Claude Demelenne
Bouchez, punching-ball de la gauche: est-ce bien sérieux? (carte blanche)
En Belgique francophone, c’est un sport » national « . La gauche tape sur Bouchez. Un peu simpliste, camarades !
Un épouvantail. C’est ce qu’est devenu Georges-Louis Bouchez pour la gauche. Le président du MR est vilipendé, voire diabolisé. Jusqu’à l’excès. Jadis les communistes étaient caricaturés le couteau entre les dents. Aujourd’hui, c’est au tour de Bouchez.
Au bazooka contre Bouchez
Interviewé dans la « Libre Belgique », le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, sort son bazooka. Le tir est nourri. Sans sommation. « On a un vrai problème avec la manière dont Georges-Louis Bouchez fait de la politique, attaque Nollet. C’est profond. Il est dans un autre monde. Il ne participe pas à la manière dont le débat démocratique est organisé ». Autrement dit, Bouchez, pour le coprésident d’Ecolo, n’est plus tout à fait dans les rails de la démocratie. L’accusation est lourde. D’autant que Nollet , selon la « Libre Belgique, « évoque les événements tragiques du Capitole après la défaite de Trump aux élections présidentielles américaines ». C’est donc cela… Bouchez serait un Trump aux petits pieds. Un type dangereux. Un fou furieux qui serait en train d’ « extrême-droitiser » son parti, selon certains militants de gauche qui squattent les réseaux sociaux et dressent jour après jour le portrait d’un homme minable, méprisable, au fond, peu fréquentable.
Un petit Trump ?
Evidemment, Georges-Louis Bouchez est, comme on dit, un personnage clivant. Il lui arrive de flirter avec les limites. Il tend parfois des bâtons pour se faire battre. Bouchez adore susciter la polémique. Il ne met jamais son drapeau en poche. Son drapeau – le libéralisme – n’est pas le mien, plutôt social-démocrate. Mais peu importe. La façon dont le président du MR est transformé en punching-ball par une partie de la gauche, ne me plaît pas. Pire, elle me choque. « Bouchez est un provocateur qui récolte ce qu’il a semé », dit-on souvent à gauche. Bien sûr, Bouchez a musclé le discours libéral dans plusieurs dossiers « chauds ». Mais cet exercice de musculation – qui peut irriter – ne ressemble en aucun cas à une entreprise de « trumpisation » du MR.
Un os à ronger
C’est un vieux classique d’une partie de la gauche, surtout celle qui se prétend « radicale » : quand un adversaire politique dérange, on lui colle l’étiquette « extrême-droite » ou « Donald Trump ». Georges-Louis Bouchez est la nouvelle cible. Une certaine gauche ne le lâchera plus. Elle a trouvé un os à ronger. Bouchez veut incarner « la droite camping car« , une droite « populaire » qui met notamment sur la table les questions sécuritaires. Voilà la preuve de sa dérive, martèle une partie de la gauche. « Bouchez ne serait-il pas un peu facho ? » se demandent sans rire, sur les réseaux sociaux, des militants de la gauche bien-pensante.
Non au parti unique !
« Le rôle d’un parti n’est pas d’être le porte-parole du gouvernement », déclare Georges-Louis Bouchez pour justifier ses prises de position souvent tranchées dans le débat démocratique. Sur le fond, il a raison. Si le MR collait aux thèses du PS et d’Ecolo, le paysage politique francophone serait dominé – PTB excepté – par un grand parti unique, recyclant en boucle le même discours, les mêmes slogans. Ce serait du pain béni pour l’extrême-droite qui, tôt ou tard, finirait par montrer son vilain nez, également en Belgique francophone.
Camarades, méfiez-vous des accusations simplistes ! Georges-Louis Bouchez n’est pas le diable. L’indispensable débat entre partis démocratiques ne sera fécond que si la gauche bien-pensante – qui n’est pas toute la gauche – rompt avec sa détestable manie d’extrême-droitiser ses adversaires politiques.
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