Coronavirus : pourquoi la stratégie de testing sombre dans le chaos en Belgique?
Alors que le testing est censé être un pilier majeur dans la lutte contre le coronavirus, il est devenu de plus en plus compliqué de se faire tester. Il faudrait actuellement entre 4 et 10 jours pour obtenir un résultat.
« Le testing et le tracing manquent d’efficacité alors que ce sont des stratégies très importantes dans la prévention », alertait hier Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB, à la RTBF. Le temps d’attente est en effet beaucoup trop long, ce qui permet la transmission du virus, selon lui. Il serait actuellement en moyenne de 4 à 10 jours, alors que la quarantaine est officiellement de 7 jours. Un non-sens parfaitement illustré par le comédien liégeois Bouli Lanners qui se fend d’un énième coup de gueule aux autorités depuis le début de la crise.
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Alors qu’il ressentait des symptômes liés au coronavirus, le comédien reçoit un certificat de son médecin pour se faire tester. Or, les trois grands hôpitaux de Liège sont déjà soit complets à 8h30, soit surchargés. Même son de cloche du côté des laboratoires privés où il faut parfois attendre trois ou quatre jours pour avoir un rendez-vous.
Une fois le test effectué, les patients ne sont toutefois pas au bout de leur peine puisqu’il faut encore attendre 48 à 72 heures pour avoir les résultats. S’ils ne jouent pas de malchance et que leur test n’a pas été égaré, comme nous l’avons entendu dans certains témoignages à Bruxelles.
Les délais sont devenus tellement longs qu’ils dépassent la quarantaine officielle. Les personnes asymptomatiques ou qui ont très peu de symptômes sont donc très tentées de reprendre une vie normale avant même d’avoir reçu leur résultat, alors qu’ils sont peut-être contagieux.
Les pouvoirs politiques demandent aux citoyens « d’agir de manière civique, mais comment le faire alors qu’on ne leur donne pas les outils ? », s’interroger Bouli Lanners.
Introduire les tests rapides
Les tests antigéniques pourraient avoir une place stratégique dans les screenings de masse pour voir comment le virus circule dans la population. C’est discuté actuellement en Belgique, a confirmé lundi Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19. Ces tests rapides permettent d’avoir un premier résultat endéans le quart d’heure.
Ils restent moins sensibles qu’un test PCR classique, mais s’ils sont positifs, la charge virale est importante et cela signifie que la personne est contagieuse. S’ils sont négatifs et que la situation clinique fait planer le doute sur la réalité d’une infection au Covid, à ce moment-là, on pourrait envisager un prélèvement de type PCR.
Faire évoluer la stratégie de testing pourrait être déterminant pour reprendre le contrôle de l’épidémie avant la saturation des hôpitaux.
Selon Yves Coppieters, il faut en effet ajouter les tests rapides à la stratégie de lutte contre le coronavirus. Beaucoup de pays européens l’ont d’ailleurs déjà fait. Les Pays-Bas en ont commandé deux millions, la France cinq millions et l’Allemagne neuf millions. Aux dernières nouvelles, la Belgique n’en avait acheté aucun.
Interrogé par Het Laatste Nieuws, le ministre fédéral de la Santé publique Frank Vandenbroucke (sp.a) a confirmé que la Belgique n’avait pas encore passé commande. « Ces tests sont en cours de validation. Ce n’est qu’une fois le processus terminé que nous déterminerons quelle sera la meilleure manière de les utiliser. Nous nous concerterons avec les experts », a-t-il expliqué la semaine passée.
Une stratégie d’achat pourrait être envisagée fin octobre. Il restera alors à voir si le stock n’est déjà pas épuisé.
Augmentation de capacité à Bruxelles
Ce mardi, la Région bruxelloise a revu à la hausse sa capacité de test, avec l’ouverture de sept nouveaux centres de dépistage dédiés au Covid-19 pour des personnes asymptomatiques et légèrement symptomatiques. Ces nouvelles unités prennent place à côté des centres de test actuels dans les hôpitaux, qui vont se convertir au fur et à mesure en centres de test pour les personnes très symptomatiques.
https://twitter.com/michelgeyer/status/1316675082446659584Michel Geyerhttps://twitter.com/michelgeyer
En commission #COVID, le bourgmestre de Bxl @PhilippeClose annonce l’ouverture prochaine d’un grand centre de testing sur le plateau du Heysel. @BX1_Actu
— Michel Geyer (@michelgeyer) October 15, 2020
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Pour faciliter la tâche des personnes cherchant un centre de test, une plateforme de prise de rendez-vous, simple d’utilisation et sécurisée, a été mise en place.
La situation est-elle différente en Flandre ?
Si la Flandre semble être plus épargnée que le sud du pays et Bruxelles en ce moment, mais ce n’est peut-être qu’une impression. En effet, plusieurs raisons peuvent expliquer cette différence, selon Yves Coppieters.
D’abord, il faut se méfier du taux d’incidence (nombre de cas par 100.000 habitants), car il y a un certain retard dans les notifications de cas de la part des laboratoires flamands.
La Flandre a aussi commencé son pic plus tôt, rappelle le spécialiste. Fin août et début septembre en effet, la Flandre était beaucoup plus touchée que la Wallonie et Bruxelles. À ce moment-là déjà des mesures ont été prises au nord du pays et pas dans les autres régions. « Peut-être que sur l’ensemble de la période on aura la même incidence dans toutes les régions », explique Yvers Copiters.
Mais les variables qui changent peut-être véritablement la donne sont le testing et le tracing qui sont en effet des compétences régionales. Est-ce que cela fonctionne vraiment mieux en Flandre ?
La Flandre aurait mis en place un système de testing et de suivi de contacts plus efficace et plus rapidement au moment où l’épidémie reprenait de leur côté. « A? Bruxelles, ces instruments ne sont pas encore bien déployés, mais en Wallonie c’est encore pire. Le système n’est absolument pas performant », regrette Dirk Devroey, professeur en médecine générale a? la VUB, à nos confrères de Het Laatste Nieuws.
Les prochains jours risquent d’être déterminants pour modifier la stratégie et reprendre le contrôle de l’épidémie. De nouvelles mesures devraient en tout cas être prises par les autorités. Un Comité de concertation est d’ailleurs prévu ce vendredi.
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