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Charles Michel et la tentation de la N-VA

François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

S’allier avec les nationalistes flamands : c’est à la fois tentant et dangereux. Le président du MR joue l’une des parties les plus importantes et délicates de sa carrière. Désormais loin de l’ombre de Reynders. Et de celle de son propre père.

En ce mois de juin, quatre options s’offrent au président du Mouvement réformateur. La première est tentante et dangereuse : obtenir sept ministres au gouvernement fédéral, en devenant le seul parti francophone d’un exécutif dominé par la N-VA. La seconde est une variante de la première, en moins tentante et moins dangereuse : acter le caractère indissoluble de l’union qui relie la N-VA et le CD&V, intégrer une coalition fédérale sous influence nationaliste, mais en posant comme condition la présence d’un autre parti francophone au moins (CDH ou PS). La troisième option se distingue par sa radicalité : opter résolument pour l’opposition, à tous les étages de la maison Belgique, et dès lors laisser les autres partis se dépatouiller dans un chaos sans fin. La quatrième hypothèse rebute en ce moment plus d’un libéral, mais il n’est pas exclu qu’elle s’avère au fil des semaines la plus raisonnable, voire la seule praticable : manoeuvrer pour reconduire au fédéral une tripartite traditionnelle, coalisant les libéraux, les socialistes et les centristes du nord et du sud.

Quoi qu’il advienne, le choix de Charles Michel aura des implications considérables. Entrer dans l’histoire comme le francophone qui aura pactisé avec les indépendantistes flamands n’est pas une mince responsabilité. A l’inverse, refuser toute alliance avec la N-VA, confortée le 25 mai dans son statut de première force politique du pays, pourrait déstabiliser la Belgique de façon plus grave encore.

Depuis cinq ans, deux sensibilités coexistent chez les réformateurs. La première considère la N-VA comme un levier appréciable pour casser la domination socialiste en Wallonie. La seconde perçoit le nationalisme comme un poison, et la N-VA comme un ennemi à abattre. Didier Reynders incarne plutôt la première posture, tandis que le clan Michel défend plutôt la seconde attitude – bien que l’opposition soit, en réalité, moins caricaturale que cela.

Reste que l’un des moteurs qui a poussé Charles Michel à s’emparer de la présidence du MR, c’est le refus d’un quelconque rapprochement avec la N-VA. Le député-bourgmestre de Wavre a toujours désapprouvé le calcul tactique de certains élus MR, reyndersiens pour la plupart, qui voyaient dans la N-VA un allié possible dans la course au 16, rue de la Loi. Sur cette question, il a même envisagé, si besoin, d’aller à l’affrontement public avec Didier Reynders. Tout au long de la dernière campagne électorale, il n’a cessé de cogner contre la formation de Bart De Wever. Comme le 21 mai, dans les colonnes de L’Echo : « Oui, je le dis et le redis, la N-VA est un parti à la frontière du racisme et de la discrimination. C’est un projet de mépris et d’extrémisme. »

« Je pense que Charles reste beaucoup plus réticent que Didier par rapport à la N-VA, confie Jacqueline Galant. Je le sens très sceptique quant à la sincérité de Bart De Wever. Il y réfléchira à deux fois avant de s’engager dans une telle alliance. A mon avis, si ça ne dépendait que de lui, Reynders hésiterait moins à foncer dans cette direction-là. »

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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