Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: la sobriété dans nos modes de vie sera inévitable, y compris pour les pouvoirs publics

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Les initiatives en faveur de la sobriété dans nos modes de vie se multiplient… parmi les citoyens, moins du côté des pouvoirs publics. Parce que ce mot fait peur, sans doute. Pourtant, il est inévitable.

Entre la guerre en Ukraine, les conséquences de la reprise post-Covid et l’urgence climatique, la sobriété énergétique s’invite partout. Parce qu’elle répond à une prise de conscience d’une réalité écologique et géopolitique, à un positionnement social, à une envie de consommer autrement. Parce que financièrement, pour beaucoup, il n’y a pas d’alternative.

Les initiatives en faveur de davantage de modération se multiplient donc, mais elles restent souvent l’apanage de citoyens ou de collectivités locales. Plus rarement des pouvoirs publics. Peut-être parce qu’autour du vocable « sobriété » gravitent des concepts divers et variés, qui vont de la décroissance, avec ses restrictions et sa déconnexion des impératifs économiques, à la croissance verte ou à la postcroissance. Qu’il draine dans son sillage des craintes de perte potentielle de confort, de retour en arrière. Ce flou et l’intention avérée ou fantasmée par le recours à ce terme figent l’action politique, écartelée entre des obligations de transition écologique et des exigences économiques, entre relever le défi environnemental et soutenir le pouvoir d’achat et la consommation.

La sobriété s’invite partout. Parce qu’elle répond à une prise de conscience écologique et géopolitique. Parce que financièrement, il n’y a pas d’alternative.

Deux exemples récents l’illustrent. Les mesures de soutien prises par le gouvernement pour faire face à l’explosion de la facture énergétique se sont traduites en chèques, baisse de la TVA, réduction des accises. L’action n’a concerné que le volet « soutien financier », pas le niveau de consommation. Idem lors de l’accord gouvernemental sur le verdissement du parc automobile. L’aide s’est focalisée sur les véhicules sans émission carbone, pas sur la mobilité ni sur les solutions de remplacement à la voiture individuelle.

Or, parvenir aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre ne pourra se faire que si un effet de masse est atteint. C’est pourquoi, au fil de ces pages, Le Vif présente une série de leviers que les pouvoirs publics pourraient actionner, un éventail d’initiatives inspirantes pour davantage de sobriété.

Pas question pour autant de décourager les démarches individuelles ou locales, comme revoir sa mobilité, privilégier une consommation de proximité et raisonnée, participer à l’opération « En mai, tonte à l’arrêt » du Vif en faveur de la préservation de la biodiversité. Elles sont nécessaires. Elles ne sont simplement pas suffisantes.

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