Abattage sans étourdissement : « Une crise sans précédent »
Les accords conclus ou qui semblent se dessiner aux parlements flamand et wallon en vue d’une interdiction totale de l’abattage sans étourdissement pour 2019 s’apparentent pour la communauté juive de Belgique à « une crise sans précédent, la plus grave même depuis la Seconde Guerre mondiale ».
C’est en tout cas l’avis émis par Philippe Markiewicz, le président du Consistoire central israélite, dans un entretien publié par La Libre Belgique jeudi, auquel a aussi participé le Grand Rabbin de Bruxelles Albert Guigui. Le quotidien souligne d’ailleurs qu’en filigrane de l’entretien est apparu un « rappel dérangeant »: le fait que lorsqu’il a lancé les mesures anti-juives, l’occupant nazi a d’abord interdit l’abattage rituel.
Des propos du ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA) ont particulièrement choqué Philippe Markiewicz. « Lorsque Geert Bourgeois en a parlé, il a fait un rapprochement avec la politique et le parcours d’intégration des immigrés. Les Juifs, des immigrés récents en Belgique? Mais le Consistoire a été créé sous Napoléon voici près de 210 ans », s’indigne-t-il. Un autre élément qui dérange les deux hommes: la qualification de l’acte d’abattage rituel de « barbarie », notamment par Josy Arens du cdH. Selon eux, le rite religieux juif est au contraire « très performant » pour réduire « autant que faire se peut la souffrance animale ».
« Du côté flamand, la communauté juive a été entendue mais au Parlement wallon, on nous a déjà dit qu’avant la décision finale, on ne consulterait que la fédération des producteurs de viande et le conseil wallon du bien-être animal dans lequel siège… Gaïa, dont on semble vouloir suivre aveuglément la ligne de conduite », déplorent finalement les interlocuteurs, qui jugent également « absurde » la possibilité qui serait malgré tout laissée d’importer depuis l’étranger des animaux abattus rituellement.