Affaire Van Eyken-Boigelot: 20 et 22 ans de réclusion, le couple arrêté
La quatrième chambre correctionnelle de la cour d’appel du Hainaut a prononcé, mardi, une peine de 20 années de réclusion criminelle contre Christian Van Eyken et 22 années contre Sylvia Boigelot, coupables d’avoir assassiné Marc Dellea, en juillet 2014 à Bruxelles.
Les prévenus avaient été condamnés à 23 ans de prison en première instance à Bruxelles, puis à 27 ans de prison en appel pour l’assassinat de Marc Dellea. L’arrêt avait été partiellement cassé par la cour de cassation. Le dossier avait donc été renvoyé à Mons pour statuer uniquement sur la peine.
La cour hennuyère présidée par Marie-Julie Deutsch a pris en compte l’ancienneté des faits, bien que le délai raisonnable n’ait pas été dépassé. Toutefois, contrairement au tribunal correctionnel et à la cour d’appel de Bruxelles, elle a réservé un sort différent aux prévenus, considérant que Sylvia Boigelot avait un certain ascendant sur Christian Van Eyken et qu’elle entretenait une animosité particulière envers la victime, avec laquelle elle était en couple, bien que le ménage battait de l’aile.
Sylvia Boigelot avait, à l’époque, une relation extra conjugale avec son patron, Christian Van Eyken, son amant depuis 2007. Marc Dellea était un obstacle à ses projets amoureux, le tuer constituait donc un mobile.
Le 8 juillet 2014, le corps sans vie de Marc Dellea était retrouvé chez lui, avenue Mutsaard à Laeken. Le négociant en café avait été tué d’une balle tirée dans la tête.
Les prévenus ont été arrêtés, car ils étaient les dernières personnes à avoir vu la victime en vie.
L’analyse des caméras de surveillance a permis de voir que Christian Van Eyken et Sylvia Boigelot s’étaient rendus dans l’appartement de la victime, où Sylvia était toujours domiciliée, le 6 juillet 2014. Ils y avaient passé toute la soirée jusqu’au retour de Marc Dellea vers 23h00.
Les prévenus étaient ressortis de l’appartement le 7 juillet 2014 vers deux heures du matin. Ces images ont démontré que personne n’était ensuite entré dans l’appartement ou sorti de celui-ci jusqu’à la découverte du corps sans vie de Marc Dellea, le lendemain.
Les amants, devenus époux, ont toujours nié toute implication dans la mort de Marc Dellea. « On ignore qui a tiré, mais il ressort de l’enquête que tous les deux se trouvaient dans l’appartement et qu’ils ont mis en scène un simulacre de vol avec effraction », a mentionné la cour dans son arrêt. Le mot « lâcheté » a aussi été exprimé, car la victime n’a pas eu le temps de se défendre, tuée d’un tir à bout portant dans la tête.
La cour d’appel du Hainaut a prononcé mardi à l’audience l’arrestation du couple, à la demande du ministère public, malgré les protestations de la défense. La cour a estimé qu’il existait un risque de soustraction à la peine, malgré la présence des deux prévenus à toutes les audiences. Sylvia Boigelot avait juré devant la cour qu’elle ne comptait pas fuir. Elle et son mari souhaitaient voir leur famille avant d’attendre leur billet d’écrou.
Leur procès avait été correctionnalisé avec la loi Pot-pourri. Partisan de la suppression de la cour d’assises, Me Laurent Kennes, avocat de Christian Van Eyken n’a pas publiquement exprimé de regrets sur la correctionnalisation de cette affaire criminelle. Toutefois, il dit avoir été dérangé « par le corporatisme de la cour d’appel de Bruxelles » lors du second procès.
Le pénaliste n’écarte pas un éventuel pourvoi en cassation ou devant la cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, comme suggéré par leurs clients. « C’est possible, nous avons des arguments à faire valoir », a-t-il commenté.
La réduction de peine de Christian Van Eyken permet à l’ancien député francophone du parlement flamand d’envisager un bracelet électronique dans un peu moins de six ans. « Il est âgé de 67 ans, mais il a l’espoir de ne pas finir sa vie en prison. »
Enfin, la famille de la victime a exprimé son soulagement de voir les anciens amants, aujourd’hui mariés, être privés de liberté.