Ce qu’il faut savoir sur la manifestation du 7 octobre
Ce mercredi 7 octobre prendra place une manifestation nationale à Bruxelles sur le thème « Rien que des miettes pour nous ». Si on ne connaît pas encore son étendue, on doit s’attendre à quelques perturbations. Le point sur la question, mais aussi sur la grève à la SNCB de ce 9 octobre.
Le front commun syndical FGTB, CSC, CGSLB, a choisi comme slogan pour la manifestation nationale de mercredi « Rien que des miettes pour nous ». Les syndicats se sont refusés à donner une estimation précise du nombre de personnes attendues dans les rues de Bruxelles. « Nous espérons être le plus nombreux possible », s’est notamment contenté de dire le porte-parole de la CSC François Reman. Il y a près d’un an, le 6 novembre 2014, la dernière manifestation nationale avait rassemblé plus de 100.000 personnes.
15 manifestations en un an pour rien ?
Depuis un an, et 15 manifestations, les revendications des syndicats sont les mêmes et de l’aveu même des syndicats, rien ou presque, n’a pourtant été obtenu. Par exemple le retrait de la pension à 67 ans a été refusé et n’a aucune chance de l’être. Tout comme la suppression du saut d’index, l’impôt sur la fortune, le retrait de la limitation dans le temps des allocations d’insertion ou encore la fin des économies dans les services publics et la Sécurité sociale. La lassitude risque de gagner du terrain d’autant plus que les syndicats n’ont plus de vrais relais au gouvernement et celui-ci compte bien faire avancer ces projets coûte que coûte tant il y a une cohésion sur le domaine socio-économique.
Comme le précise Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, dans Le Soir : « On a déjà dû manifester rien que pour se trouver autour de la table, et quand nous avons conclu des accords avec les employeurs, ils n’ont pas été respectés. » Mais nuance tout de même : « il ne faut pas analyser cela sur le très court terme. Dans le passé, on s’est déjà retrouvé durant plusieurs années sans accord interprofessionnel. La pire des choses serait de se poser en victime. » Et Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB, de préciser, toujours dans Le Soir : « On peut toujours dire que ça ne sert à rien, mais si on ne bouge pas, rien ne changera. La résistance continue. »
Une manifestation pour fêter le premier anniversaire du gouvernement Michel
Le front commun syndical entend de cette manière « fêter » le premier anniversaire du gouvernement Michel. « Le gouvernement Michel aura un an le 11 octobre prochain. Pour les grandes entreprises et les nantis, cela a été une année très profitable. En revanche, pour les travailleurs, les pensionnés, les malades, les chômeurs, les femmes et les jeunes, bref pour une grande majorité de la population, cela a été une année noire », clame la CSC. « Depuis un an, les mesures du gouvernement ne touchent que les travailleurs, les pensionnés, les personnes qui ont besoin d’une allocation pour vivre et les jeunes qui représentent l’avenir de ce pays », s’insurge la FGTB, ajoutant que le glissement fiscal opéré en juillet par le gouvernement fédéral est « injuste et déséquilibré ». « Les employeurs et les lobbies financiers sont dans un fauteuil », renchérit la CGSLB.
A l’occasion de cette manifestation, le front commun syndical a décidé de proposer une série de mesures alternatives à celles proposées par le gouvernement Michel. Celles-ci portent sur l’emploi, le pouvoir d’achat, les pensions, la fiscalité et la sécurité sociale. Parmi les revendications phares figurent « le respect de l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales ainsi que la liberté de négociation », « le rétablissement de l’âge de la pension légale à 65 ans » et « la prise en compte de la pénibilité au travail pour déterminer la durée de carrière et l’âge de départ » ou encore la demande d’une « contribution plus importante des revenus du capital et des revenus immobiliers au lieu d’une augmentation des taxes sur la consommation ». « Cette manifestation est dirigée contre les mesures d’austérité prises par tous les gouvernements, régionaux y compris », a précisé Didier Seghin, porte-parole du syndicat libéral CGSLB, évoquant notamment une forte mobilisation des fonctionnaires de la Région flamande.
Outre les front commun syndical, le mouvement « Tout Autre Chose », la Fédération des Etudiants Francophones (FEF), les partis d’opposition PS, PTB et Ecolo ont notamment annoncé leur présence dans le cortège.
Départ vers 11h30 de la gare du Nord
Le départ du cortège est prévu à 11h30 de la gare du Nord à Bruxelles. Les manifestants rejoindront la gare du Midi via le boulevard Albert II, le boulevard du Jardin Botanique, les boulevards Pacheco, Berlaimont, de l’Impératrice et de l’Empereur, la rue des Alexiens et le boulevard Lemonnier. Les discours des leaders syndicaux sont attendus entre 13h00 et 15h00, à l’issue de la manifestation. Sur demande de la police, le cortège évitera le piétonnier du centre-ville de Bruxelles pour raison de sécurité, a-t-on appris à bonne source.
Pas de grève générale, mais de grosses perturbations
Ce mercredi ce n’est pas une journée de grève nationale, mais seulement de manifestation. Il y aura bien des grèves, mais elles seront ponctuelles. Si certaines entreprises seront fermées, c’est parce que la plupart du personnel sera à la manifestation et couvert par un préavis de grève.
Des perturbations sont attendues dans de très nombreux secteurs: transports en commun, administrations, enseignement, industrie, entreprises publiques, dont Bpost et Proximus. L’accueil des enfants sera assuré dans les crèches, les écoles et un service minimum sera assuré dans les hôpitaux. « Cela dépend de nos centrales régionales », a précisé Minervina Bayon, porte-parole de la FGTB. L’ampleur des mouvements sera donc à évaluer au cas par cas.
