Commission spéciale coronavirus: pour une analyse interfédérale de la crise
Plusieurs députés ont demandé un large débat sur tous les niveaux de pouvoir. Les experts, en présentant leur rapport, acquiescent. Le président Robby De Caluwé (Open VLD) met en garde les députés contre les fuites. Un clash MR/PTB. Des débuts nerveux.
Robby De Caluwé, président Open VLD de la commision spéciale du parlement pour le coronavirus, a entamé les travaux publics de la commission spéciale de la Chambre, a entamé les travaux publics, ce vendredi matin, par une mise en garde à l’égard de députés à la source de fuite vers la presse. « Certaisn experts ont appris par la presse qu’ils allaient être contactés », dit-il. Cet été, il avait été question de la nomination éventuelle du virologue réputé Peter Piot (ancien patron d’Onusida), qui a décliné, faute de temps.
« Nous travaillerons dans la plus grande transparence, mais certaines informations peuvent léser les intérêts de notre pays », ajoute-t-il. En précisant que les auteurs de fuite peuvent être l’objet de sanctions et qu’il ferait un rapport en ce sens.
Les travaux de la commission spéciale débutent par l’examen de la ligne du temps établie pour les travaux.
Plusieurs groupes ont émis des souhaits. Le MR, notamment, qui crainte d’être pris pour cible prioritaire, s’étonne de certains formulations, en demandant de cantonner l’examen aux matières fédérales. « La notion interfédérale est importante »,ajoute toutefois Mathieu Bihet (MR). « Ne prenons pas en compte que le volet fédéral’,demande Catherine Fonck (CDH). « Il est important de coordonner nos travaux avec les autres commissions installées dans les entités fédérées, ajoute Sophie Rohonyi, le fédéral reste compétent pour la gestion urgence d’une telle épidémie. » Les experts ont soutenu cette vision des choses.
Le climat de la commission est tendu.
Un incident linguistique en témoigne. La N-VA Kathleen Depoorter s’étonne de ne pas avoir reçu les documents préalables en français, arrivés jeudi. « Pourtant, il n’y a pas encore de gouvernement sans majorité flamande », ironise-t-elle. Michel De Maegd (MR) souligne que cela arrive aussi avec des documents en néerlandais, que personne n’en fait un incident et qu’il peut y avoir de la lenteur dans la traduction. « La traduction est demandée », confirme Robby De Caluwé.
Le bras de fer MR/PTB illustre aussi cela. Michel De Maegd (MR) met en garde contre les insinuations du PTB, qui dénonce la lenteur avec laquelle certains documents arrivent, et de ses penchants « complotistes. Le député libéral regrette que la députée du PTB ait brisé le huis-clos sur les réseaux sociaux. « Tout le monde sait que M. De Maegd et Mme Merckx ne partiront pas en vacances », ironise Patrick Prévot (PS).
Les travaux de la commission devraient débuter par une audition des responsables de l’antenne locale de l’Organisation mondiale de la santé et les relations entre la Belgique et les instances internationales. La ligne du temps proposée par Laurence Hennuy (Ecol) est une base de travail, s’entendent les débutés, mais suggèrent une évaluation. Certains estiment notamment que la question de la saga des masques, des tests ou du tracing arrive un peu tard dans son agenda. Là aussi, les experts ont suivi ce sentiment.
Par ailleurs, les trois experts chargés d’accompagner les travaux de la commission spéciale, l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), l’infectiologue Leila Belkhir (UCL) et la consultante en gestion de risque et sécurité Floor Lams, ont présenté leur rapport définitif aux députés. Ils ont à nouveau mis en évidence de nombreux manquements dans la gestion de la crise du coronavirus.
« Dire que l’on ne savait rien en mars, c’est tout à fait faux », a lancé Yves Coppieters. « Mes collèges experts avaient déjà alerté dès le 4 mars sur le fait que le coronavirus tuait 5 fois plus que la grippe saisonnière et que l’âge était un facteur de risque important. Mais on a observé peu de réactions des responsables politiques et des personnes qui les conseillaient. Elles n’étaient pas convaincues, malgré les éléments qui arrivaient de Chine et ce que l’on pouvait observer en Italie. (…) Il n’y a eu aucune instruction pour les retours de congés de carnaval. »
Selon l’infectiologue, il est nécessaire de « revoir le suivi épidémiologique des maladies infectieuses ». « On s’est concentré sur des indicateurs hospitaliers, alors qu’il faut surtout suivre l’incidence (les nouveaux cas dans la population). Cette situation est l’une des causes qui nous ont menés droit au confinement. » M. Coppieters a une nouvelle fois pointé l’absence de diversité dans les disciplines représentées dans les experts officiels et dénoncé l’absence d’un « chef de file » dans la coordination.
« Certains députés voudraient ne parler que de ce qui relève du fédéral », a renchéri Leïla Belkhir. « Or, en santé, tout est imbriqué ». L’infectiologue est revenue sur le plan pandémie créé en 2006 et qui n’a pas été activé. « Les personnes qui ont établi ce plan n’ont pas été recontactées et ce groupe n’a pas été remis en place. » Elle a aussi critiqué la pénurie de matériel et l’absence de communication en dehors de canaux classiques que sont la radio ou la télévision. Floor Lams a de son côté pointé à nouveau le manque de coordination, notamment avec les Régions, suggérant de « créer un organe d’étude chargé d’évaluer la gestion d’une crise ». La prochaine séance de la commission aura lieu le 18 septembre avec une audition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
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