César Botero González
Camarades : si vous êtes incapables de vous opposer aux ambitions d’Elio Di Rupo, vous mettez le PS à son service
C’est dommage pour Elio Di Rupo et encore plus pour la cause socialiste. Voilà un homme, aux multiples mérites, qui aurait pu terminer sa brillante carrière en se mettant en réserve du royaume, mais qui décide tout seul que nous avons encore besoin de lui, parce qu’il y n’y a personne d’autre, pour conduire le PS à la victoire, le 26 mai 2019.
« Je suis président du parti socialiste. Mon objectif est de faire en sorte que le gouvernement MR-N-VA ne poursuive pas la destruction de la qualité de vie des citoyens et, donc, je me présenterai comme tête de liste aux élections législatives du parlement fédéral… », a-t-il déclaré avec l’assurance de celui qui annonce un fait accompli et la satisfaction d’un candidat du consensus. Quel consensus ?
Et pour qu’il n’y ait pas de doute sur sa détermination, sa légitimité et le bien-fondé de sa décision, il nous rappelle sa qualité de président du parti socialiste ainsi que sa capacité à protéger la qualité de vie des citoyens.
J’essaye de comprendre cet homme pour lequel j’avais une certaine admiration jusqu’il y a une dizaine d’années, en dépit de quelques déviations droitières dans l’exercice de ses mandats. Je l’ai proposé comme modèle aux socialistes en leur rappelant qu’il avait commencé sa carrière politique en s’opposant aux caciques socialistes de Mons au lieu de se soumettre comme le fait son entourage à son égard. Aujourd’hui le cacique c’est lui, mais il se comporte comme ceux qu’il combattait au temps de sa jeunesse. Les jeunes socialistes n’ont pas suivi mon conseil. N’ont-ils plus de combativité ? Sont-ils fascinés par quelqu’un qui ne fascine plus mais qui pourrait leur apporter des avantages moyennant leur adhésion ? Allez-savoir !
S’il fallait argumenter une fois de plus pour expliquer le fossé entre les citoyens et la classe politique, un bon exemple est la réticence d’Elio Di Rupo à permettre le renouvellement dans le groupe de tête au PS. Où est la démocratie interne ? Pire encore, certains dirigeants s’entêtent à croire que leur président est irremplaçable ? Pourtant, le succès d’Ecolo le 14 octobre prouve que le culte de la personnalité n’est pas nécessaire pour faire avancer leurs idées. Bien au contraire.
Comment faire comprendre au président et à son entourage que les partis et les syndicats ne sont plus des interlocuteurs valables pour les gens qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois difficiles ? Que les citoyens en ont assez de voir les mêmes se succéder à la tête du pouvoir depuis des années, avec les mêmes promesses, les mêmes discours, les mêmes tics, la même rhétorique ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer un « gilet jaune » qui comparait les partis politiques aux pâtes italiennes. Tu as toutes les formes : les spaghettis, les torsades, les capellini, les vermicelli… mais elles ont toutes le même gout, seule la sauce change. Les partis c’est pareil avec moins de sauces : la bleue, la rouge, l’orange et parfois la verte.
Si les partis traditionnels veulent convaincre, ils doivent changer leur manière de fonctionner et de communiquer et surtout, se débarrasser de quelques dirigeants. Cette urgence semble évidente sauf pour nos vieux dirigeants usés et têtus. Ils veulent, à quelques exceptions près, faire de la politicaillerie pendant 50 ans ou plus.
Le 20 juillet 2017, j’écrivais ceci dans levif.be : « En juin 2016, EDR déclarait qu’il n’excluait pas être candidat à sa propre succession à la tête du parti en 2019. Il n’avait rien compris. Aujourd’hui non plus puisqu’il ne démissionne pas. Pourquoi ne pas l’élire « démocratiquement » à durée indéterminée en tant que candidat unique ?
Ahurissant à quel point la soif de pouvoir peut aveugler un homme et ceux qui l’abreuvent de leur soutien, quitte à sacrifier le parti devant l’autel des ambitions. »
Abandonner la présidence du PS et se faire élire à la Chambre ce n’est pas la solution non plus. Pourquoi ne pas terminer sa carrière politique en tant que parlementaire ou commissaire européen ?
Si Paul Magnette, le champion de voix de préférence, ne peut s’opposer à Elio Di Rupo qui le fera ? Personne ?
Ceux qui ratent l’occasion de faire ce qu’il faut, quand il le faut, la ratent pour toujours.
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