverture vaccinale en première dose des plus de 18 ans est la plus élevée. De l’autre côté du classement, on retrouve Farciennes (15,9%), Brugelette (17,5%) et Charleroi (18,4%).
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Globalement, la couverture vaccinale est moins élevée autour des grandes villes comme Liège et Charleroi. Pourquoi ? « Le centre de Charleroi par exemple a eu des petites difficultés au démarrage, mais maintenant ça va beaucoup mieux. À Liège, il y a eu une grève de la poste pendant un mois au début de la campagne de vaccination. Les courriers ont été bloqués, et les codes sont arrivés déjà périmés chez les gens. Il y a donc peut-être eu un handicap de départ qu’on doit continuer aujourd’hui à résorber. Mais ce n’est pas le seul facteur », explique la porte-parole.
La Région bruxelloise justifie la différence entre communes notamment par le niveau socioéconomique. Pour la Wallonie, « certains indicateurs le montrent mais je n’ai pas l’impression que ce soit une tendance si marquée. Mais c’est vrai que dans certaines de ces zones, il y a moins de vaccination. Mais est-ce qu’il y a une corrélation ? C’est encore un peu trop tôt pour le dire. »
Une influence multiple
Pourquoi Vresse-sur-Semois ou Daverdisse ont-elles une couverture vaccinale plus élevée ? Pour Stéphanie Wilmet, l’explication est multifactorielle et peut varier d’une commune à l’autre. « On peut avoir une population plus âgée dans une commune, un centre à proximité qui favorise les déplacements des gens, des centres qui ont plus ou moins vite démarré que d’autres, un taux d’adhésion différent … Tout cela peut influencer le taux de progression de la vaccination. On ne sait pas avoir une raison par commune, c’est encore trop tôt. »Néanmoins, la seule explication d’une population plus âgée ne tient pas : des communes avec une moyenne d’âge similaires présentent des taux très différents.
L’implication et la pédagogie jouent également un rôle primordial. « On l’a vu avec les maisons de repos. Celles qui ont eu le meilleur taux de participation sont celles qui ont mis en place des mécanismes d’information et de sensibilisation internes. Cela a permis d’expliquer et de répondre aux questions et craintes. Ceux qui ont joué sur la pédagogie ont vu leur taux augmenter. »
Médecin généraliste, un rôle pivot
Malgré cela, la Wallonie est confiante : plusieurs outils se mettent en place pour accélérer la vaccination et atteindre les personnes qui ne le sont pas. « Ce qui compte pour nous aujourd’hui, c’est de faire monter les chiffres. La campagne n’est pas finie, on n’a pas du tout fini la campagne chez les 65+. Plusieurs choses sont également mises en place, comme un nouveau tour chez les plus de 80 ans pour ceux qui ont raté leur première occasion, avec l’opération Revax 80+. »
Autre point crucial pour toucher une population plus difficile à atteindre : les campagnes mobiles. « On a autorisé les médecins généralistes à venir chercher des doses de vaccin avec l’accord du centre de vaccination. On a démarré en mode mineur, pour attendre l’arrivée du vaccin de Johnson & Johnson, unidose et donc plus facile en termes de logistique. On va commencer la vaccination à domicile en mode majeur cette semaine. » La porte-parole insiste également sur le rôle clé des médecins généralistes. « Ils doivent être ambassadeurs et acteurs. C’est un canal fondamental, car c’est la personne hors famille et amis en qui les gens ont le plus confiance. La parole du médecin a une valeur énorme. »
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