Aucun départ à l’aéroport de Charleroi: le gouvernement appelle à la reprise du dialogue social, les syndicats évoquent un « ras-le-bol généralisé »
La ministre Cécile Neven a fait connaître sa colère au vu de la situation à l’aéroport de Charleroi. La direction déclare vouloir rencontrer les syndicats.
Tous les vols prévus jeudi à l’aéroport de Brussels South Charleroi (BSCA) ont été annulés en raison d’une grève spontanée, a annoncé l’aéroport tôt ce matin. La ministre wallonne des Aéroports, Cécile Neven (MR), déclare « regretter vivement » la grève à l’aéroport de Bruxelles Charleroi Sud. Dans un communiqué, elle appelle direction et syndicats à se remettre autour de la table «et à reprendre le dialogue social».
La direction de l’aéroport de Charleroi «espère le plus tôt possible» une réunion
«C’est essentiel et dans l’intérêt aussi bien des voyageurs que des salariés, de l’entreprise et de ses partenaires», estime Neven. «L’aéroport de Charleroi occupe une place clé dans notre économie et notre mobilité.» Il s’agit du deuxième plus grand aéroport du pays, après l’aéroport de Bruxelles. «Sa pérennité ne peut être garantie que grâce à la paix sociale et à une concertation constructive et apaisée», estime Neven.
L’aéroport a été complètement fermé jeudi en raison d’une grève du Front syndical commun. La direction parle d’«actions sauvages» qui ne sont pas couvertes par un préavis de grève, mais «espère le plus tôt possible» pouvoir se réunir avec les syndicats, a confirmé jeudi la porte-parole Nathalie Pierard. Pour l’heure, il est impossible de savoir si les vols prévus pour ce vendredi seront assurés.
Ras-le-bol généralisé, selon les syndicats
Jeudi en fin de matinée, les syndicats ont indiqué que la participation de l’ensemble des travailleurs au mouvement de grève et non de ceux de tel ou tel service est la démonstration du ras-le-bol généralisé du personnel. Ils affirment alerter depuis plusieurs mois la direction de BSCA sur les problèmes rencontrés au sein de l’entreprise sans véritable réaction de celle-ci selon eux.
« Ce mercredi, la direction misait encore sur une mobilisation partielle des travailleurs. Ce jeudi, elle a constaté qu’elle était bien plus large et a dû annuler l’ensemble des vols », a indiqué Carl Yernaux, permanent CNE.
La direction a indiqué que 186 vols avaient été annulés, touchant environ 30.000 passagers. « L’ampleur de la mobilisation est dans une certaine mesure historique, ce qui témoigne bien de l’étendue des problèmes », a affirmé pour sa part Alain Goelens, permanent Setca.
Saturation de l’outil et pression sur les conditions de travail sont deux problèmes récurrents pointés de longue date par les syndicats dans un aéroport qui accueille chaque année un nombre croissant de passagers. À ceux-ci s’ajoute l’accusation d’un management agressif pratiqué par la direction.
« Au niveau des infrastructures, c’est l’image de la boite à sardines. Mais encore faut-il que l’outil suive et que les conditions de travail soient garanties », a pointé Alain Goelens.
« Le nombre de vols aujourd’hui à l’aéroport n’est plus proportionné au nombre de travailleurs. Cela fait des mois que les syndicats le disent sans que la direction réagisse », a ajouté pour sa part Carl Yernaux.
La porte-parole de l’aéroport Nathalie Pierard a indiqué à Belga que la direction avait « demandé une conciliation au sein de la commission paritaire ». Les syndicats n’ont pour l’heure pas été informés d’une potentielle réunion avec la direction, ont-ils déclaré.