CETA: la Wallonie n’est pas si seule
La Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles ne sont pas les seuls gouvernements européens à n’avoir pas (encore) apporté leur soutien à l’accord de libre-échange commercial entre l’UE et le Canada (CETA), a souligné jeudi un expert du Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11), lors d’auditions au parlement de Wallonie.
Outre la Belgique, qui ne pourra sans doute pas signer le CETA et devrait donc s’abstenir au Conseil de l’Union européenne, l’Autriche, la Slovénie, la Pologne et l’Allemagne n’ont pas encore donné leur feu vert, a relevé Michel Cermak, chargé de recherche au CNCD 11.11.11 sur les questions commerciales. Il réfute ainsi l’isolement de la Wallonie dont font état la Commission européenne et le gouvernement fédéral.
« C’est une technique connue de négociation de faire croire qu’un opposant est isolé », a-t-il dit. La décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui a conditionné jeudi la signature du CETA par l’Allemagne à la garantie que le pays pourra par la suite quitter l’accord (ce qui n’est pas prévu dans le texte actuel), pourrait reporter les échéances, fait-il observer.
L’expert dit aussi attendre avec intérêt la rencontre programmée ce vendredi en fin de journée à Paris entre le ministre-président wallon Paul Magnette et le président français François Hollande. Quant aux suites européennes de l’opposition wallonne et francophone, une abstention d’un pays – la Belgique – n’est pas suffisante pour bloquer une unanimité au Conseil. D’ailleurs, même si l’unanimité ne devait pas y être requise, il est possible que la Commission européenne trouve une justification pour passer à majorité qualifiée, selon lui.
Toutefois, vu « la fébrilité » montrée par la Commission ces derniers temps pour convaincre les récalcitrants, on peut penser que l’exécutif européen « fera tout pour obtenir les signatures » de tous les États membres, estime Michel Cermak. C’est que la Commission craint fortement d’être confrontée au même problème qu’en 2012 lorsque, privée de la signature de cinq États sur le traité anticontrefaçon ACTA porté par le commissaire européen de l’époque Karel De Gucht, elle avait été recalée par le parlement européen.