Affaire Chovanec: une nouvelle expertise écarte l’hypothèse d’un décès lié à des tiers
Une nouvelle expertise estime, dans l' »affaire Chovanec », que le ressortissant slovaque décédé en février 2018 a perdu la vie à cause des coups qu’il s’était lui-même infligés, et non à la suite des gestes des policiers qui l’avaient maitrisé ou à ceux des secours qui lui avaient injecté un calmant. L’information est révélée samedi par RTL Info et confirmée par une source proche de l’enquête.
L’expertise collégiale et contradictoire, avec donc participation d’experts mandatés par la partie civile, conclut que le décès de Jozef Chovanec est dû à un oedème cérébral, lié selon toute vraisemblance aux coups qu’il s’est donnés en se frappant la tête contre les parois de sa cellule de l’aéroport de Charleroi.
L’homme était décédé quelques jours plus tard à l’hôpital.
En ce qui concerne l’intervention des policiers dans la cellule, dont les images vidéo avaient interpellé l’opinion publique par leur apparente violence, les experts écartent l’hypothèse d’un étouffement de Jozef Chovanec.
« Ni l’examen clinique d’admission à l’hôpital ni les constatations de l’autopsie n’ont permis de mettre en évidence des signes cliniques de manque d’oxygène. Nous n’avons pas constaté de traces traumatiques susceptibles de démontrer un manque d’oxygène », écrivent les experts, dans un extrait dévoilé par RTL. En revanche, « le décès est à mettre en rapport avec un état de mort cérébrale causé par un oedème qui peut être relié de manière tout à fait plausible aux nombreux et violents impacts de la tête de Monsieur Chovanec contre le mur du cachot ».
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L’exactitude de ces extraits est confirmée par une source proche de l’enquête.
Contactée samedi soir, l’avocate des trois policiers qui ont immobilisé Jozef Chovanec en cellule indique que ces conclusions sont un élément important pour la suite de l’affaire. « Rien ne démontre à ce stade que l’intervention de mes clients a un lien avec le décès », souligne Hayat Karim.
Extrêmement préoccupant
Les avocats de la famille Chovanec ont, eux, réagi « avec une grande consternation » et « extrêmement perturbés » aux rapports de la nouvelle expertise. « Nous tenons à souligner qu’à ce jour, nous n’avons pas eu connaissance du rapport qu’ils citent. Ni un rapport préliminaire ni un rapport final n’ont été remis aux avocats de la famille ou aux experts désignés par eux. Même l’existence d’un tel rapport ne nous a jamais été signalée », fustige Ann Van de Steen. Le fait que des citations du rapport en question aient été divulguées à la presse « est extrêmement préoccupant ».
« S’il s’avère qu’un rapport a été établi sans attendre la reconstitution et à l’insu des experts désignés par la famille de la victime, il s’agit d’un incident particulièrement grave », souligne-t-elle encore. « Cela soulève de sérieuses questions sur la conception de la reconstruction et l’objectivité avec laquelle l’enquête est menée. »
Une reconstitution des faits doit en effet avoir lieu les 27 et 28 septembre. Les conclusions seront officiellement remises ensuite.
« La famille avait espéré pouvoir vivre en toute sérénité jusqu’à la reconstitution. Le fait qu’une source proche de l’enquête, une semaine avant ce moment important, diffuse délibérément de fausses informations dans les médias, est honteux et jette à nouveau le discrédit sur la justice belge », déplore Ann Van de Steen. « Nous allons immédiatement contacter le juge d’instruction pour tirer les choses au clair et attendons une clarification sans ambiguïté. L’intention ne peut pas être qu’une reconstitution soit organisée à des fins de simple spectacle. »