Les réseaux TEC et Stib fortement perturbés mercredi
Le trafic sera fortement perturbé mercredi sur les réseaux de transports en commun TEC (Wallonie) et Stib (Bruxelles) ont annoncé les deux compagnies dans des communiqués distincts. « La Stib s’attend à de fortes perturbations du réseau de bus, trams et métros, le mercredi 7 octobre en raison de la manifestation nationale organisée en front commun syndical à Bruxelles pour protester contre les mesures du gouvernement fédéral. Des collaborateurs de la Société bruxelloise de transport public, dont des conducteurs et des chauffeurs, participeront à la manifestation », a annoncé la société bruxelloise de transports dans un communiqué. « La Stib conseille vivement à ses clients qui en ont la possibilité de prévoir des alternatives pour se déplacer. Elle mettra tout en oeuvre pour informer au mieux les voyageurs en temps réel, sur ses différents supports de communication, et cela dès 06h00 du matin », a-t-elle ajouté. Lors de la précédente manifestation nationale, le 6 novembre 2014, le réseau bruxellois n’avait finalement été perturbé que partiellement. Du côté du TEC, il est conseillé de s’informer via le site internet www.infotec.be. De « grosses perturbations » sont d’ores et déjà annoncées au TEC Charleroi et au TEC Liège-Verviers. Du côté du TEC Brabant wallon, le réseau ne sera perturbé que partiellement, les bus Conforto et Rapido notamment circuleront normalement.
La SNCB prévoit sept trains supplémentaires pour acheminer les manifestants ce 7 octobre
Sept trains supplémentaires circuleront mercredi matin en direction de Bruxelles, à l’occasion de la manifestation nationale prévue dans la capitale, a annoncé lundi la compagnie ferroviaire. L’itinéraire du cortège prévoyant un passage devant la gare de Bruxelles-Central, l’accès à celle-ci sera limité entre 12h00 et 17h00. La SNCB s’attend à ce que la majorité des manifestants rejoignent Bruxelles en train ce mercredi. Des mesures ont dès lors été prises. Un billet spécial pourra être acheté et des trains supplémentaires seront mis en service au départ d’Ostende, Namur, Mons, Charleroi, Anvers, Liège et La Louvière à destination de Bruxelles-Nord, point de départ de la manifestation. Les équipes de Securail et de la police des chemins de fer seront renforcées ce mercredi dans les gares bruxelloises. Le parcours de la manifestation empruntant les boulevards situés juste au-dessus de la jonction ferroviaire nord-midi, l’accès aux gares de Bruxelles-Congrès, Bruxelles-Central et Bruxelles-Chapelle sera limité afin d’y contrôler au mieux les flux de voyageurs. Entre 12h00 et 17h00, l’accès à Bruxelles-Central sera uniquement possible via l’entrée Horta, celle menant à la Grand-Place. Les autres accès seront provisoirement fermés.
La mobilisation devrait être particulièrement forte à Charleroi
Le front commun syndical FGTB-CSC-CGSLB de la région de Charleroi s’attend à une forte mobilisation lors de la manifestation nationale. Les responsables des trois organisations syndicales ont souligné que la grève déclenchée le 15 décembre dernier avait été un aboutissement, après une série de grèves perlées organisées dans les différentes régions. Pour les syndicats, c’est le manque d’avancées positives qui conduit à la grève du 7 octobre.
Or, disent-ils, les conséquences des mesures gouvernementales se font particulièrement ressentir à Charleroi, où on a relevé que 800 exclus du chômage avaient fait appel au CPAS. Dans les différents secteurs qui suivront le mot d’ordre de grève, la mobilisation va croissant, notent les responsables des trois syndicats, qui rappellent que 10% des manifestants venaient de la région en décembre dernier. Seront fortement touchés les transports et la logistique ainsi que les hôpitaux avec le débrayage annoncé de plus de 250 travailleurs.
L’aéroport ne sera pas fermé, mais connaîtra des perturbations. Le secteur du commerce sera lui aussi touché. Les transports en commun (bus, métro) seront à l’arrêt, ce qui ne sera pas le cas des trains, d’autant qu’un train spécial est prévu pour acheminer les manifestants vers Bruxelles, outre les trains habituels. Le rassemblement des manifestants est prévu à 08H00 à la gare de Charleroi-Sud.
SNCB : la grève du 9 octobre
L’action annoncée par le CGSP Cheminots sur le rail le 9 octobre prochain risque de perturber « gravement » le trafic ferroviaire. Elle touchera uniquement le district de Bruxelles et débutera le jeudi 8 octobre à 22h00 pour se terminer le lendemain, à la même heure, selon le syndicat socialiste, qui entend protester contre le plan stratégique pour le rail de la ministre Galant, et particulièrement contre « l’hémorragie de personnel statutaire qu’il faut à tout prix arrêter ».
L’action n’aura cependant pas lieu en front commun qui s’effrite à vue d’oeil. La CSC-Transcom, surtout son aile flamande, semble en effet ménager le gouvernement. Du coup, pas de grève générale des chemins de fer. Cependant, compte tenu de la position centrale de Bruxelles et de l’interconnexion du réseau ferroviaire belge, l’action du 9 octobre risque de provoquer de graves perturbations du trafic ferroviaire entraînant également des conséquences en dehors de la capitale, souligne dans un communiqué la SNCB, qui conseille dès lors à sa clientèle « de ne pas compter uniquement sur le train » et l’invite « à prévoir d’autres alternatives pour rejoindre la capitale ce jour-là ».
Il est également à noter que la CGSP Cheminots a d’ores et déjà prévu d’autres actions, les 19 et 20 octobre, mais aucun préavis n’a jusqu’à présent été déposé.