Comment la N-VA détourne l’enquête citoyenne de la Vivaldi
Les personnes qui cherchent la page de l’enquête citoyenne ‘Un pays pour demain’ (en néerlandais) sur Google tombent souvent sur de la publicité de la N-VA en premier résultat. « Intelligent de la part du parti », déclare l’expert en communication politique Reinout Van Zandycke.
Le gouvernement fédéral lance une enquête en ligne afin d’avoir une meilleure idée de l’organisation de la Belgique et du fonctionnement de la démocratie. Sous le titre « Un pays pour demain », les ministres responsables Annelies Verlinden (CD&V) et David Clarinval (MR) espèrent déclencher un « brainstorming » parmi les citoyens. À l’automne, ils apporteront les résultats de l’enquête à la table du gouvernement.
Dès le début, l’opération a rencontré des difficultés. Tant la plateforme citoyenne G1000 que des universitaires tels que le recteur de l’université de Gand, Rik Van de Walle, ont critiqué la structure complexe de l’enquête. Selon Verlinden, cette complexité était en partie due à la complexité de la Belgique.
En attendant, certains ajustements ont déjà été effectués en termes de lisibilité et d’accessibilité. Il y a une semaine, « Un pays pour demain » a recueilli 50 000 idées auprès de 15 700 participants. L’enquête se déroule jusqu’au 5 juin.
L’opposition a également fustigé le projet de plus de 2 millions d’euros. Le député Sander Loones (N-VA) parle d’ « argent jeté par les fenêtres ».
Confédéralisme
Cependant, les critiques ne se limitent pas à la Chambre. En ligne aussi, les nationalistes flamands tentent de s’approprier l’exercice de la Vivaldi. La méthode : les annonces Google.
Les internautes qui saisissent des termes de recherche (en néerlandais) tels qu’ »enquête sur la citoyenneté » ou « pays pour demain » dans Google voient généralement apparaître une publicité de la N-VA. En fonction de divers paramètres, leur publicité apparaît parfois comme le premier résultat de recherche. La publicité d’un parti d’opposition est ainsi mieux classée qu’une enquête officielle du gouvernement fédéral, qui, soit dit en passant, annonce également sur Google.
La publicité de la N-VA mène, via le lien « landvoordetoekomst.vlaanderen » (NDLR : pays pour demain.flandre), au site web du parti, où Sander Loones explique pourquoi l’enquête ne serait pas valable. Les internautes se voient également proposer un lien vers les positions des partis sur le confédéralisme. La campagne a débuté le 26 avril, le lendemain du lancement de « Un pays pour demain ».
« Cette tactique correspond à la communication politique moderne », déclare l’expert Reinout Van Zandycke. En outre, le coût n’est pas trop élevé. Selon Google, l’annonce a coûté entre 500 et 30 000 euros. Le prix réel n’est probablement pas supérieur à 1 000 euros. Et Google reste l’un des sites web les plus visités. C’est intelligent de la part du parti », estime Van Zandycke.
Budgets faramineux
Toutefois, il n’est pas sûr que l’annonce soit vue par beaucoup de gens, et encore moins qu’elle récolte beaucoup de clics. Google ne donne pas de détails, mais il parle de moins de 10 000 affichages. Il y a donc peu de gens qui vont taper ‘pays de demain’ », explique Reinout Van Zandycke. « De plus, nous savons, grâce à d’autres campagnes, que les gens ne cliquent pas nécessairement plus sur les annonces que sur le résultat de recherche gratuit qui se trouve, par exemple, en quatrième position. »
La N-VA est loin d’être le seul parti à être prêt à dépenser de l’argent pour les résultats de recherche Google. Il est possible, par exemple, que le site web du parti Groen apparaisse en bonne place lorsque vous recherchez « déchets nucléaires ».
Le budget des annonces Google est de la petite bière par rapport à d’autres plateformes, comme YouTube. Dans ce cas, les internautes qui ne font pas de recherche sur un terme spécifique tel que « déchets nucléaires » voient également des publicités, et la portée potentielle est donc plus grande.
Les budgets sur Facebook et Instagram sont également très élevés. Les recherches menées par l’organisation AdLens révèlent que l’année dernière tous les partis réunis ont dépensé 4,7 millions d’euros en campagnes publicitaires sur Facebook, Instagram et Messenger.
La N-VA, le Vlaams Belang et le PTB utilisent les publicités en ligne depuis des années, même en période sans élections. « Surtout depuis que la N-VA ne fait plus partie du gouvernement fédéral, elle mise massivement sur la publicité », dit Van Zandycke. Les autres partis la suivent.
En même temps, la Chambre envisage des règles plus strictes pour l’utilisation des réseaux sociaux. Cette discussion s’inscrit dans un débat plus large sur le financement des partis. Récemment, le gouvernement wallon a annoncé qu’il limiterait les dépenses sur les réseaux sociaux des candidats pour élections communales de 2024. La Flandre ne veut pas en entendre parler pour l’instant.
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