Thierry Fiorilli
C’est beau comme les Dieux du Sale (chronique)
Elle s’appelle Wings of the Ocean. En français, ça aurait pas été mal non plus. Les ailes de l’océan. Pour récolter des fonds, l’association a mis en vente un calendrier, Les Dieux du Sale. 12 mois, 12 photos engagées contre la pollution plastique. Nos corps, au coeur du problème.
Elle s’appelle Wings of the Ocean. En français, ça aurait pas été mal non plus. Les ailes de l’océan. Mais bon, le vent, les flots, tout ça, ça n’a pas de langue au fond. Et puis l’anglais permet sans doute de gonfler les voiles plus fort, pour aller plus loin, avec une flotte plus armadaéenne. Surtout pour une association qui a pour mission de nettoyer les côtes, les littoraux et les fonds marins européens et qui est ancrée à… Tenteling, en Moselle, à 9 km de Forbach (en France) et 20 km de Sarrebruck (en Allemagne), où la mer fait quand même très peu d’incursions. Elle a été fondée en 2018, cette association. Elle a un voilier à elle, un ancien chalutier transformé en trois-mâts goélette, Le Kraken, 47 m de long, 7,5 m de large, 34 m de haut, et elle en loue d’autres, en fonction des moyens et des projets, qui ont toujours de jolis noms: Le Saint-Amour, L’Amadeus, Le Danaé…
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En deux ans, elle a pas mal souqué, en solo ou en cordée: dépollution de l’îIe des Trois Frères, au port de la Mède, à Châteauneuf-les-Martigues, pas loin de Marseille ; dépollution du Grand Large, autour des berges du canal de Jonage et du Rhône, en région lyonnaise ; dépollution de plages, criques et ports à Sète, la Venise du Languedoc ; dépollution entre Albissola Marina et Savone, en Ligurie, en Italie ; sur la plage de Toulon, à Cassis, à Strasbourg, Brisbane (Australie), Grossrosseln (Allemagne), Lens et bien sûr Tenteling. Rien qu’en 2020, malgré la pandémie, Wings of the Ocean a mené une vingtaine d’actions, mobilisant plus de 300 volontaires, récoltant 4.600 kilos de déchets. Les deux années précédentes, en vingt escales, accueillant au total plus de 200 personnes à bord, Le Kraken en avait enlevé 3.200 kilos: plastique, métaux, textile, filets, carton, caoutchouc, bois traité, verre, mégots…
Pour 2021, l’objectif c’est l’étang salé de Berre, vaste lagune à l’ouest de Marseille, le long de la Méditerranée. Le deuxième plus grand d’Europe. Grosse opération, qui demande des sous. Pour louer un bateau qui draguera les eaux de l’étang, infestées d’hydrocarbures.
Alors, l’équipage a mis en vente (30 euros) un calendrier sur le modèle du mythique Les Dieux du Stade et ses athlètes nus photographiés artistiquement. Sauf que celui de l’association de protection de l’environnement s’appelle Les Dieux du Sale (1). Et que ce sont ses propres membres qui posent, dans le plus simple appareil, au milieu de détritus ramassés durant leurs missions. Sous-titre: 12 mois, 12 photos engagées contre la pollution plastique. Nos corps, au coeur du problème. « Nous avons écoulé un millier de calendriers », nous informe Victor Janjic, qui gère la com. De quoi danser sur le pont puisque « le projet a été pensé et exécuté en moins de deux semaines » et que « nous en avons imprimé mille sans savoir à quoi nous attendre ». Bref, « l’objectif a été atteint ». D’autant que la campagne a convaincu plus de 350 donateurs: on en dépasse les 11.000 euros récoltés. Un beau raz-de-marée.
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