La nouvelle cité administrative, au départ très contestée par l'opposition. © HATIM KAGHAT POUR LE VIF/L'EXPRESS

Communales 2018 : Braine-l’Alleud repense sa gauche et son centre

Pierre Jassogne Journaliste Le Vif/L’Express

Pour Vincent Scourneau, l’enjeu est simple : briguer un quatrième mandat. Mais le bourgmestre pourra-t-il conserver sa majorité absolue, sans son partenaire socialiste ? Tel sera le défi du réformateur sortant.

La surprise. Olivier Parvais, chef de file du PS et actuel président du CPAS, ne se présentera pas aux prochaines élections communales. Un coup de tonnerre dans le paysage politique brainois et une première surprise dans cette campagne. Après vingt-quatre années passées au collège communal, celui qui avait réalisé le deuxième meilleur score en 2012 sur la liste du bourgmestre, le MR Vincent Scourneau, a décidé de se retirer de la vie politique. Son départ signe la fin probable de la majorité MR-PS qui dure depuis 1983.

Les divergences entre les deux partis gagnaient en importance depuis plusieurs mois et, contrairement au dernier scrutin, le PS avait cette fois décidé de présenter sa propre liste avec, pour la mener, nul autre qu’Olivier Parvais. Mais l’homme en a décidé autrement, tout en souhaitant soutenir les candidats socialistes qui se présenteront devant l’électeur en octobre 2018.

Si le MR conserve un poids considérable et une majorité absolue depuis 2006 avec 18 élus sur 33, une majorité alternative et progressiste pourrait faire chavirer l’espoir de Vincent Scourneau de briguer un quatrième mandat. Vissé à son siège, l’homme se dit prêt à collaborer avec tout le monde, mais sur la base d’un solide projet pour les 40 000 habitants que compte la commune.

L’enjeu. Pour le bourgmestre, l’enjeu est la mobilité – pour sa commune comme pour le reste du Brabant wallon.  » Avec un nombre stupéfiant de véhicules qui s’élève à plus de 38 500 pour 40 000 habitants, il convient de prendre ce problème à bras-le-corps « , ose Vincent Scourneau. Notamment avec la nouvelle voirie de rattachement du centre-ville à la chaussée de Tubize.  » Cette route bas carbone désenclavera le centre de la commune et permettra un accès plus direct aux grands axes, contribuant donc à une réduction des distances, des embarras de circulation et de l’empreinte carbone, ce qui justifie l’obtention d’une enveloppe européenne. C’est la première fois que l’Europe reconnaît ce type de logique et cela a surpris beaucoup de monde.  »

Pour accompagner ce défi, la commune entend également promouvoir la mobilité douce :  » L’objectif à court terme est d’atteindre 50 kilomètres de pistes cyclables en site propre. Nous offrons également des primes à l’achat d’un vélo, électrique ou non, afin d’inciter à l’utilisation de ce moyen de déplacement.  » La commune a aussi conclu une convention avec une société pour la mise à disposition de voitures électriques à partager,  » mise à disposition que nous allons également implanter pour les vélos « , poursuit le bourgmestre.

Dans les dossiers pour l’avenir, Vincent Scourneau pointe aussi le futur du centre-ville. Une grande surface de 650 mètres carrés est annoncée, ainsi qu’une nouvelle Grand-Place. Preuve de ce renouveau : l’ancien chancre du lycée royal a été complètement rasé et sera reconverti en un ensemble combinant commerces et logements, avec parking en sous-sol. Avec ce projet, il s’agit de mieux relier le pôle artistique et santé de la commune avec les autres grandes surfaces commerciales et la gare. Le tout se regroupera sur la Grand- Place qui devrait devenir une place des arts, tandis que la place de la Cure se transformerait en nouvelle Grand-Place.

Une réflexion née après le départ de l’administration communale vers le parc de l’Alliance. Une nouvelle cité administrative qui a donné une certaine dynamique à la ville.  » C’est sans aucun doute le projet qui a été le plus contesté par l’opposition et qui s’est transformé en vraie réussite. Moderniser l’administration, regrouper six bâtiments dans un seul pour que tout le personnel communal soit réuni me semblait une évidence en matière d’efficacité et de coûts.  » Quant à l’ancien hôtel de ville, il deviendra une maison des associations.

Une majorité alternative et progressiste pourrait faire chavirer le bourgmestre Vincent Scourneau.
Une majorité alternative et progressiste pourrait faire chavirer le bourgmestre Vincent Scourneau.© HATIM KAGHAT POUR LE VIF/L’EXPRESS

L’échec. Dans l’opposition, Ecolo, mené par Corentin Roulin, s’inquiète de voir Braine-l’Alleud devenir de plus en plus une  » ville à la ville, et non plus vraiment à la campagne « .  » Etre proche de la capitale entraîne une pression démographique, avec des conséquences évidentes sur la mobilité et le logement. Aujourd’hui, la majorité n’arrive pas à maintenir un équilibre entre le dynamisme urbain, notamment économique, et la préservation de la ruralité. Quant au centre-ville, il est dans une forme de léthargie. Il manque un vrai projet pour la commune qui lui donnerait son identité « , reproche l’écologiste.

Selon Corentin Roulin, cet échec est dû à la manière dont la commune est gérée :  » Braine-l’Alleud fonctionne à l’ancienne, un peu en affaires courantes. Avoir un budget à l’équilibre ne fait pas une politique. C’est de la pure gestion. Puis, surtout, on ne demande pas leur avis aux citoyens. Une de nos priorités, c’est une meilleure gouvernance : il faut changer la manière dont les décisions sont prises, et je doute que ce soit possible avec le MR actuellement.  » Ecolo compte surtout faire mieux qu’en 2012 et recueillir plus de 20 % des voix,  » en jouant un rôle moteur dans l’alternance politique brainoise, d’autant que les cartes ont été rebattues depuis quelques semaines « .

Du côté d’Intérêts Brainois (CDH), tirée par Olivier Vanham, l’enjeu est surtout de gérer la bruxellisation de la commune.  » Ce phénomène se ressent notamment sur le logement et son accès toujours plus compliqué, d’autant que la majorité a fait le choix du 120 mètres carrés pour les nouveaux appartements. De facto, le prix au mètre carré pour un appartement est devenu hors de prix pour de nombreux habitants « , dénonce le conseiller communal.  » L’argument de la commune est celui de la qualité, par rapport à la quantité. C’est un discours trompeur puisque tout le monde sait qu’un appartement de 60-70 mètres carrés correspond à de très nombreuses situations, notamment aux familles monoparentales, aux seniors, aux jeunes couples… Du 120 mètres carrés, ce n’est pas de la qualité, c’est seulement viser une population aisée et avec elle, le renforcement de l’électorat pour la majorité en place « , reproche-t-il encore.

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