Au début de la première vague, « c’était le règne de la débrouille »
Au début de la première vague, « c’était le règne de la débrouille », ont raconté vendredi Katrien Bervoets, présidente a.i. de la « Vlaamse Vereniging Hoofdartsen » et Manfredi Ventura, président de l’Association Francophone des Médecins-Chefs devant la commission spéciale Covid de la Chambre.
Respectivement directrice médicale du réseau hospitalier d’Anvers et directeur médical du Grand Hôpital de Charleroi, le Dr Bervoets et le Dr Ventura ont dirigé les deux équipes médicales ayant reçu le plus grand nombre de patients Covid en Belgique, ont-ils indiqué.
« Les hôpitaux ont porté le combat contre la Covid. En première vague, c’était le règne de la débrouille », ont-ils raconté. « Nous n’avions aucune aide des autorités pendant la première vague. Nous avons tenu grâce à l’anticipation et des aides extérieures de bénévoles, d’industriels et de sociétés locales. » Manfredi Ventura a ainsi raconté avoir reçu des masques en tissu offerts par la société événementielle de Franco Dragone. A Anvers, des créateurs de mode ont fourni les hôpitaux de la Métropole. « Les stocks étaient limités puis les achats ont été rendus impossibles au moment où les autorités ont investi le marché. Une bonne coordination s’en est heureusement suivie au niveau des provinces ».
Les représentants des médecins-chefs ont dès lors plaidé pour une meilleures gestion des stocks et une meilleure anticipation, M. Ventura appelant à relocaliser la production, au moins en Europe.
« La coordination entre les niveaux de pouvoir a été calamiteuse et désastreuse », ont-ils ajouté, dénonçant certains « jeux politiciens » et l' »aberration de la régionalisation des soins de santé ». « On en a vu toutes les limites », a fustigé le médecin-chef de l’hôpital de Charleroi. Ce dernier s’est aussi interrogé sur le rôle de la Défense, parlant de « simulacre d’aide ».
Katrien Bervoets et Manfredi Ventura ont formulé plusieurs recommandations à l’attention des députés: recentrer la gestion sanitaire au niveau national, éviter une multiplication des procédures d’encodage des données et fournir un accès aux données recueillies, revoir les normes de financement et d’encadrement avec un financement davantage forfaitaire et moins à l’acte, revaloriser les services aigus (urgences et soins intensifs) et staffer (doter de personnel, ndlr) davantage les unités de soins, soutenir les laboratoires hospitaliers plutôt que les laboratoires privés ou encore « arrêter de compter sur la bonne volonté et le bénévolat ».