Aux prisons d’Ittre et Hasselt, impossible d’isoler complètement les détenus radicalisés
Il est illusoire d’imaginer que l’on peut isoler complètement les détenus les plus radicalisés dans les ailes qui ont été aménagées pour eux à Ittre et Hasselt, a expliqué mercredi l’administrateur-général de la Sûreté de l’Etat, Jaak Raes, devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats.
Dans le cadre de la lutte contre la radicalisation, le gouvernement a décidé d’aménager deux ailes pour accueillir les détenus les plus radicalisés, susceptibles d’influencer leurs co-détenus. Il apparaît toutefois qu’elles ne sont pas parfaitement étanches et les 23 prisonniers qui s’y trouvent parviennent à communiquer avec les prisonniers des autres ailes.
« Nous savons qu’ils sont incroyablement créatifs – ils ont beaucoup de temps pour cogiter – pour mettre en place des systèmes alternatifs de communication. Il ne faut pas s’imaginer qu’il n’y aurait aucun contact. Ce serait une illusion », a souligné le patron du service de renseignement civil.
La façon dont les prisons sont construites est l’un des problèmes qu’il faut résoudre. Le soir ou la nuit, les prisonniers peuvent crier d’une aile à l’autre dans une langue inconnue des gardiens, des messages peuvent être transmis pendant les promenades, etc.
Le constat rejoint celui déjà posé par la directrice de la prison d’Ittre, Valérie Leburton, entendue la semaine passée. Elle avait laissé entendre qu’une prison spéciale, à part, pourrait être aménagée et cité le nouvel établissement à construire à Vresse-sur-Semois.
Une cellule spéciale « prisons » a vu le jour à la Sûreté de l’Etat, qui compte aujourd’hui dix personnes. Au total, quelque 450 détenus radicalisés sont repérés: 160 sont soupçonnés ou condamnés dans des dossiers de terrorisme, d’autres sont en prison pour des délits de droit commun mais sont connus comme étant radicaux, d’autres encore se sont radicalisés en prison et les derniers se trouvent à « la frontière » entre délinquance et radicalisation. La Sûreté recense une dizaine d’incidents impliquant des détenus liés à des faits de terrorisme qui pouvaient envoyer des messages via des téléphones portables ou regardaient des films de propagande pendant la nuit.