Stéphane Michiels
Aie confiance, crois en moi… ou pas
Il y a fort à parier que si vous prenez le temps d’interroger votre entourage sur la politique belge, la réponse soit décevante. Aussi loin que je m’en souvienne, la politique et les politiciens ont toujours été les objets de méfiance et de mépris.
La complexité et l’opacité du système, les manoeuvres carriéristes, les conflits partisans et bien sûr les scandales qui ont ponctué ces dernières décennies n’y sont évidemment pas pour rien.
Cette « crise de la démocratie » n’est d’ailleurs pas propre à la Belgique, mais bien ressentie dans toutes les démocraties représentatives à travers l’Europe, voire le monde.
De nombreux ouvrages publiés sur le sujet confirment depuis longtemps déjà l’obsolescence du système représentatif et la nécessité pour le monde politique de s’ouvrir à plus de transparence et de participation.
Si on s’interroge sur la pertinence du modèle politique, la question cruciale qui revient systématiquement est celle de la confiance que la population doit accorder, non seulement au système lui-même, mais aussi aux candidats auxquels elle est sensée déléguer ses prérogatives.
Mais comment accepter de voter pour des gens qui n’éveillent en nous que méfiance et suspicion ? Devoir choisir « le moins mauvais » n’est certainement pas un gage de sérénité pour les relations futures entre les citoyens et leurs élus. Comment ne pas douter quand on en vient à penser que les candidats sollicitent votre vote pour défendre leurs intérêts personnels et leur plan de carrière plus que pour se mettre au service de la communauté ?
Comme si le lien était rompu et que la méfiance s’était durablement installée.
Paradoxalement, du côté des élus, cette question semble ne rien évoquer. A chaque fois que des mandataires politiques sont interpellés sur ce sujet, il leur est impossible d’accepter la moindre responsabilité dans le désamour des citoyens pour la politique, ni même de reconnaître qu’une élection n’est pas forcément un blanc seing qui leur est remis pour toute la durée de leur mandat.
Les notions de contrôle ou de transparence leur semblent bien souvent étrangères, comme si leur légitimité était indiscutable, leur probité évidente et leur moralité au-delà de tout soupçon.
L’actualité nous prouve pourtant régulièrement que rien n’est moins sûr…
Comment ne se rendent-ils pas compte qu’à nier la nécessité de rétablir cette relation de confiance entre eux et les citoyens, c’est la base même du système qui les porte qu’ils sont en train de déstabiliser ?
A force de s’enfermer dans leurs certitudes, englués dans leur culture de l’entre-soi, ils ont fini par se murer dans des discours politiciens qui ne convainquent plus grand monde. Les joutes médiatiques des ténors des partis politiques dont les envolées idéologiques n’ont d’égales que la médiocrité des résultats sur le terrain ne suffisent clairement plus à mobiliser une base militante de plus en plus faible.
Puis finalement, lorsqu’il faut bien constater au lendemain des élections, que les taux d’abstention ou de votes blancs et nuls sont importants et que les partis « protestataires » percent de plus en plus, leurs conclusions en attribuent la responsabilité qui à la mondialisation, qui à la crise financière, qui à la migration, mais jamais aux politiques eux-mêmes. Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes !
Pourtant pas grand-chose ne va bien, le monde n’a rien de meilleur et les jeux sont loin d’être faits.
Il est essentiel aujourd’hui que les politiques sortent la tête du bocal, entendent les voix qui s’élèvent et fassent en sorte que ces sujets deviennent les thèmes phares de la campagne électorale à venir, sans quoi le divorce pourrait bien être définitivement prononcé…
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