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Ces Belges qui accueillent des réfugiés ukrainiens : « On s’est mis à leur place »

Chaque jour, des milliers d’Ukrainiens franchissent le territoire belge. Leur trouver des hébergements convenables est devenu un réel casse-tête et le gouvernement en a rapidement appelé à la solidarité du peuple belge. Certains ont décidé d’offrir un hébergement à des familles ukrainiennes et découvrent un nouveau quotidien.

« Ça m’a paru assez évident », raconte Laurent, membre d’une communauté religieuse à Woluwé-Saint-Lambert, au Vif. Il explique que la situation des Ukrainiens l’a renvoyé à son histoire familiale. « Ma mère, étant petite-fille, a connu ça durant la guerre 40-45. Elle a dû partir se réfugier dans le milieu de la France ». Alors, lorsqu’il a entendu que les communes offraient la possibilité de s’enregistrer pour proposer un hébergement, il a demandé aux autres membres de la communauté leur accord, et s’est inscrit. Il a pu indiquer le nombre de chambres dont il disposait et pour une période de combien de temps. En l’espace d’une dizaine de jours, il a eu plusieurs propositions, mais certaines ne convenaient pas. Il était important pour lui que l’espace qu’il avait soit approprié à la famille. Ils ont finalement accueilli une maman et ses deux enfants, qui ont pu s’installer dans les combles de la maison, bénéficiant d’une quasi-autonomie.

De son côté, Marc a entendu par hasard via une connaissance ayant des contacts sur place que des Ukrainiens souhaitaient venir en Belgique. Avec son épouse, ils n’ont pas hésité. « On s’est mis à leur place, si ça nous arrivait, on ne voudrait pas dormir dans un gymnase, entassés. » Ils ont eux aussi accueilli une maman et ses deux enfants. Au niveau de la langue, il explique que c’est parfois compliqué de se comprendre. Même s’ils parlent un peu anglais, les accents rendent la compréhension difficile. Sa femme, elle, ne parle pas du tout anglais alors ils utilisent des applications de traduction. Les deux époux ont rapidement trouvé une ASBL qui donne des cours de français pour faciliter le nouveau quotidien de la famille en Belgique. Par chance, chez Laurent, un autre membre de la communauté parle russe, il est donc plus facile de communiquer avec la famille qui ne parle quasiment pas anglais.

« Ça demande un temps énorme »

Marc explique que les familles arrivent avec peu d’affaires. Il faut les aider à trouver des vêtements en contactant des associations, mais aussi faire les magasins pour tout ce qui ne se donne pas, comme le sous-vêtements. Il faut aussi penser à l’inscription scolaire et contacter la commune. « Ça demande un temps énorme », insiste-t-il. C’est ce sur quoi insiste l’ASBL Singa, spécialisée dans la création de liens avec les nouveaux arrivants. Leur projet Comme À La Maison (CALM) développe des collocations à Bruxelles avec des personnes réfugiées. Experts en hébergement, il était évident pour eux d’informer au mieux les personnes souhaitant accueillir des réfugiés ukrainiens. Et même s’ils encouragent l’initiative, ils mettent tout de même en garde. Lionel Defraigne, gestionnaire du projet, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas juste d’offrir un espace pour dormir. Il faut accompagner les réfugiés dans leurs démarches administratives, et s’assurer qu’elles aboutissent. « Les citoyens doivent bien réfléchir à tout ce que héberger implique ».

Si Marc était préparé à ces aspects, il déplore le fait qu’il n’y ait qu’un seul point d’enregistrement dans le pays, à Bruxelles. Habitant dans la Province de Liège, il doit se rendre au Heysel avec la famille. Il a bien prévenu la maman que l’attente serait longue, mais celle-ci a répliqué qu’elle avait déjà fait un trajet de cinq jours, alors cinq heures pour s’enregistrer, ce n’était pas tant que ça.

Pour combien de temps ?

Que ce soit du côté de Marc ou de Laurent, les deux hôtes se sont fixés une période d’environ trois mois. Mais tous deux insistent, pas question de mettre la famille à la porte ! Tout dépendra de l’évolution de la situation, qui est totalement incertaine à cette heure-ci. Ils espèrent tout de même que les autorités mettront en place des initiatives pour le long terme. C’est une question importante à se poser, selon Lionel Delfraigne. « Il faut se rendre compte que pour que les démarches administratives aboutissent, il faut compter deux à trois mois ». Il est important que les réfugiés ne soient pas ballotés d’un foyer à un autre, car cela peut aussi ralentir les démarches administratives. Ils doivent en effet être domiciliés pour bénéficier du CPAS.

Bien plus qu’héberger, cohabiter

La cohabitation, même avec quelqu’un qu’on connaît, peut parfois être compliquée. L’ASBL Singa préconise une communication claire dès le début, pour ne pas avoir de mauvaises surprises ou de conflits par la suite. L’association conseille de lister les éléments importants de leur vie quotidienne, ce sur quoi ils sont prêts à faire des concessions, et voir s’ils sont prêts à s’adapter suffisamment. Pour Marc et son épouse, c’est tout un nouveau quotidien qui s’est dessiné. « On mange ensemble, parfois à la belge, parfois à l’ukrainienne ! On essaye de varier et de trouver des produits équivalents à ce qu’ils consommaient là-bas ». C’est aussi important pour eux de ne pas créer une atmosphère anxiogène. « On essaye d’éviter d’allumer trop la télévision où beaucoup d’images fortes circulent. Ils n’ont pas besoin de ça, surtout les enfants. »

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