Beauté, lustre et… bain pour Saint- Pierre
Sous les mains de la jeune fille, Albertus ne bronche pas. Certes, il est saint. Il est surtout de bois. Et son grand âge ne lui permet plus beaucoup de folies. Tout porte à croire que ce plusieurs fois centenaire se réjouit tout de même d’être enfin nettoyé et débarrassé de cet odieux mastic qui lui barre le front depuis des lustres. Ainsi rafraîchi, le saint homme reprendra bientôt la place qui lui est dévolue dans l’église Saint-Pierre (Sint-Pieterskerk) de Louvain.
C’est aux restaurateurs de l’Iparc (International Platform Art Research & Conservation) qu’il doit sa nouvelle jeunesse. Les artistes professionnels de cette coopérative, spécialisés dans les peintures, polychromes en bois ou pierre, sculptures, et bois et textiles, s’activent en effet depuis un an à l’intérieur de cette église gothique, dont les toutes premières pierres remonteraient à l’an 986. Leur mission : rénover les 7 chapelles latérales du bâtiment, ainsi que diverses oeuvres d’art (autels, statues, tableaux, peintures de plafond, balustrades en faux marbre…) auxquelles ils rendent beauté, lustre et… propreté. L’intervention d’Iparc, en collaboration avec ses partenaires Denys et B.J Delmotte, représente la 9e phase de très substantiels travaux de rénovation qui ont été entrepris il y a dix ans dans cette église, la plus ancienne de Louvain. Cette rénovation de grande ampleur est subventionnée par la Région flamande, le bâtiment étant classé.
La décision de réparer ou non telle statue brisée fait l’objet de discussions entre les restaurateurs et la Fabrique d’église. Sur telle colonne de faux marbre, en bois, on voit par exemple encore les traces d’un incendie qui date de la Première Guerre mondiale. Ainsi en ont décidé les commanditaires de la restauration, estimant que cette trace faisait partie de l’histoire et n’avait pas à être effacée. De la même manière, sur le plafond d’une des chapelles, les artisans ont complété un motif floral dont la peinture avait en partie disparu, mais sans le peindre en couleurs. Le visiteur peut ainsi se faire une idée de la décoration symétrique d’origine, tout en ayant à l’esprit les ravages causés par le temps.
A l’issue de cette 9e tranche de travaux, d’autres phases sont encore prévues, qui concerneront d’abord la nef. Pendant environ un an, l’église sera, dès lors, partiellement fermée au public. La dernière phase devrait s’achever en 2018.
Restauration du mural de voûte de la chapelle Saint-Job et Saint-Arnulf (XVIe siècle). Le dessin, qui avait été effacé, a été complété dans les tons gris mais non peint : le visiteur bénéficie ainsi de la totalité du graphisme, tout en sachant que les couleurs d’origine ont partiellement disparu.
L’église Saint-Pierre, située sur la Grand-Place de Louvain, a connu une période romane avant de verser dans le style gothique, au XVe siècle. Incendiée durant la Première Guerre mondiale, elle a été bombardée lors de la Seconde. L’extérieur du bâtiment a été entièrement rénové entre 2004 et 2009.
Détail de la coiffe de Saint Albertus (date inconnue).
Inscription figurant sur l’épitaphe de Pierre François-Xavier De Ram, par Herman de Fierlant (1870). On voit nettement la différence entre la ligne du haut, dont les lettres ont déjà été redorées et celle du bas, qui n’est pas encore terminée.
Traitement à la cire de l’estrade en chêne posée devant l’autel de Saint-Ivo.
Palette de pigments, naturels ou chimiques, utilisés par les restaurateurs pour les retouches.
Détail de l’édicule figurant dans la chapelle Heilige Naam van Jezus. Les doigts manquants n’ont volontairement pas été reconstruits : leur absence ne nuisait pas à l’intégrité de l’oeuvre et n’était dérangeante.
Edicule et couronnement de l’autel dans la chapelle Heilige Naam van Jezus (1774).
L’église Saint-Pierre, à Louvain
Enlèvement de surpeint sur la statue en bois de Saint Albertus.
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